[Critique cinéma] Tarzan 3D.

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Si Reinhard Kloos n’est pas un novice dans l’univers du cinéma d’animation (on lui doit les dispensables aventures d’Impy ou le passable Animaux & Cie), son entrée dans le monde de la motion capture est inattendue, avec une énième adaptation d’un mythe de Burroughs, on parle bien évidemment de Tarzan, cet homme élevé par des gorilles en plein cœur d’une forêt épaisse. Si les premières bandes-annonces divisaient déjà beaucoup, la sortie du film accentue ces divergences d’avis à cause d’une relecture très moderne du mythe. Si la presse française a été majoritairement assassine envers le film, sachez que nous allons étayer un avis positif ci-dessous.

Lorsqu’une équipe de réalisation s’empare d’un mythe vu et revu, il convient de faire émerger des attraits nouveaux à une narration déjà bien connue des spectateurs. Si la relecture disneyienne du mythe de l’homme-singe était pleine de couleurs et de bravoure, la version allemande de Kloos fait le pari du modernisme et du registre épique. Certains crieront au scandale (une météorite magique sert de fil rouge au film), d’autres y verront une manière de développer une nouvelle dynamique autour du personnage de Tarzan.

En revanche, si les intentions et les éléments modernes apportés sont appréciés, l’ensemble manque parfois de cohérence – ne pas parvenir à trouver une météorite gigantesque à l’heure de l’essor des nouvelles technologies relève de l’incohérence totale. Mais si tant est que l’on se laisse emporter par le film, en mettant de côté les nombreuses erreurs scénaristiques, la réalisation surprend. Le caractère épique de ce nouveau film en motion capture est indéniable, aidé d’une partition musicale menée tambour battante par David Newman, en témoigne l’introduction conséquente et dynamique du long-métrage.

La surprise est constamment au rendez-vous et il s’agit là d’une des forces du film qui prend à contre-pied la narration habituelle du mythe, prônant une vraie lecture du mythe ancrée dans le réel, si l’on fait exception du caractère magique de la météorite toutefois. Alors bien sûr, on pourrait regretter la trop grande ambition de l’ensemble par rapport à un budget restreint, on pourrait également mettre sur le banc des accusés un final trop vite expédié et bâclé, mais malgré ses défauts visibles, le film envoûte grâce à un capital sympathie de taille et à une sincérité de ton rafraîchissante.

[quote author= »Nathan » bar= »true » align= »left » width= »300px »]Si cette nouvelle relecture du mythe qu’est Tarzan n’est pas exempt de défauts, la générosité du long-métrage semble pouvoir palier à toutes les réticences.[/quote]

Fort heureusement, si la dimension fantastique – entendez par là, l’intervention d’éléments magiques au cœur du quotidien réaliste – est attrayante, elle n’est pas la finalité du scénario en présence car le film s’attarde avant tout sur la relation entre Jane et Tarzan. Le temps est donné au développement des personnages, de même que la relation entre ces célèbres amoureux sauvages ne se fait pas du jour au lendemain : des années séparent leur première rencontre des rencontres plus charnelles suivantes, fait assez rare à souligner dans des films animés ou l’amour et l’amitié se créent en général en trente secondes.

Construit tel un paradoxe, Tarzan est à la fois très rythmé (un dynamisme d’autant plus perceptible que la 3D relief est très bien exploitée avec une profondeur immersive) et très lancinant dans la naissance d’un amour qu’il narre. Par ailleurs, Tarzan possède une animation de qualité. Si beaucoup de critiques se sont nourris de railleries au sujet de cette animation, il n’empêche qu’elle propose des paysages magnifiques et des cadres riches en onirisme, même si l’association avec la bande originale est parfois totalement cheap (on oubliera rapidement la séquence d’amourette accompagnée d’un titre de Coldplay). Les personnages, quant à eux, sont loin d’être honteux graphiquement même si l’aspect caricatural de chaque être domine (Jane est devenue une belle blonde aux atouts féminins indéniables), l’écriture scénaristique permet d’étoffer ces êtres esseulés apprenant à s’ouvrir à autrui.


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Semaine (France) Entrées Cumul
19 au 25 février 2014 155 216 155 216
26 au 4 mars 2014 117 248 272 464
5 au 11 mars 2014 46 362 318 826

En conclusion, si cette nouvelle relecture du mythe qu’est Tarzan n’est pas exempt de défauts (qui sont même nombreux), la générosité du long-métrage semble pouvoir palier à toutes les réticences. Muni d’une animation charmante, certes perfectible mais rappelons-nous le faible budget alloué au film là ou des blockbusters américains font mieux mais avec des budgets multipliés, et d’une originalité bienvenue, Tarzan est un film à voir et à revoir en famille puisqu’il saura s’adresser aussi bien aux enfants qu’à leurs parents.

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

2 comments On [Critique cinéma] Tarzan 3D.

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