[Critique Blu-ray Disc] Ronal le barbare.

Attendu depuis plusieurs mois par les aficionados de l’animation barrée, Ronal le Barbare a fait son apparition au bord du lac d’Annecy avant de rejoindre les bacs français en ce mois de Novembre et autant dire que ce long-métrage répond aux attentes, à défaut d’être un chef d’oeuvre, puisqu’il propose un véritable délire animé à l’esthétique efficace.

Ronal est l’anti-héros par excellence et, qui plus est, le sujet des moqueries de sa tribu de fiers guerriers, mais après une attaque terrible contre son village dont il est le seul à réchapper, tout repose sur ses épaules pour sauver ses comparses dans un périple semé d’embûches. Qu’on se le dise, la trame narrative déjà vue maintes fois n’est qu’un prétexte, assumé cette fois-ci, dans le projet de proposer un long-métrage décomplexé ou les allusions sexuelles sont légions, à l’image de cet hilarant séjour dans la tribu des Amazones ou les deux personnages principaux sont utilisés à des fins de reproductions.

Si les plus jeunes peuvent s’y amuser, c’est assurément aux plus grands que le film se prédestine puisqu’ils sauront relever avec délectation les nombreuses allusions qui jalonnent avec entrain les quatre vingt dix minutes du film. L’humour est d’ailleurs efficace parce qu’il est porté par une bande de personnages aussi spéciaux qu’hilarants, en témoignent le personnage elfique au comportement hyperactif ou cette guerrière qui se soumet à celui qui parvient à la battre au combat.

Bémol cependant pour l’animation en 3D très grossière qui, si elle participe à l’ambiance parodique du film, ne fais pas franchement rêver, d’autant plus que le relief n’apporte pas vraiment de plus à l’ensemble, voire même l’assombrit. D’une certaine façon, Ronal le Barbare s’apparente plus à une succession de blagues qu’à un véritable film au scénario palpitant, mais l’intrigue se suit sans déplaisir, à défaut de passionner, ce qui aurait rendu l’ensemble encore plus agréable. Mais si vous décidez de tenter cette aventure avec pour seule envie de rigoler à plein poumons, ce film est fait pour vous, exceptions faite de chansonnettes entonnées par l’ami de Ronal, un barde.

Fort heureusement, la réalisation en elle-même est rythmée et comporte quelques séquences déjà cultes tellement le mélange d’épique et d’absurde fonctionne à plein régime, dont on retient notamment une infiltration très particulière dont on ne vous dévoilera rien parce qu’il s’agit d’une des nombreuses surprises du film, mais autant vous dire que l’originalité est au rendez-vous ! Ronal le Barbare est donc un véritable bonbon acidulé qui trouver à coup sûr son public, possédant un capital sympathie indéniable et pendant que nous y sommes, n’oubliez pas de rester assis pendant le générique, le délire persiste !

Interactivité

Une édition haute-définition très agréable proposée par l’éditeur vidéo Seven 7, même s’il est évident qu’elle manque de précision. Forcément, l’animation du film étant majoritairement grossière et manquant particulièrement d’inventivité, il ne fallait pas trop en attendre de la part de l’édition vidéo qui n’aurait pas pu faire de miracle. Du coup, la haute-définition met encore plus en relief la pauvreté des décors et les traits trop accentués des personnages. Cependant, la 3D relief procure une efficace profondeur qui s’accompagne de tons chaleureux rendant Ronal le Barbare plus original que l’armada de films d’animation usant de couleurs vivaces. En somme, une image en demie-teinte pour un film à la réalisation assez paradoxale entre inventivité de mise en scène et pauvreté de l’animation.

Son

Du côté du son, Seven 7 nous propose une copie haute-définition extrêmement convaincante. Avec ses pistes HD Master Audio 5.1, le Bluray 3D est la meilleure façon de découvrir le film, jouant allègrement des effets surrounds tout en jouissant de doublages clairs et convaincants. Profitant d’une vraie empreinte musicale dans sa note d’intention (l’éloge de l’heavy métal), Ronal le Barbare a la chance d’être proposé dans un écrin dynamique, en témoigne la scène d’attaque du village au début du film, ce qui n’est pas de refus dans tout film de barbare qui se respecte ! Et quand on voit le massacre de certains choix techniques sur l’édition vidéo d’autres films d’animations, on ne peut que saluer le respect de Seven 7 pour l’oeuvre qu’ils éditent.

Bonus

Une fois encore, le Bluray 3D ne prend pas son acheteur pour un pigeon parce que vous retrouverez pas moins d’une heure de bonus (ce qui est assez rare pour un film aussi peu diffusé que celui-ci). Au programme, deux modules d’interviews des réalisateurs (la conférence de presse à Annecy d’une quinzaine de minutes ainsi qu’une interview plus classique d’une vingtaine de minutes) qui en apprennent plus sur des artistes en devenir qui prennent un malin plaisir à faire palpiter les possibilités créatives de l’animation. A cela s’ajoute le commentaire « en direct » de trois scènes du films par les deux réalisateurs puis une succession de story-boards (six séquences) dont trois comparés avec leur version finale que l’on peut voir dans le film que l’on connaît. Quoi qu’il en soit, vous en aurez pour votre argent et tout fan du film et ou d’animation qui se respecte se délectera avec plaisir de ces modules techniques !

Rajoutez à cela une petite interview du doubleur français de Ronal, Kev Adams (coqueluche comique des jeunes) ainsi que le matériel promotionnel convenu (teaser, bande-annonce, clip), vous obtenez un Bluray 3D très complet qui fait plaisir à voir et dont certains éditeurs devraient s’inspirer !

En conclusion, Ronal le Barbare est un film très atypique qui mérite d’être vu (par un public adulte, à priori) tant il ne ressemble à aucun autre malgré un probable manque de budget nous poussant à regretter une animation trop sommaire. Cependant, ce petit point noir est largement oublié lorsque l’on a le plaisir d’en apprendre plus sur la conception du film aux côtés des réalisateurs grâce à un Bluray 3D vraiment bien mené.

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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