[Critique DVD] Aya de Yopougon.

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Film français présenté à Annecy en Juin dernier (critique par David en page 39), et ayant assez peu brillé dans nos salles françaises cette année (il faut dire que la compétition était très rude en cet été 2013), Aya de Yopougon avait pourtant toutes les qualités requises pour trouver un public dans les salles obscures. Adaptation d’une bande dessinée bien connue du public français du même nom, ce tout nouveau long-métrage d’animation en 2D est d’une rare fraîcheur. Même si la transposition sur grand écran des trois premiers volumes de la matière littéraire d’origine fait preuve d’un réel manque de risques, l’ensemble est réjouissant.

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Fort d’un humour décapant, Aya de Yopougon est un film au capital sympathie fort appréciable. Grâce à des personnages très différents les uns des autres et un scénario donnant la part belle à chacun des protagonistes présents, l’ensemble convainc rapidement. Doté d’un scénario aux multiples facettes, qui sont peut-être trop nombreuses à en croire le nombre colossal de personnages ayant une trame narrative personnelle, le premier long-métrage animé de Marguerite Abouet possède un traitement narratif on ne peut plus original. Il est certes regrettable qu’Aya, personnage principal amené par le titre du film, soit trop en retrait par rapport aux aventures amoureuses de ses amies mais cette présence-absence participe également à l’établissement psychologique de ce personnage qui rêve d’une carrière médecinale alors que ses amies pensent avant tout au mariage. Enjoué, le long-métrage de Marguerite Abouet (déjà auteure de la bande dessinée) existe avant tout grâce à ses personnages vivants qui parviennent à exister au-delà des quatre-ving dix minutes que durent le film – nous écrivons ces lignes deux semaines après le visionnage du film, et la bonhomie des personnages nous envahit encore. On pourrait regretter, dans cette optique, le doublage hasardeux de certains personnages qui contraste avec l’hilarante interprétation d’autres protagonistes – la nonchalance d’Hervé est un vrai plus comique dont s’entiche avec plaisir le film – mais ce serait là une manière de stigmatiser un des défauts mineurs du film.

[quote author= »Nathan » bar= »true » align= »left » width= »300px »]Aya de Yopougon est un petit film à la française qui manque de précision mais qui mérite que l’on s’y attarde, ne serait-ce que parce qu’il propose de vivre une heure et demie de tranche(s) de vie(s) saupoudrée(s) de gaieté.[/quote]

Malheureusement, tout n’est pas chatoyant à Yop City puisque si l’animation est charmante (un rendu 2D crayonné très accentué) elle n’apporte que peu de choses par rapport à la bande dessinée originale si ce n’est le soupçon de vie nécessaire à tout film, d’autant plus que ce style d’animation avait déjà été expérimenté au cœur du long-métrage de Joann Sfarr, Le Chat du Rabbin. De même, la musique est un peu répétitive et s’entiche de sons un peu stéréotypés là ou les autres composants du film savent se détacher des images et ou idées préconçues au sujet de l’Afrique. Afrique qui, ici, est présentée comme une terre de bonheur et de festivités, loin des pamphlets inquiétants que le cinéma mondial nous ressert au sujet de ce beau pays depuis une dizaine d’années. En somme, Aya de Yopougon a tout du sympathique film d’animation qui ne nous ment jamais sur ses intentions. Évidemment, nous sommes loin d’un chef d’oeuvre maîtrisé de bout en bout, la faute à un scénario trop fragmenté entre les différents personnages et à une esthétique un peu répétitive, mais l’ensemble est si entraînant qu’il serait dommage de s’en priver !

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note-7-10

Si le film ne brille pas forcément par une animation très originale, le transfert vidéo initié par TF1 Vidéos est tout à fait convaincant. Les couleurs sont chaleureuses et la définition plutôt ciselée même si l’image n’éblouit jamais vraiment, la faute à un réel manque de profondeur de champ dans la plupart des scènes du film. Aya de Yopougon est un de ces films qui racontent plus qu’ils ne montrent, d’ou la matière littéraire dont il fut l’objet en premier lieu. Amoureux d’animation, le film est avant tout un scénario riche en intrigues plus qu’une esthétique révolutionnaire.[/tab]

[tab title= »Son »]

note-6-10

Un travail plutôt bien mené de la part de l’éditeur vidéo sur la partie sonore même si le très fort accent africain mené tout au long du film, s’accompagnant d’expressions difficiles à restituer pour un spectateur métropolitain, gêne assez souvent la compréhension : mais c’est aussi ce qui fait le charme du film  – son respect d’une réalité. D’un point de vue technique, vous aurez le choix entre les traditionnelles pistes sonores en 2.1 ou 5.1 pour profiter de l’ambiance sonore riche du film entre ambiances urbaines de Yopougon ou soirées festives de mariages arrangés : pas de quoi défrayer votre installation sonore mais une manière efficace de découvrir ou redécouvrir ce léger film d’animation made in France.[/tab]

[tab title= »Interactivité »]

note-4-10

Une édition vidéo étrange que voilà ! Trois featurettes sont proposées au sujet de la création du film, mais il est assez surprenant de constater qu’elles ne comportent que peu d’éléments utiles à la featurette sur le doublage, par exemple, ne comporte aucune interview et se fait seulement accumuler des interprétations orales des textes des personnages. Si l’ensemble ne manque pas d’intérêt, sa présentation est à revoir. L’effort d’insérer des bonus est louable, mais il est nécessaire de les utiliser à bon escient. Heureusement, le menu coloré et les musiques entraînantes qui l’accompagnent permettent à l’édition DVD proposée par TF1 Vidéos d’être agréable. [/tab][/tabs]

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En conclusion, Aya de Yopougon est un petit film à la française qui manque de précision mais qui mérite que l’on s’y attarde, ne serait-ce que parce qu’il propose de vivre une heure et demie de tranche(s) de vie(s) saupoudrée(s) de gaieté. Et puis, rien de tel qu’un peu de soleil pour contraster avec la saison hivernale qui approche ! Par ailleurs, l’édition vidéo est agréable et saura répondre aux attentes de chacun même si, intimement, nous aurions espéré l’arrivée d’une édition haute-définition. Malheureusement, qui dit semi-échec en salles dit édition vidéo plus restreinte, rien d’illogique là-dedans !

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Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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