[Critique DVD] Tom Little et le miroir magique.

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En ces fêtes de fin d’année, le distributeur vidéo Seven 7 choisit de ne pas tomber dans la facilité du film de Noël bas de gamme pour combler les bacs vidéos en proposant la sortie en BR3D et DVD du film d’animation Tom Little et le miroir magique, conte pour enfants signé Ernesto Padron Blanco (réalisateur cubain). Si le choix d’un tel film est honorable et saura à coup sûr intéresser les plus jeunes des spectateurs il n’en demeure pas moins très pauvre artistiquement. Décidément, l’animation n’est pas en fête en cette fin d’année (et heureusement, le mois de Janvier nous réservera de belles surprises pour rattraper tout cela, dont les Drôles de dindes par le distributeur vidéo Metropolitan).

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Dès la première séquence le ton est donné : Tom Little sera un film de bas-étage sur le plan graphique et ce, jusqu’au dénouement. Les couleurs sont criardes, l’animation manque de fluidité (à l’exception des vêtements de la princesse qui, étonnamment, sont très fluides) et la réalisation fait le choix du statisme. Vous l’aurez compris, Tom Little est une petite production sud-américaine qui ne transcendera pas l’univers de l’animation. Il en va d’ailleurs de même pour le récit qui ne révolutionne en rien le genre du conte proposant ainsi une relecture peu engageante d’un vieux conte pour enfants sur les ravages d’une sorcière jalouse. Envoyant un terrible arbre gangréné les ressources d’un royaume (avouez que c’est effrayant et machiavélique!), cette menace n’aura que peu d’impact auprès du jeune public.

Sorte d’ersatz du Chat Potté (le récit est fait de voleurs bienveillants dans un paysage aride), la prestance en moins, Tom Little est un conte pour enfants on ne peut plus ordinaire qui n’a pourtant rien de très passionnant. Certaines péripéties sont même tellement enfantines qu’elles font penser aux aventures peu palpitantes de séries pour les plus petits (oui oui, nous pensons à Dora L’exploratrice et autres Bob le bricoleur) : lorsque Tom Little doit trouver des outils magiques, quoi de plus simple que de devenir ami avec ceux-ci en toute simplicité ? Les obstacles se font rares pour le héros, ce qui ne sera pas d’une utilité pour l’instruction des jeunes spectateurs : à quoi bon se donner les moyens de réussir dans la vie si les difficultés sont affrontées avec une telle facilité ? Plus les minutes défilent, plus les surprises malvenues se bousculent pour créer une œuvre on ne peut plus confuse : ce n’est pas la séquence finale sous forme de combat épique contre un dragon mal animé qui nous dira le contraire. Tom Little ressemble finalement à beaucoup de film à la fois (et pas les meilleurs), sans jamais se construire une esthétique personnelle.

[quote author= »Nathan » color= »#d8ab29″ bar= »true » align= »left » width= »300px »]Tom Little et le miroir magique est un film à réserver exclusivement aux plus jeunes des spectateurs à cause de ses personnages secondaires peu subtils et des péripéties on ne peut plus faciles.[/quote]

En revanche, si le bât blesse sur de nombreux points, certaines caractéristiques du film surprennent par leur intérêt : en ce sens, la bande-originale est intéressante et sait se faire originale lorsque le scénario peu exigeant le demande (exception faite des chansons traduites et chantées avec peu d’entrain dans la version française, mais nous sommes loin des budgets alloués pour les doublages des films d’animation Disney). On retrouvera également ça et là des hommages aux jeux vidéos dans des séquences d’action rappelant les jeux d’arcade qui font plaisir, à défaut d’avoir une utilité quelconque au sein de l’oeuvre réalisée. En somme, Tom Little et le miroir magique est un film d’animation fort dispensable qui ne restera pas dans les annales des titres phares de l’éditeur vidéo Seven 7.

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Si tant est que l’esthétique fluorescente et les formes géométriques ne vous déplaisent pas vous pourrez vous « délecter » de l’image convenable proposée par le distributeur Seven 7 pour la sortie de Tom Little et le miroir magique. Les nombreuses couleurs sont bien retranscrites et les noirs sont finalement assez rares (on vous l’a dit, le long-métrage n’est pas le paradis du bon goût graphique). En revanche, édition basse définition oblige, les flous sont nombreux sur les arrières-plans, mais il ne serait pas surprenant que ce soit également le cas sur l’édition Bluray tant l’animation semble low-budget.[/tab]

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Une édition plutôt maigre sur ce point encore. Une unique piste est proposée, il s’agit d’une piste française (mais en même temps il est peu probable que les plus de six ans s’intéressent au film, il serait donc vain de proposer une telle piste) en 2.0 Dolby Digital qui fait ce qu’on lui demande, ni plus ni moins. Les dialogues sont audibles et les chansons mises en avant (même si celles-ci sont un peu trop irritantes). Rien d’éclatant dans l’ensemble, mais un transfert audio honorable – il est fort à parier que la version haute-définition est plus précise (car l’édition en question propose une piste 5.1 Master Audio mais nous n’avons pas pu la tester).[/tab]

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Aucune interactivité sur cette édition DVD mais en même temps, les bonus au sujet d’un tel film se font rare. Pire encore, le choix des pistes audio est rapide : il faudra vous contenter d’une piste française sur cette édition basse définition (aucune chance d’écouter la version originale en somme, et d’apprécier peut-être un peu plus les titres chantés présents dans le film). Prenons cette édition pour ce qu’elle est : l’écrin d’un film à l’intérêt moindre, écrin forcément léger de fait.[/tab][/tabs]

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En conclusion, Tom Little et le miroir magique est un film à réserver exclusivement aux plus jeunes des spectateurs (au-delà de huit ans, ils s’ennuieront probablement ferme) à cause de ses personnages secondaires peu subtils et des péripéties on ne peut plus faciles. Par ailleurs, si l’édition DVD ne démérite pas, elle ne peut techniquement pas effacer les défauts intrinsèques de l’oeuvre d’origine, on ne peut donc que vous conseiller de vous tourner vers d’autres films distribués par cet éditeur (à l’image de Ronal le Barbare, ô combien plus mature et plus maîtrisé d’un point de vue esthétique!). 

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Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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