(Critique) 100% loup d’Alexs Stadermann

Le titre du film ne laisse que peu de suspense quant a la thématique principale abordée par le film : l’imaginaire merveilleux des loups. En mêlant dynastie, métamorphoses et vilains en tous genres avec un soupçon d’humour, le film d’Alexs Stadermann est une aventure décomplexée pour toute la famille, adaptée d’un livre pour enfants (100% Wolf écrit par Jayne Lyons). Sans prétendre être autre chose qu’un divertissement calibré, le long-métrage sort a point nommé pour Halloween, grâce au distributeur Alba Films, pour faire vibrer les plus jeunes sans les effrayer ! Cerise sur le gâteau : le long-métrage devrait plaire à toute la famille. 

Résumé : Freddy Lupin et sa famille cachent depuis des siècles un grand secret. Le jour, ils sont des humains ordinaires. Mais dès la tombée de la nuit, ils deviennent des loups-garous ! Le jour de son quatorzième anniversaire, Freddy s’attend à se transformer en loup-garou pour la première fois. Mais le soir de son initiation rien ne se déroule comme prévu et le voilà qui devient … un mignon petit caniche rose au caractère bien trempé. Sacrilège pour sa famille ! Freddy n’a plus désormais qu’un objectif : démontrer qu’il est bel et bien 100% Loup !

(c) Studio100

Sous ses allures de film lambda (après tout, Studio 100 est à la barre de films et séries sympathiques à l’image de Vic le viking ou les aventures de Maya l’Abeille en 3D) comme on en voit des dizaines par an, 100% loup en a sous le capot. Autour d’un schéma narratif un brin conventionnel (un jeune garçon se perd après un rite d’initiation raté, avant de comprendre que ce qu’il pensait être son défaut se révèle être sa force), la mise en scène prend son envol et déroule tambour battant une aventure effrénée. Aux nombreuses thématiques fortes (le poids de l’héritage, la faiblesse évocatrice des apparences ou même l’implacable cruauté des laboratoires animaliers) s’ajoute un humour bien senti qui saura faire sourire toute la famille. L’intrigue brasse d’innombrables fils secondaires pour porter un regard critique sur notre société, à l’image des enfants de l’antagoniste principal, qui ne peuvent se détacher de leurs écrans. 

Dense, le film l’est aussi via ses antagonistes. Grâce à ces trois ennemis (l’oncle du héros, la chef du laboratoire mais également le glacier), la quête de Freddy ne lésine jamais sur l’action et les péripéties diverses. Évidemment, la résolution est attendue et la situation finale n’en surprendra pas beaucoup mais le scénario a le mérite d’éviter avec intelligence l’éternelle combat des forces du bien contre le mal tant les forces en présence sont nombreuses et diversifiées. Cependant, on ne peut s’empêcher de percevoir les parentés du film avec une production Disney. Sorte de La Belle et le Clochardinversée (Teddy est l’être aisé rencontrant une chienne des rues), 100% loup convoque tous les poncifs du genre : exclusion du groupe d’origine, rencontres urbaines, poursuite par la fourrière et tant d’autres encore. Traumatisée par un abandon prématuré, la jeune Batty s’inscrit également dans la longue lignée des animaux délaissés par les humains. Cruelle vérité vécue par certains êtres domestiqués, elle n’en demeure pas moins attendue au cœur d’une œuvre ayant pour protagonistes des animaux. 

(c) Studio100

On peut également compter sur une animation relativement soignée (si l’on omet la modélisation approximative des êtres humains) pour nous complaire dans le divertissement proposé. Même si le budget modeste se ressent dans le manque de diversité des décors et l’absence pesante de vie dans la ville, théâtre des intrigues, c’est un film graphiquement honorable d’autant plus que la réalisation n’hésite pas à emprunter des voies plus cartoonesques lorsque le scénario le requiert. La métamorphose de Freddy en caniche est un sommet de contorsion graphique. Enfin, les quelques références au cinéma horrifique finissent de convaincre les plus grands des spectateurs qui ne s’ennuieront pas. 

Finalement, 100% loup est une belle proposition animée pour célébrer les fêtes du mois d’octobre. Malgré son air de déjà-vu (l’aventure hors du contexte aisé du personnage principal), il ne manque pas de faire rire et frissonner ses spectateurs pour les combler. Les plus jeunes se pâmeront devant les aventures de Freddy et ses amis canins tandis que les plus grands se prêteront au jeu de l’action débridée. Sans perdre de vue le joli propos sur les apparences et le potentiel de chacun, la fable d’Alexs Stadermann fait mouche. 

Critique rédigée par Nathan

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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