[Critique cinéma] Sausage Party.

Après une production des plus compliquées, une flopée de polémiques à en faire pâlir plus d’un et un calendrier de sortie française à la limite du stroboscopique, Sausage Party a finalement débarqué dans nos salles. Mais alors, que vaut ce film d’animation pour adulte, réalisé par Conrad Vernon et Greg Tiernan ?

Si vous avez un peu suivi nos articles sur Focus on Animation, vous n’êtes pas sans savoir qu’on retrouve notamment Seth Rogen et Evan Goldberg derrière ce film, deux potes d’enfance de l’écurie Apatow, aux nombreuses collaborations dans le domaine de l’humour. Limite représentants de la nouvelle vague comique américaine, je dois bien avouer que leurs films sont pour moi dans le haut du panier et que l’excitation de découvrir leur premier travail sur un film d’animation pour adultes était bien palpable.

Sauf que. J’aurais vraiment voulu aimer ce film, vraiment. Un concept original, bien qu’il ne s’éloigne pas tant que ça de Toy Story par exemple, la promesse de blagues sans trop de limites et une aventure qui s’annonçait des plus barrées… Tout semblait présent pour que je le place dans mon top de l’année. Mais il n’en fut rien, et ce pour plusieurs raisons.

La première est la même que je reproche de plus en plus aux films comiques américains, qui pour moi ne savent plus vraiment innover ni surtout quoi faire pour contenter leur public. On tombe donc dans une certaine gratuité, une surenchère comique, sans réelle base derrière et le scénario de Sausage Party par Rogen et Goldberg en est un parfait exemple. Ils vont toujours plus loin, toujours plus fort, si bien que ça en devient rapidement douteux et… juste trop. Blagues trop longues, blagues réutilisées, clichés peu judicieux, le film, interdit au moins de douze ans en France, a peiné à me faire rire, malgré quelques bonnes trouvailles.

La deuxième raison pour laquelle je n’ai pas adhéré au film, c’est son histoire, aussi gratuite que son humour. Juste avant, je vous parlais du “trop”. En fait, pour vous résumer mon appréciation du film, je vous dirais que Sausage Party est un gros délire des scénaristes qu’ils ont surement pondu un soir où leur consommation de produits avait dû être efficace. Loin de moi l’idée de juger de ça d’ailleurs, vu certains résultats comme Asphalt Watches qui m’ont clairement fait délirer, mais là ça ressemble plus à un enchaînement de vannes et de délires gras sur lequel on aurait tenté de rafistoler une histoire globale tenant sur un post-it.

Sans parler d’ailleurs du saupoudrage d’idées politiques, pourtant intéressantes, histoire de dire qu’on essaie quand même de nous faire réfléchir, notamment sur la relation entre un bagel et une galette pour parler du conflit israélo-palestinien, ou même du thème de l’homosexualité. L’idée et le principe sont bons, par contre leur placement dans le film, beaucoup moins. Et de toute façon, quand on voit la scène presque finale bien trop longue qui, après le fun et l’absurdité qu’elle procure, éteint tout espoir de profondeur, on sent bien que ce n’était placé là que comme prétexte.

Oui, je dois bien l’avouer, je suis sévère avec le film, car j’en attendais clairement autre chose. J’attendais une avalanche d’humour douteux, mais avec tout de même cette touche d’intelligence qui caractérise les films de Rogen et Goldberg. Et pas seulement du cul et du gras en mode open bar.

Et pourtant, dans un sens ce film me rend tout de même un peu content. Oui, c’est un film plus que moyen, mais il a au moins le mérite d’avoir pu soulever une couverture médiatique intéressante pour montrer une face bien de trop cachée de ce médium : l’animation pour adulte. Les bigots coincés du bénitier hurlent au scandale et veulent faire interdire le film ? Bien, au moins ça va en faire parler un peu partout et peut-être que les gens réaliseront que l’animation, ce n’est pas qu’un rat qui court après un gland ou des patates jaunes qui font n’importe quoi.

Alors, au risque de surprendre, oui je conseille tout de même d’aller voir Sausage Party, tout comme je vous conseillerais d’aller voir n’importe quel film d’animation pour adulte, car c’est important, pour qu’on ait une couverture toujours plus grande. Et ce, même si c’est pas mal moche, pas super bien rythmé et qu’on ne rigole pas si souvent que ça. Ah… Vous n’êtes pas obligé d’y emmener vos ados de 12 ans non plus, personnellement, je lui aurais collé un moins de 16.