(Annecy 2020) Jungle Beat : le film de Brent Dawes

Adaptation cinématographique d’une série télévisée, Jungle Beat : the movie avait de quoi inquiéter sur le papier (et le matériel promotionnel allait en ce sens avec ses couleurs flashys). La série ne brillait ni par son animation sommaire ni grâce à ses scénarios très enfantins. Commençant comme une mauvaise blague (des animaux se mettent à « parler » grâce à l’appareil technologique d’un extra-terrestre violet), le long-métrage de Brent Dawes prend finalement le chemin d’une aventure plaisante de science-fiction pour enfants. Sans grande ambition toutefois, le film plaira assurément à un jeune public même si on leur conseillera plutôt de revoir En route des studios DreamWorks Animation qui en a toutes les qualités, sans les défauts… 

Résumé : D’après la série à succès, « Jungle Beat: The Movie » raconte, à l’attention d’un public familial, une histoire charmante qui prend des proportions épiques. Un extraterrestre du nom de Fneep arrive dans la jungle et confère aux animaux la faculté de parler. Il est supposé s’atteler à conquérir la planète, mais tandis que Munki et Trunk, son ami l’éléphant, l’aident à retourner au vaisseau dans lequel il s’est crashé, Fneep découvre que la plus grande force dans l’univers, c’est l’amitié.

(c) Sandcastle Studio

Il faut parvenir à surmonter la première demi-heure du film pour entrevoir les rares qualités du film. Si vous y parvenez, cela veut dire que vous aurez accepté la palette de personnages faussement délurés tout comme vous aurez finalement compris que l’extra-terrestre violet apparaissant dès la scène d’introduction est l’un des éléments forts du scénario alors qu’il semblait constituer son plus grand défaut. En embrassant pleinement son propos SF quelque peu parodique, la production mauricienne devient plus aventureuse et moins bête que prévue. Rien d’incroyable alors mais le récit se suit sans déplaisir même si l’on ne cesse d’y retrouver les mêmes ressorts narratifs que la production américaine à laquelle nous avons fait référence en introduction. Seule exception : l’extra-terrestre du film de Brent Dawes est en contact avec des animaux et non des humains. 

Sur le plan graphique, même si Jungle Beat ne réinvente rien (le character design n’est pas le plus ambitieux qui soit) l’animation 3D est plutôt soignée (du moins lorsque le propos filmique se recentre sur l’aventure stellaire). A quelques textures près, l’apparat esthétique du film est une belle réussite. Jungles et espaces désertiques composent le décorum de la première partie du film. L’équipe de Sandcastle Studios en a clairement sous le pied. Difficile également de cerner des enjeux intéressants dans le premier temps du film car nous sommes plutôt dans la succession de scènes vaguement comiques qui s’enchaînent autour d’une bande de personnages hystériques. On passera également sous silence quelques scènes catastrophiques à l’humour infantile (oui, on parle bien de la scène avec les gnous) en privilégiant celles qui sont plus réussies et qui donnent de la matière au seul personnage véritablement développé dans le film : l’extra-terrestre. 

Ainsi, le scénario devient plus intéressant lorsqu’il développe enfin l’attachement à ses personnages et leurs sentiments (dans la famille d’extra-terrestres mais également dans la famille d’autruches notamment). Rien de philosophique ici-bas mais des personnages qui prennent enfin un peu d’épaisseur pour conclure un récit aux enjeux bien faibles… Aventure très décomplexée qui part dans tous les sens sans la folie organisée des As de la jungle notamment, Jungle Beat n’a pas grand chose à raconter et laisse ses personnages vivoter, à l’image du hérisson qui se lance pendant un un temps certain dans une aventure solitaire à la Scrat. C’est léger, mais c’est déjà plus travaillé que les blagues douteuses des autres personnages.

En somme, Jungle Beat : the movie n’est pas un mauvais film en soi mais il reste trop inoffensif pour marquer les esprits, d’autant plus qu’il réinvestit des lignes narratives et des designs de productions ayant précédé. Reste alors une aventure joliment animée (à condition d’aimer les couleurs vives) qui fera le job auprès de spectateurs peu exigeants. Nous avons déjà vu bien pire mais est-ce une raison suffisante pour lui laisser sa chance ? 

Critique rédigée par Nathan

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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