(Critique) Dreams de Kim Hagen Jensen & Tonni Zinck

Le cinéma d’animation danois est à la fête en cet été 2020 sur les écrans français (alors que le cinéma hollywoodien est en berne). Après le remarqué et mature Mon ninja et moi sorti le 15 juillet dernier, c’est au tour de Dreams, distribué par KMBO de se révéler au public français pour justement le faire rêver. En piochant de ci de là des idées pour construire un récit privilégiant l’émotion, les réalisateurs Kim Hagen Jensen et Tonni Zinck s’assurent de combler leur public sans pour autant réinventer des recettes maintes fois employées. Sans prétendre être autre chose, Dreams est une belle aventure estivale aux graphismes enchanteurs ! 

Résumé : Emma est une jeune fille qui partage sa chambre avec Coco son cochon d’Inde. Une nuit, dans son sommeil, elle bascule dans un monde merveilleux. Elle découvre alors qu’elle a le pouvoir d’entrer dans le monde des rêves et de changer le futur. Sa vie devient extraordinaire ! Jusqu’au jour où revenir dans le monde réel s’avère plus compliqué que prévu…

(c) First Lady Film APS

Au détour de quelques séquences dans l’esprit en tourment d’une jeune fille grandissante, Vice-Versa des studios Pixar imaginait l’industrie à l’œuvre pour créer les rêves des êtres humains. Dreams, la production danoise, en fait quant à elle le fil rouge de son aventure merveilleuse pour peindre les difficultés d’une famille recomposée. Emma, jeune fille vivant en parfaite harmonie avec son père doit apprendre à composer avec une demi-sœur hyper-connectée. Sans surprises, la détermination, l’entraide et le courage permettent aux personnages d’affronter l’adversité qui peut se révéler si complexe à surmonter. Si le scénario ne surprendra pas les plus grands des spectateurs car il use et abuse de ressorts conventionnels pour établir ses péripéties (sans pour autant ennuyer), il a le mérite de mettre en scène avec soin et chaleur de belles relations en construction. Tous les spectateurs s’y retrouveront tant la famille rythmant le film est ancrée dans notre réalité. 

Métaphores et autres symboles graphiques peuplent le long-métrage pour parler à tous les publics. Au centre de l’imagerie du film et de la relation père-fille, tout en rappelant l’univers loufoque d’Alice au pays des merveilles, le jeu d’échecs est convoqué à plusieurs reprises avec intelligence dans la production. Le père nessaye-t-il pas de recoller le plateau brisé par sa fille lors d’un accès de colère ? C’est explicite, mais cela relève le soin apporté aux enjeux du récit tout en prouvant aux plus grands des spectateurs que l’équipe créative avait à cœur de parler à tous sans reléguer son histoire aux plus jeunes. Traditionnel récit d’apprentissage au sein d’un autre monde (en l’occurrence celui des rêves), Dreams n’a pas toujours l’audace de son univers onirique mais il parvient à émouvoir en faisant le choix de la sincérité et l’on ne peut que s’attacher aux personnages en quête de rédemption : Emma n’est pas si tolérante que de prime abord et sa demi-soeur se révèle plus fragile qu’il n’y paraît.

(c) First Lady Film APS

Touchant, dynamique et drôle, Dreams l’est assurément mais il peut aussi compter sur son apparat graphique chaleureux pour émouvoir ses spectateurs. L’animation 3D choisie par l’équipe créative s’inscrit dans le goût contemporain pour les formes aseptisées mais elle témoigne d’une belle maîtrise de l’outil graphique. Régulièrement baignés dans un halo de lumière, les plans participent à la bienveillance générale du propos filmique. Monde réel, fabrique des rêves agencée par des rails et rêves en eux-mêmes offrent des univers différents aux spectateurs pour les surprendre. Bien que le récit soit cousu de fil blanc et que les préparateurs de rêves ne cessent de rappeler d’autres productions animées (vous avez dit minions?), l’intérêt ne cesse d’être alimenté par la franchise du projet. Sans jamais nous surprendre (et c’est peut-être là que le bât blesse le plus sur un film prenant pour sujet l’incroyable richesse des rêves), Dreams déploie son aventure sans embûches. 

Finalement, Dreams est un divertissement sans prétention qui a le mérite de nous faire rêver en ces temps si sombres. Conférant aux rêves un pouvoir essentiel, il nous pousse à agir sur nos propres relations avec autrui. Sans vraiment oser embrasser pleinement la folie de son aventure cérébrale, la production danoise invite ses spectateurs à une aventure pleine de charme et de sincérité qui vaut le coup d’être découverte sur grand écran ! 

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Critique rédigée par Nathan

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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