(Sortie) Iwaju de Ziki Nelson

Un mois après sa mise en ligne sur le continent américain, la série Iwaju débarque enfin sur Disney + en France, le mercredi 3 avril. Une série longuement attendue puisqu’elle promettait de mettre en lumière un pays peu représenté en animation, le Nigéria, au fil d’une histoire mêlant héroïsme, avancées technologiques et considérations sociales. A l’issue des six épisodes (composant une série d’une durée approximative de 2h15), on en ressort charmé même si la rapidité de l’ensemble empêche de bien caractériser tous ses personnages et d’aller aussi loin que les fils narratifs le laissaient espérer. Il s’agit là de la promesse d’une séance familiale divertissante mais quelque peu frustrante quant aux véritables ambitions du projet.

Résumé : Ce conte initiatique raconte les aventures de Tola, une jeune héritière insulaire, et de son meilleur ami Kole, un petit génie autodidacte adepte des nouvelles technologies. Tous deux habitent Lagos (Nigéria), mais chacun d’un côté du fleuve qui traverse la ville…

© 2024 Disney. All Rights Reserved.

En suivant le parcours de la jeune Tola, fillette d’une condition aisée, le scénario cible rapidement un public de jeunes spectateurs. Agissant avec naïveté (mais bienveillance) avec le monde qui l’entoure, elle embarque pour une plongée dans les réalités de son pays, éloignées de sa demeure « dorée ». Fille d’un père ingénieur technologique, la mission de s’occuper d’un lézard de science-fiction lui est confiée. On retrouve alors les écueils de la firme aux grandes oreilles de ces dernières années : l’absence de prise de risque graphique. L’animal est à peu de choses près identique à l’élément poursuivi par Elsa dans La Reine des neiges 2 (et qui portait le nom de Bruni). Il en va de même pour les personnages humains adoptant les traits habituels de la compagnie, un comble pour une série rêvant d’honorer un pays peu représenté par ses équipes jusqu’alors. Les singularités du pays se retrouvent bien dans l’histoire et les moeurs des personnages, mais cela ne suffit pas.

L’animation est soignée, dire le contraire serait mentir, d’autant plus qu’elle propose un Nigéria futuriste s’ouvrant vers l’avenir et les potentialités technologiques, mais l’on aurait aimé une plus grande originalité graphique. Une sortie sur Disney + est en général l’occasion rêvée de surprendre un peu ses spectateurs… Mais la série ne manque pas d’idées ! Chaque épisode (à part le premier) s’ouvre sur un flashback dévoilant le passé des personnages principaux pour mieux les caractériser. Il en va ainsi de l’antagoniste mais aussi du jeune Kole, au coeur du récit puisqu’il initie le nouveau regard de Tola sur le monde. Quel dommage alors que les épisodes se révèlent par la suite si rapides ! A un rythme effréné, cette histoire de vengeance et de lutte des classes est dans l’air du temps mais on ne peut s’empêcher d’imaginer la même série si on lui avait laissé le temps de faire véritablement exister ses personnages à l’écran. Il en va de même pour la dimension super-héroïque du récit qui peine à se déployer autant qu’espéré puisque le potentiel des personnages est à peine exploité dans des résolutions narratives expéditives… Les épisodes sont courts et peu nombreux, le sixième et dernier jalon de cette série-film bâcle alors quelque peu les enjeux de son histoire.

Fort heureusement, la série peut compter sur des valeurs humanistes pour nous divertir et nous enrichir. Se distingue alors le véritable héros de cette courte histoire, Kole, un jeune garçon contraint de travailler pour un caïd pour aider sa mère malade. Aidant la jeune Tola à découvrir la vie « réelle » de son pays, il fait preuve d’altruisme, d’engagement et de courage pour emporter nos coeurs. Iwaju véhicule de beaux messages au jeune public dans une histoire un brin programmatique…

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Vous l’aurez compris, Iwaju est une série fort intéressante qui passe à côté de son véritable potentiel. Même si sa brièveté et ses ambitions graphiques peu originales entravent ses espoirs de n’être plus qu’un simple divertissement, son regard réaliste sur les réalités du monde et ses personnages attachants en font une agréable découverte à partager en famille.

Rendez-vous le 3 avril sur Disney + !

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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