[Critique cinéma] Tempête de boulettes géantes 2.

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Nous l’attendions de pied ferme (même si l’impatience s’est considérablement réduite depuis la sortie américaine – Novembre 2013 tout de même – et les échos mitigés qu’elle a généré), le premier opus de la saga Tempête de boulettes géantes ayant surpris son monde en 2009, rivalisant d’inventivité et d’humour bien senti. Toutefois, Phil Lord & Chris Miller ayant quitté le navire-sandwich pour s’emparer du premier long-métrage Lego dans la nouvelle division animée de Warner Bros (au sujet duquel l’équipe vous propose un panel de critiques dans un autre article), un autre duo (Cody Cameron & Kris Pearn) s’attelle à la tâche pour cette deuxième aventure à Swallow-en-Château. Malheureusement, si l’animation est une nouvelle fois de qualité, le scénario est à l’origine d’une déception qui sera difficile à digérer.

Passé un résumé conséquent de la première aventure de Flint et ses amis, la seconde aventure démarre là ou le second film s’était achevé, avec l’arrivée de ce qui se révélera être le « bad guy » de ce nouvel opus, un ersatz de Steve Jobs. Entraînant tous nos héros hors de leur île bien nourrie, le scénario accuse un premier tiers quelque peu navrant qui délaisse les délires nourriciers du premier opus pour s’attarder sur une satire des nouvelles technologies. Si l’envie de faire original est appréciable, son application l’est moins car les personnages sont insipides (il faut voir cet orang-outan affublé d’une veste orange fluo pour y croire) et les amis du héros mis au second plan.

Pire encore, lorsque toute la bande décide enfin de repartir sur leur fameuse île maintenant peuplée d’animaux à manger, chacun des personnages que l’on avait appris à aimer dans l’opus précédent est réduit aux mêmes blagues ou situations que leurs premières aventures, on pense notamment aux poils de torse du policier, utilisés inlassablement durant les quatre vingt dix minutes que dure le film. Seul Flint, apprenant à ne pas trop faire confiance au premier venu, évolue, laissant ses amis pourtant hilarants à l’arrière plan (et ce n’est pas le monotone doublage français qui insufflera de la vie à ces personnages devenus anecdotiques).

Fort heureusement, les studios Sony Pictures Animation n’ont pas totalement laissé voguer leur licence vers des eaux troubles car l’animation reste de bonne facture et le considérable bestiaire proposé par le film ne cesse d’éveiller la curiosité du spectateur qui se demande quel nom pourrait bien porter tel ou tel animal.

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En effet, dès lors que les personnages sont de retour à Swallow-en-Château, le scénario reprend des couleurs en même temps que les décors et l’intervention d’un personnage déjà devenu culte n’y est pas pour rien : on vous parle ici d’une fraise tout ce qu’il y a de plus normal, si ce n’est qu’elle possède un capital sympathie surpuissant (les minions auraient presque du souci à se faire). Vous l’aurez compris, la trame générale est si légère et prétexte à un foisonnement d’éléments originaux au sein de l’animation, que les personnages muets, comme l’est cette fraise atypique, volent la vedette aux héros de l’histoire.

L’ensemble manque vraiment d’émotions, à cause d’enjeux assez sommaires ou répétitifs par rapport au premier film et à des personnages inexistants. Rajoutez à cela une bande-originale déjà oubliée et vous obtenez une déception à la hauteur de la surprise que fut le premier Tempête de Boulettes Géantes. Que l’on ne s’y trompe pas pour autant, L’île des miam-nimaux reste agréable à découvrir et rafraîchissant à regarder (on remercie l’explosion de couleurs!) mais l’ensemble manque de profondeur et défend des valeurs archi-exploitées là ou le premier opus tirait une flèche en plein cœur de la société de consommation.

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Il se murmure qu’un troisième opus est sur les rails… Il convient donc d’espérer que la barre qualitative sera remontée pour obtenir une suite digne de ce nom à l’OVNI cinématographique qu’est cette saga cinémato-culinaire !

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

2 comments On [Critique cinéma] Tempête de boulettes géantes 2.

  • On peut aussi remarquer les multiples parodies de films, comme Jurassic Park qui ne se justifient que par leur volonté du gag périmé:/ Le public attendu pour ce film carrément naif, c’est clairement les enfants, et en même temps ils ne décryptrons pas la majorité des références ;-)

    • Effectivement, je n’ai pas relevé les nombreuses références dans ma critique mais il va de soi que si certaines sont les bienvenues (le dinosaure Tacos par exemple), d’autres sont légèrement « périmées » comme tu le dis. De fait, on se retrouve avec un film un peu décevant… mais qui reste appréciable avec ses intentions louables !

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