(Critique) Bayala, la magie des dragons de Federico Milella & Mina Järvine

Ces dernières années, les studios d’animation se sont grandement inspirés des collections de jouets pour construire leurs scénarios (on pense notamment à la saga Lego de Warner Animation ou de l’échec total des studios On Animation et leur Playmobil fort anecdotique). Portés par une même dynamique, Ulysses FilmProduktion décident de nous emmener, quant à eux, dans l’univers féérique de Bayala, aux côtés d’elfes et d’êtres merveilleux. Studios derrière les films Léo et les extra-terrestres ou Oups ! J’ai raté l’arche…, ils proposent en ce début d’année 2020 une aventure mouvementée et parfaitement calibrée pour un jeune public.

Synopsis : Quand la jeune Marween découvre un œuf de dragon, les elfes du royaume de Bayala lui révèlent qu’à sa naissance, le bébé dragon doit voir ses parents pour ne pas perdre sa magie. La princesse Surah et ses compagnons, vont les accompagner dans un voyage périlleux, pour retrouver les derniers dragons. Mais Ophira, la Reine des Elfes des Ombres, veut aussi s’emparer de la magie des dragons et menace leur voyage et l’avenir de Bayala.

(c) Ulysses FilmProduktion

Présenté comme un film d’héroïc-fantasy pour enfants (à l’heure où ce genre narratif redevient à la mode avec des séries comme Game of Thrones ou The Witcher), le nouveau long-métrage des studios Ulysses FilmProduktion entreprend de conter les aventures d’elfes protégeant des œufs de dragons dans une parfaite harmonie, cette dernière étant forcément menacée par un être tyrannique. Passée une introduction posant les tenants et aboutissants de l’univers de Bayala, l’action ne se fait pas attendre et amorce les aventures à venir avec une scène d’évasion menée tambour battant aux côtés des principaux personnages du film. Une manière d’annoncer d’entrée de jeu que le film ne lésinera jamais sur le rythme et avancera à toute vitesse vers ses prochaines séquences (un peu plus de 75 minutes au compteur). L’ennui est aux abonnés absents dans cette histoire de pouvoirs magiques et de royaumes dissidents bien que les dangers soient parfois trop similaires pour pouvoir maintenir en haleine tous les publics.

On pense parfois aux long-métrages de La Fée Clochette des studios DisneyToon, qui sont désormais fermés, tant les relations entre les personnages sont bienveillantes et amicales, à l’exception évidemment de l’antagoniste qui ne sort jamais vraiment des clichés habituels. Mélange de Maléfique et de « reine du lycée » aux répliques cinglantes, cette elfe noire aurait mérité un traitement plus ambivalent pour satisfaire un public plus âgé, d’autant plus que ses différentes menaces prennent trop souvent l’apparence d’une nuée de corbeaux quelque peu anecdotique. Qu’il est loin le temps où les films animés nous proposaient des méchants terrifiants mais cela vaut pour toutes les productions animées actuelles, Bayala ne faisant pas exception. Ce constat est d’autant plus flagrant que le combat final entre les héros et ce personnage manque d’ampleur pour parachever à merveille cet itinéraire féérique.

(c) Ulysses FilmProduktion

De ce fait, si le long-métrage allemand ne restera pas dans les annales pour son récit très conventionnel (qu’il s’agisse des motivations de l’elfe noire, de la quête de soi au cœur du récit – entre ombre et lumière – ou bien des nombreux animaux mignons qui accompagnent les protagonistes), il a pourtant à cœur de proposer une aventure dynamique qui fera réfléchir les plus jeunes aux causes écologiques. D’ailleurs, les décors sont les éléments les plus satisfaisants sur le plan graphique. Foisonnants et réalistes, les paysages naturels contrastent avec la modélisation un peu lisse des protagonistes. Clairement, Bayala semble vouloir remplir le cahier des charges d’un film pour enfants sans toujours innover en la matière, à l’image des chansons pop incluses dans le film qui manquent cruellement de maîtrise.

Pourtant, qu’importent ces défauts de production, le long-métrage de Federico Milella & Aina Järvine est divertissant et c’est bien l’essentiel ! Les jeunes enfants y trouveront sûrement leur compte tandis que les plus grands décèleront quelques sous-textes intéressants (consciemment construits par les scénaristes ou non d’ailleurs). Après tout, ce sont les castes les moins « élevées » de la monarchie elfique qui parviennent à sauver les œufs de dragons (Marween, l’elfe vivant dans la forêt, protège le jeune dragon au coeur de l’intrigue tout au long de l’aventure) et c’est en collaborant avec enthousiasme que toutes les tribus elfiques s’en sortent face à l’antagoniste.

(c) Ulysses FilmProduktion

Finalement, Bayala, la magie des dragons est un divertissement honorable qui remet l’héroïc-fantasy au goût du jour dans l’univers des films pour enfants alors que la prochaine production des studios Pixar Animation s’y mettra aussi dans un petit mois. Même si l’ensemble est très perfectible, son premier objectif est rempli : faire rêver les plus jeunes grâce à une palette de personnages féériques (dans les deux sens du terme!)

Critique rédigée par Nathan

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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