(Critique) La Bataille géante de boules de neige 2 de Benoit Godbout & François Brisson

Trois ans après leur première aventure, les enfants canadiens sont de retour pour une nouvelle aventure enneigée. Aux batailles de boules de neige succèdent les courses de luges endiablées. Ni plus ni moins qu’une réinvention du premier long-métrage, ce second opus plaira surtout aux plus jeunes des spectateurs qui aimeront à coup sûr suivre ces relations quotidiennes entre des enfants enjoués. Un divertissement honorable qui s’adresse à un public cible, ni plus ni moins.

Synopsis : Pour François Les Lunettes, gagner la course de luge est devenu une habitude. Vainqueur depuis cinq ans, François et sa pilote Sophie doivent cependant laisser la coupe à leur adversaire, un petit arrogant nouvellement arrivé au village, le mystérieux et ténébreux Zac. Mais ce dernier n’a aucun scrupule à tricher. François et sa bande qui veulent leur revanche à la loyale cette fois-ci, vont alors lui réserver quelques surprises.

(c) Carpe Diem Film&TV

Comme son aîné, La Bataille géante de boules de neige 2 : l’incroyable course de luge (quel titre à rallonge! alors que le titre VO est simplement Racetime) se focalise sur le quotidien d’une bande d’amis qui semblent vivre en dehors de tout espace temps. Les allusions faites au sujet des parents sont rares et l’école semble absente de cet univers fantasmé : le long-métrage de Benoit Godbout offre une parenthèse enchantée à des personnages délurés. Ce constat passé (l’irréalisme général de ce que l’on voit à l’écran), nous sommes fin prêts à suivre les aventures sans limites de ces enfants stéréotypés.

Véritable ode à l’amitié en toutes circonstances, ce nouveau long-métrage québecois ne dispose malheureusement pas d’un scénario surprenant. Les scènes d’actions se suivent et se ressemblent aux côtés de luges bricolées tandis que les rancoeurs et les trahisons entre amis s’enchaînent pour construire la trame narrative. Bien que les enfants apprécieront cette simplicité narrative, on sait, grâce à d’autres studios, que la double-lecture au cœur du cinéma d’animation permet de combler tous les publics (les enfants, les parents qui les accompagnent et les fondus d’animation). Ici, point de lecture implicite : s’il est bien question d’intégration au sein d’un groupe, le propos filmique manque d’ambition pour réellement intriguer les plus grands. Du coup, la question de la légitimité de ce second film se pose puisque le propos qu’il tient répète tout ce qui a déjà été dit dans la bataille de boules de neige précédente.

(c) Carpe Diem Film&TV

Heureusement, si le film ne convainc pas vraiment sur le plan narratif, il peut compter sur les émotions pour nous emporter (un peu). Même si tout ce que l’on voit reste à portée d’enfants, la relation touchante entre le costaude de la bande et Charlie, la sœur de l’antagoniste de service, est pleine de tendresse. La Bataille géante de boules de neige 2 a un capital sympathie énorme qui lui permet d’être excusé : qu’il s’agisse des relations entre les personnages ou ces enfants emmitouflés dans des doudounes trop grandes dont on ne voit que les yeux, le long-métrage comporte son lot d’idées intéressantes. On peut également sourire des rares références cinématographiques émaillant le récit, à l’image de François caressant son chien avant de dévoiler son plan pour gagner la course. Mais l’équipe créative retombe souvent dans les travers du film pour enfants : des séquences musicales quelque peu accessoires jusqu’aux obscures motivations du « méchant » (et son retournement de veste final bien-pensant), le scénario ressasse tous les poncifs du genre sans les auréoler d’une subtile forme d’originalité.

Enfin, le film peut compter sur une mise en scène soignée : les éclairages sont vraiment plus éloquents qu’auparavant et la caméra semble souvent « voler » au milieu des personnages et les situations. La réalisation aérienne s’accorde évidemment à merveille aux envolées physiques des personnages sur leurs luges. Cela compense quelque peu l’absence de variété des décors désespérément blancs (mais pouvait-il en être autrement vu le contenu du film?) qui ne différent jamais de ceux déjà découverts au cours du premier film et la modélisation approximative des personnages. Ni vraiment palpitant, ni vraiment beau, ce second opus peine à s’imposer dans le paysage animé.

(c) Carpe Diem Film&TV

Au final, La Bataille géante de boules de neige 2 : l’incroyable course de luge n’est pas un mauvais film en soi mais il pose la question même de son existence : faut-il nécessairement donner suite à un film pour en devenir une redite ? Est-il nécessaire d’être original pour plaire aux jeunes spectateurs ? La réponse est non mais la société de production Carpediem Film & TV pourrait faire preuve d’une plus grande ambition pour rallier tous les publics devant les écrans. En fin de compte, il est à conseiller à tous ceux qui auraient apprécié le premier opus et qui voudraient passer une heure et vingt minutes de détente en ces temps de disette animée !

Critique rédigée par Nathan

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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