[Critique Blu-ray Disc] Freddy Tête de Crapaud.

Chaque année, la fin d’année est propice à des sorties en vidéo de films d’animation à l’existence quasi, pour ne pas dire complètement, inconnue dans notre Hexagone. C’est ainsi que Metropolitan nous permet de découvrir en cet automne 2012, Freddy Tête de Crapaud, un long danois d’un réalisateur lui aussi inconnu, Peter Dodd (il avait officié en tant qu’animateur sur Mia & le Migou du studio français Folimage), qui, faute d’un budget que l’on imagine très restreint, ne restera pas dans les annales malgré quelques qualités charmantes.

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Film clairement voué à un public enfantin, Freddy Tête de Crapaud ne laisse pas de souvenir impérissable pour la simple et bonne raison qu’il se construit sur une intrigue aussi épaisse qu’un épisode télévisée à la différence près qu’il dure 85 minutes. Il est, par ailleurs, étonnant que le titre du film soit le surnom du « méchant », seul véritable élément perturbateur et générateur d’une once de dynamisme dans cet étalage de vide narratif. Ce choix laisse songeur, d’autant plus qu’il est peu probable que les enfants s’identifient à ce personnage sournois. Du coup, le film se restreint une heure et demie durant à retracer les calvaires quotidiens infligés par ce dénommé Freddy à une bande de jeunes, rien de bien enivrant en somme, d‘autant plus que l‘affiche du film semblait promettre une agréable plongée dans l‘univers du cirque mais force est de constater que nous sommes loin, très loin du résultat attendu. Apparaissant en toile de fond au lieu d’être un vrai rouage tragique, le cirque venu en ville pour présenter son nouveau show rivalise de laideur graphique et d’inutilité dans l’arc narratif si ce n‘est pour punir le méchant en fin de film, auquel on aurait voulu s‘attacher un minimum étant donné que le film porte son nom. Toutefois, ne blâmons pas une traduction française du titre puisqu’en version originale, le film portait d’ores et déjà ce nom, il serait donc le produit d‘une vraie volonté artistique à laquelle on ne voit aucun intérêt, mais qu’il en soit ainsi. Ajoutez à cela une bande originale sortie d’on ne sait ou mais dont on ne veut pas connaître l’origine tant elle est kitsch et vide de toute créativité.

Cependant le film n’est pas complètement raté, loin de là puisque même si l’animation est relativement rigide elle comporte de belles idées de réalisation, en témoignent les plans sur le moulin du village ou sur les roulottes composant la périphérie du chapiteau du cirque. A cela s’ajoute quelques personnages truculents à l’image d’un petit garçon, prénommé Louis, qui n’a de cesse d’être à côté de la plaque pour notre plus grand plaisir. De même, les scènes comiques sont assez agréables pour parvenir à relever le niveau d’une narration sans ambition, à l‘aide de nombreuses situations plus farfelues les unes que les autres sans pour autant aller jusqu’à dire qu’elles révolutionnent le genre. C’est ainsi que le 3D Relief prend tout son sens parce qu’elle parvient à rendre le film plus attrayant, d’où la nécessité de privilégier le Blu-ray 3D sous peine de vous ennuyer un peu plus encore devant ce film pour les plus jeunes seulement. Quoi qu’il en soit, il faut aborder ce film pour ce qu’il est et non pour ce qu’il aurait pu être : Freddy Tête de Crapaud est le récit assez fade d’un quotidien bizarrement ordinaire (alors même que les spectateurs recherchent d‘habitude de l‘extraordinaire au cinéma). Vous avez toujours rêver d’être attaqué par la langue d’un crapaud ? Ce film est fait pour vous ! Vous êtes à la recherche d’un long-métrage d’animation sur le cirque ? Passez immédiatement votre chemin et attendez plutôt la sortie en vidéo de Madagascar 3 qui, lui, rend vraiment hommage au monde du spectacle.

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Notre test porte sur l’édition Blu-ray 3D du film. Partant avec un handicap de taille, une esthétique très sommaire mais toutefois ultra colorée, le transfert vidéo proposé par l’éditeur Metropolitan Video est malgré tout honorable. Épatant la rétine grâce à de nombreuses couleurs bien retranscrites, l’ensemble manque cependant de précision, la faute à une réalisation extrêmement grossière. Quant à la 3D relief, son utilisation met encore plus en relief la pauvreté des décors même si elle propose une bonne dose de jaillissements qui sauront ravir les plus jeunes à qui le film se destine sans équivoque.[/tab]
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Sur le papier, les pistes audio étaient alléchantes puisque l’on y retrouvait deux pistes HD (version française et version originale) mais lors de la découverte du film, on ne peut que rester sur notre faim au niveau de la spécialisation des effets sonores. Pourtant, le son est extrêmement clair, distinguant au mieux les dialogues des bruitages mais il manque une véritable immersion à l’ensemble qui cantonne cette expérience haute-définition à la douce découverte alors que l’on aurait aimé pénétrer concrètement au sein de cette aventure enfantine. Sans être mauvaise, la technique sonore de ce Blu-ray 3D est donc assez décevante, et ce n’est pas l’insupportable musique qui corrigera le tir, bien au contraire…[/tab]
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Le film sortant presque dans l’indifférence la plus totale, faute à sa non-filiation à une des grands majors animées du monde, on s’attendait à une édition particulièrement maigre en bonus, ce que nous avons. Heureusement, une très courte plongée dans les coulisses du film (une dizaine de minutes à peine) évite le néant total et aborde très succinctement la création du long-métrage, voilà tout. Édition clairement orientée enfants, auxquels le film se destine sans ambiguïté, elle possède un menu agréable (en relief) et la bande-annonce du film. On repart bredouille mais en saluant la bonne initiative de l’éditeur vidéo Metropolitan de proposer à la vente l’édition 3D relief du film.[/tab]
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En conclusion, Freddy Tête de Crapaud est un film assez bancal qui fera, à coup sûr, rire et jubiler les enfants à défaut de passionner leurs parents qui risquent de bailler à maintes reprises. Cependant, le film étant proposé en relief par l’éditeur vidéo, toutes les générations s’amuseront de la pléthore de jaillissements que compte le long-métrage évinçant le manque évident d’enjeux scénaristiques digne de ce nom.

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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