Très cher journal, j’ai survécu au jour 2.
Et crois moi, ce ne fut pas une mince affaire, oh que non. Dès potron-minet, mon calvaire repris, alors que j’espérais innocemment avoir un semblant de repos pour apaiser à la fois mon corps, mais aussi mon esprit encore entamé par les épreuves de la veille.
Mais non, la vie d’un festivalier aux ordres de Focus on Animation est digne des pires tortures venant d’un autre âge. Ainsi, c’est au son des poings que l’on abat puissamment sur la lourde porte de ma cellule que je m’extirpais des si doux bras de Morphée. Alors que je m’extirpais difficilement de la couverture en toile de jute qui habillait ma paillasse, je découvrais Anthony, qui m’attendait avec le nouveau planning de la journée.
Des mots échangés rapidement, je me mettais donc en route vers ma première activité de la journée, à savoir une conférence sur les Outils Collaboratifs et les Méthodes Agiles. Le chef de FoA m’étonnait quelque peu. Sous son air constamment absent, il avait tout de même écouté quelques fois et avait retenu que, venant du monde informatique, le sujet m’intéressait. C’est donc tout naturellement qu’il m’avait assigné à la tâche.
Le corps endoloris, je me réjouissais tout de même de pouvoir comparer les utilisations de ces thématiques entre mon véritable métier et celui qui me passionnait. Mais force est de constater que, si il y a une entité divine sur cette Terre, elle avait bien décidé de se foutre de moi. En effet, aussi intéressantes qu’étaient les interventions de personnes venant de sociétés comme Laika, les Films du Poisson Rouge ou encore les Fées Spéciales, et bien malheureusement celles-ci étaient globalement hors sujet, à part peut-être sur les Outils Collaboratifs. Une bien belle déception qui me rendait légèrement bougon pour le début d’après-midi.
Alors que je retrouvais mes compagnons d’infortunes qui sortaient pour la plupart d’une présentation punitive du prochain film des studios Pixar et du court-métrage qui va l’accompagner dans une foule digne de celle que l’on peut voir essayer de monter dans une arche chinoise avant la fin du monde, Anthony eut un éclair de bonté qui surpris tout le monde.
Posant ses mains rugueuses du sud sur mes épaules frêles de condamné, il me fit l’honneur de m’autoriser à l’accompagner à la présentation du logiciel Renderman des studios Pixar. J’ai tout de suite pensé qu’il faisait ça pour me préserver, la semaine commençant à peine.
Pourquoi un honneur, vous demanderez-vous ? Et bien, il faut que vous appreniez sur le Cerbère des portes du plus grand site d’animation au monde. Pendant que ses grouillots s’usait la santé sur des tâches que vous ne donneriez même pas à votre ennemi le plus cher, Môssieur se la coulait douce dans des événements où il est accueilli comme le plus grand des Pachas. Ainsi, c’est avec trompettes, jongleurs et autre chants grégoriens que nous fûmes accueilli à la salle Pierre Lami, où nous attendaient deux sièges en cuir matelassés et bouteilles de champagne. Après la prière chantée pour Anthony, nous pûmes découvrir l’excellente présentation par Dylan Sisson, qui nous présenta les changements du logiciel Renderman, des exemples, le court-métrage Lava ou encore des images du futur film Le Monde de Dory.
Une vraie bouffée de fraîcheur sur cette journée pourtant si mal partie. Légèrement reboosté, croyant de nouveau à la vie, je regardais donc ce qui m’attendait pour la suite. C’est alors que mon sang se glaça, que la sueur perla doucement le long de ma colonne vertébrale et que je vis passer devant mes yeux ma courte vie (se résumant à globalement des films Barbie, des loutres et Nicolas qui dort devant Khumba)… Après le luxe du cuir fauteuillesque, c’était la foule, que dis-je, la plèbe qui m’attendait lors d’une séance événement présentant Frozen Fever ainsi que Zootopia.
Me frayant un chemin au travers des damnés à l’oeil plus terne et le poil plus morne que les miens, manipulant la hachette pour éviter de me faire contaminer, je dus patienter de longues heur… minutes que les gardiens du Temple de Bonlieu veuille bien laisser entrer la foule. Un moment éprouvant, rendu encore plus difficile par le rire guttural d’Anthony, qui avait bien entendu tout préparé. Je me doutais bien que sa récente gentillesse était aussi louche qu’un dernier Kinder Bueno dans un distributeur.
Heureusement pour moi, je trouvais réconfort auprès de Coralie et Muriel, qui m’avait gardé une place auprès d’elles. Nous avons donc pu découvrir les deux productions des Walt Disney Animations Studios, en la présence de différents producteurs et réalisateurs, avec notamment un Rich Moore et un Byron Howard en grande forme pour Zootopia.
Globalement fun et surtout très instructives, les deux présentations (même si je ne porte pas La Reine des Neiges dans mon coeur) étaient riches en informations et pour Zootopia créateur d’une impatience comme j’en ai rarement ressenti pour un film d’animation Disney. Vous pourrez en apprendre plus dans le Webzine produit pour le festival, mais vous verrez, vous en aurez pour vos gouttes dans les yeux !
Après cette épreuve, mon tortionnaire jugea bon de persister dans la thématique en m’ordonnant de faire la table ronde des réalisateurs de Zootopia. C’est donc après un rapide passage dans les commodités de l’espace presse du festival pour tenter de cacher les ecchymoses de mon corps meurtri que je me dirigeais vers la plage de l’Imperial Palace, où se déroulerait l’interview mais aussi le barbecue Disney/Pixar où je pourrais servir mon Maître pendant qu’il se pavanerait auprès des grands de ce monde.
L’interview se déroula sans accroc et fut aussi intéressante que la présentation du film un peu plus tôt dans la journée. Rich Moore et Byron Howard étaient comme deux enfants à parler de leur bébé et il était aisé de partager leur enthousiasme lors des réponses aux questions de Matthieu de Cinécoulisses, Alexandre de Cloneweb et d’un dernier membre dont j’ai malheureusement oublié le prénom. Au final, ce fut 20 minutes d’un échange bon enfant, que je me ferais un plaisir de vous partager en temps voulu (à comprendre : après de nombreux coups de fouet de vous savez qui).
Après l’effort, le réconfort, comme on dit. Enfin pour les gens qui disposent d’un semblant de liberté, ce qui n’est malheureusement pas notre cas ici. Alors que Nicolas était assigné à la dure tâche de masser les pieds du chef, Coralie s’occupait du ravitaillement, Muriel des chants d’ambiance et moi… et bien moi, je devais alimenter d’air frais le nabab au moyen d’une grande feuille de cocotier, bavant devant les mets qui étaient malheureusement hors de notre portée.
Par chance, le calife eut rapidement fait pitance et sombra sans aucune honte dans un sommeil aussi profond que sonore. Et comme on dit, quand la raclure dort, les grouillots dansent. Nous avions donc loisir de profiter de la fête autant que nous le pouvions, avant de rentrer manu militari à la cellule festivalière. Pas grave, nous avons eu le temps de papoter avec des gens très sympathiques, ce qui est le plus important.
Ainsi se termine la deuxième journée du festival. Le moral, étonnamment, reste bon et il le faut ! Car la journée de mercredi ne sera clairement pas de tout repos…
Bref, bonne journée à vous et à bientôt, je l’espère.
Bisous d’amour.
