[Critique cinéma] Mr. Peabody & Sherman.

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Les studios DreamWorks Animation ne cessent de faire parler d’eux, proposant tour à tour des chefs d’oeuvres d’animation et des films plus anecdotiques qui s’imprègnent d’une culture éphémère vouée à paraître has-been dans les années à venir. Si la présence de Rob Minkoff (co-réalisateur du Roi Lion tout de même!) était rassurante à la tête du long-métrage Mr. Peabody & Sherman adapté d’une série animée américaine des années 50-60, les premières bandes-annonces et images du film laissaient quelque peu pantois. Après un Turbo surprenant mais en-deçà des productions précédentes sur le plan de l’animation, les studios DreamWorks Animation relèvent-ils le niveau avec ce nouveau cru garanti 100% rires ?

Que l’on se rassure, ce nouveau long-métrage est un très bon moment de cinéma. A l’aide d’une animation numérique regorgeant d’inventivité et de couleurs (nous sommes loin de l’aspect sombre et terne de Turbo qui, si il participait à l’intention du réalisateur, manquait d’attraits), la réalisation de Mr. Peabody & Sherman est de très bonne facture même si l’aspect « cartoon » des personnages pourrait en rebuter certains : mais n’oublions pas que le film en l’état est une adaptation d’un matériau déjà existant. De plus, à l’image de leur design, les personnages sont empreints de folie douce et permettent d’enchaîner les blagues et les situations comiques à un rythme endiablé. De fait, si il y a bien une chose que l’on ne peut imputer au film, c’est son manque de rythme, tant l’ensemble défile à une allure démentielle ! En revanche, ce qui est une force pour tenir éveillé les plus petits des spectateurs (mais aussi les plus grands qui n’ont ainsi pas le temps de s’ennuyer) est aussi une vraie faiblesse car le scénario ne prend le temps de rien mettre en place, préférant les nombreux voyages temporels à une stabilité narrative. En découle un dernier tiers plein d’euphorie mais complètement foutraque à l’intérieur duquel les personnages historiques sont relégués à de simples figurants figés. Le film est généreux, là n’est pas le problème, et n’hésite pas à nous en mettre plein la vue quatre-vingt dix minutes durant, mais à la fin, lorsque vient le temps de réemployer les nombreux personnages rencontrés au fil du temps (narratif et historique), l’ensemble est simplement chaotique. Si la cohérence historique ne peut être mise en cause (dès la séquence d’ouverture, avec une Marie-Antoinette d’âge mur, l’ensemble ne peut prétendre à l’historicité), c’est plutôt le scénario qui manque de liant, d’ou ce final en demi-teinte, qui est à mettre sur le banc d’accusation.

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Le film aurait gagné à développer moins de personnages mais à développer avec plus d’attention ceux qui ont une place de choix au sein du scénario[/quote]

Toutefois, si cette dernière partie est plutôt décevante (et ce n’est pas la résolution bâclée qui nous contredira), l’heure ayant précédé a de quoi nous amuser ! D’une part, le film peut se vanter de s’adresser à tous (les petits riront des facéties de Sherman et son père adoptif alors que les plus grands devront s’armer de concentration pour cerner les multiples références à l’histoire qui fusent à chaque séquence) et d’autre part, il s’intéresse avec ludisme aux leçons d’histoire, bien que les enfants n’apprendront guère de précisions à travers ce film qui se préfère inventif. Inventivité qui reste quand même sommaire, notons-le, car le reste des composants du film ne brillent guère pour leur originalité. Aux côtés d’une bande-originale déjà oubliée (pourtant composée par l’inspiré Danny Elfman lorsqu’il est dans ses grands jours) et de protagonistes principaux un peu irritants (Penny, gamine à l’attitude scandaleuse – la scène d’humiliation de Sherman est, en ce sens, parfaitement réalisée/réaliste mais à tel point que le malaise s’installe réellement auprès du public – et la « méchante » du film – Mrs. Grugnon – restent des personnages irritants au possible). Le film aurait gagné à développer moins de personnages mais à développer avec plus d’attention ceux qui ont une place de choix au sein du scénario (la relation entre Peabody et son fils est traitée mais trop rapidement, au détour de deux blagues).


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Semaine (France) Entrées Cumul
12 au 18 février 2014 285 232 285 232
19 au 25 février 2014 277 670 562 902
26 février au 4 mars 2014 347 439 910 341
5 au 11 mars 2014 168 624 1 078 965
Semaine (US) Recettes Cumul
7 au 9 mars 2014 $32,500,000 $32,500,000

En conclusion, Mr. Peabody & Sherman est une nouvelle réussite pour les studios DreamWorks Animation car l’essence de la série originelle est conservée et que l’animation est de haute volée. Toutefois, si l’ensemble fait rire très fréquemment (on en attendait pas moins de la part des professionnels de l’humour), il manque d’émotion et de scènes d’anthologie pour réellement marquer les spectateurs dans la durée. Nous ne pouvons donc que vous conseiller de le découvrir dès à présent, mais il y a peu de chances pour que le film devienne aussi mythique que les anciennes productions des studios DreamWorks, d’autant plus qu’il sera rapidement mis de côté par le très attendu (et c’est un euphémisme) Dragons 2 !

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

3 comments On [Critique cinéma] Mr. Peabody & Sherman.

  • Alors là j’adhère complètement à ton point de vue! La fin m’a vraiment déçue par rapport au début: trop brouillon, trop délirant. Par contre, il y a vraiment beaucoup de tendresse je trouve entre Sherman et Mr Peabody. De plus, je l’ai vu en VF (pour une fois!) et le doublage ne peut être critiqué.

    • Ravi de voir que mon propos répond à celui d’autres spectateurs ;) Après un second visionnage du film, je dois également avouer que la relation entre les deux protagonistes reste touchante, mais je suis convaincu qu’elle aurait pu être largement développée avec une autre scène finale par exemple. Celle à laquelle on a le droit reste assez convenu et distante.

  • Bonne critique, je ne connaissais pas ce film et je l’ai découvert par hasard un vendredi après-midi sur Canal. Et je n’ai pas été déçu, un très bon moment. Malgré des gags lourds, (passage avec De Vinci) que l’on a bien trop souvent vu, entendu, le film réussi son paris selon moi.

    Quel dommage comme il a été souligné que le film ne développe pas davantage la relation père / fils qui est si riche et sympathique. Le personnage du père est là encore excellent.
    J’attend d’en savoir plus sur la série animée produite sur ce film (mais utilisant une autre animation). Pour vraiment me fixer.
    Merci encore!

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