(Critique) Yakari, la grande aventure de Xavier Giacometti

Durant cet été si particulier, la compétition fait rage entre les nombreuses propositions animées sur lesquelles nous pouvons toutefois compter pour rameuter des spectateurs dans les salles. Après quelques œuvres propices aux divertissements familiaux en juillet, voici venir une adaptation attendue et fidèle de la bande dessinée Yakari (de Derib et Job), réservée aux plus jeunes. Aventure à hauteur d’enfant, l’excursion du jeune sioux dans les salles obscures ne restera malheureusement pas dans les annales de l’animation. Privilégiant une structure narrative balisée faite de rencontres multiples, le périple originel du jeune amérindien demeure un divertissement graphiquement soigné qui convaincra surtout les plus jeunes des spectateurs au risque d’ennuyer leurs accompagnateurs. 

Résumé : Alors que la migration de sa tribu est imminente, Yakari le petit Sioux part vers l’inconnu pour suivre la piste de Petit-Tonnerre, un mustang réputé indomptable. En chemin, Yakari fera la rencontre magique de Grand-Aigle, son animal totem, de qui il recevra une superbe plume… et un don incroyable : pouvoir parler aux animaux. Seul pour la première fois, sa quête va l’entraîner à travers les plaines, jusqu’au territoire des terribles chasseurs à peaux de puma… Mais comment retrouver la trace du tipi ? Au bout du voyage, le souffle de l’aventure scellera pour toujours l’amitié entre le plus brave des papooses et le mustang plus rapide que le vent.

(c) Dargaud Media

Dans la droite lignée de la série animée (Xavier Giacometti, réalisateur de ce long-métrage officiait déjà sur la série télévisée), les premiers pas de Yakari sur grand écran, mais également dans ses aventures puisque le film entreprend de raconter une fois encore les origines de son don, sont charmants. Plus intéressant dans sa représentation de la vie des amérindiens que dans son récit ô combien prévisible et anecdotique, le film est une semi-déception. Même si les péripéties du scénario sont forcément à hauteur d’enfant (on ne craint jamais pour la survie des personnages), le long-métrage ne parvient pas à densifier son propos pour plaire à un public plus large que les jeunes spectateurs : le message d’amitié et de respect de la faune est essentiel mais il manque de profondeur. Les rencontres successives avec des animaux mignons peuplant la matière littéraire d’origine sont caustiques (et les lecteurs d’hier s’amuseront sûrement de leurs apparitions) mais elles reposent avant tout sur un comique de gestes (les chutes sont nombreuses). Difficile alors de faire sourire tous les spectateurs alors que les dernières productions sorties en salles ont pu prouver que l’on peut s’adresser à tous les publics sans en privilégier un seul. 

Point de double-lecture ici-bas mais une aventure aux scènes variées qui surprendra les moins initiés. Des plaines verdoyantes jusqu’aux grottes glacées, Yakari, la grande aventure peut compter sur la diversité de son périple et de ses décors pour éviter une quelconque dimension rébarbative. D’ailleurs, l’équipe créative a semble-t-il été plus inspirée sur le plan graphique car les décors sont magnifiques. Si l’animation des personnages, du moins humains, est malheureusement moins efficace car leurs mouvements manquent de réalisme, l’ensemble est une belle proposition animée. Donnant l’impression d’avoir été peints, les décors magnifient une mise en scène trop souvent utilitaire. On pense alors à la lune entourant l’habitat d’une famille de castors grâce aux reflets aquatiques ou des plans d’ensemble célébrant la beauté des terres vierges de l’Amérique encore sauvage. On apprécie également les rencontres avec le grand aigle au cours desquelles l’onirisme permet au film de prendre son envol (sans mauvais jeu de mots) et de dépasser son simple statut de divertissement pour enfants. 

(c) Dargaud Media

Concrètement, pour parvenir à apprécier le long-métrage à sa juste valeur, il faut bien comprendre qu’il s’adresse à un public cible. A l’image de la tornade, adaptée d’un tome de la série littéraire, qui se révèle peu effrayante à l’écran parce qu’elle tourne court assez rapidement, les menaces n’en sont jamais vraiment dans le parcours du jeune amérindien ce qui génère irrémédiablement un doux ennui chez les plus grands spectateurs. Et ce ne sont pas les membres d’une tribu ennemie aux réflexions abrutissantes qui permettront à d’autres spectateurs d’entrer pleinement dans cette aventure gentillette.

Au final, Yakari, la grande aventure est une œuvre plutôt inoffensive qui se destine avant tout aux plus petits. Paré d’une esthétique aussi charmante que perfectible, le long-métrage de Xavier Giacometti trouvera assurément son (jeune) public sans forcément réussir à convaincre les autres à cause d’un propos humaniste un brin simpliste.

Critique rédigée par Nathan

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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