[Critique cinéma] Epic : La bataille du royaume secret.

epic-pub

Ce nouveau cru Blue Sky (créateurs de L’Age de Glace & Rio) était attendu de pied ferme, muni d’un titre on ne peut plus ambitieux et un réalisateur compétent (déjà à la barre du sous-estimé Robots). Pourtant, si le film est visuellement parfait et que la trame narrative se tient comme il se doit, l’ensemble ne soulève guère l’enthousiasme. Pire encore, les éléments originaux peuvent se compter sur les doigts d’une seule main dans ce divertissement honorable mais dépassé.

[message]L’histoire d’une guerre insoupçonnable qui fait rage autour de nous. Lorsqu’une adolescente se retrouve plongée par magie dans cet univers caché, elle doit s’allier à un groupe improbable de personnages singuliers et pleins d’humour afin de sauver leur monde… et le nôtre.[/message]

Techniquement, le savoir-faire des studios Blue Sky est difficilement critiquable tant l’ensemble est resplendissant grâce à une animation CGI colorée et riche en détails visuels (à défaut de trouvailles visuelles), et une réalisation très dynamique, en témoigne la séquence d’attaque lors du défilé royal au début du film dans laquelle les plans virevoltent au rythme des combats. Toutefois, si le film débute sur les chapeaux de roues, il s’essouffle tout aussi rapidement dès lors que l’héroïne Mary Katherine rejoint le monde des hommes feuilles.

epic_image_01

Certains y ont vus une adaptation à l’américaine des thématiques d’Arthur et les Minimoys (ce qui n’est pas faux), mais nous y voyons surtout un manque flagrant de risques. Dépliant une somme titanesque d’éléments attendus dans une production hollywoodienne pour enfants, le film ne se construit à aucun moment une identité propre et empêche la création d’une passion autour de son univers.

Concrètement, Epic est un film d’animation qui se suit sans déplaisir (tout est parfaitement calibré pour plaire aux enfants, même les deux personnages pseudo-hilarants sont au rendez-vous grâce à un escargot et une limace) mais qui ne dépasse jamais le stade du simple divertissement à l’heure ou les studios rivalisent de trouvailles pour élargir le public des films d’animation.

De fait, on peut se poser la question du choix d’un tel titre qui pose les bases d’une attente qui n’est jamais contentée (sauf dans la séquence d’attaque citée précédemment) : Epic n’est qu’en de rares occasions épique et le final, plus brouillon qu’ambitieux, déçoit plus qu’il ne fait frissonner.

Est épique ce qui est mémorable : Epic rate donc son objectif en privilégiant les facilités plutôt que les choix inoubliables, il en va d’ailleurs de même pour la composition originale de Danny Elfman qui tourne en roue libre. Pourtant, si le film ne nous offre pas ce que l’on attendait de lui, il sait se révéler convaincant dans son traitement du temps séparant le monde des hommes et le monde miniature des insectes et fleurs.

En laissant de côté l’intrigue cousue de fil blanc de Mary Katherine au sein du monde des hommes feuilles, on découvre une belle histoire au sein d’une famille déchirée par le deuil, famille apprenant à se redécouvrir au contact du fantastique et des épreuves. Epic avait tout pour plaire : un beau visuel, des personnages un peu convenus mais efficaces et une bande originale ciselée, mais le scénario manquant de consistance et d’enjeux nouveaux par rapport aux anciennes productions, l’ensemble ronronne.


En conclusion, Epic n’est pas le film emblématique que l’on était en droit d’attendre. Passée la déception d’avoir tout sauf un film épique, reste une production aux graphismes parfaits et aux personnages charmants. Malheureusement, l’univers extrêmement manichéen de l’ensemble sera probablement générateur d’ennui pour les plus grands… Espérons que la prochaine production des studios Rio 2 nous surprendra plus, bien que ce soit une suite à un film appréciable mais loin d’être mémorable.

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

2 comments On [Critique cinéma] Epic : La bataille du royaume secret.

Laisser une réponse:

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Site Footer