(Sortie vidéo) Blanche-neige, les souliers rouges et les sept nains de Hong Sung-Ho

Les contes, cette source inépuisable de scénarios. On ne compte plus les réinterprétations du conte de Blanche-neige et rares sont celles qui ont su être aussi marquantes que la proposition traditionnelle du regretté Walt Disney. Enième réinvention du conte, Blanche-neige, les souliers rouges et les sept nains est une production sud-coréenne quimêle certaines péripéties originelles aux légendes arthuriennes dans une réinvention détonnante mais un brin anecdotique. La sortie en vidéo du film grâce à l’éditeur vidéo ARP Sélection est une belle occasion de parler de ce film perfectible. 

Résumé : Des princes transformés en nains viennent à l’aide d’une princesse dont la beauté est cachée dans ses souliers. Ici, le conte de fées s’amuse de notre obsession du paraître. Mais comme dans tous les contes, c’est l’amour qui sauvera tous les personnages.

(c) 2019 Locus Corporation

Légitime, cette nouvelle itération du destin de la jeune fille au teint pâle l’est assurément puisqu’elle propose une différence notable : l’apparence de ses héros. Blanche-neige est une fille ronde qui change assurément des princesses habituelles aux formes stéréotypées (et c’est une très belle idée!), tandis qu’Arthur et ses chevaliers sont métamorphosés en nains par une fée vengeresse. Fable sur le pouvoir des apparences, le long-métrage a sous le capot un vrai propos qui s’éloigne des choix habituels lorsque le conte des frères Grimm est adapté à l’écran. Auréolé d’une animation numérique de bonne qualité à la fluidité exemplaire, le film a de quoi séduire le public enfantin auquel il s’adresse sans forcément ennuyer les plus grands. Entre clins d’oeils aux contes de notre enfance et scènes d’actions décomplexées, le film ne laisse guère place à l’ennui, d’autant plus qu’il peut compter sur l’archétype de l’antagoniste du film pour enfants pour créer une tension nécessaire à la dramaturgie : la belle-mère machiavélique doublée par l’excellente Emmanuelle Bondeville (VF de Michelle Pfeiffer). Même si le long-métrage est surtout une histoire d’amour, l’aventure n’est pas déplaisante.

Cependant, tout n’est pas si rose et le kitsch s’invite souvent au cours de scènes pourtant importantes. Le recours aux ralentis couplés aux chansons pop sucrées peine à convaincre en 2020, à l’image de la course poursuite avec un lapin de bois géant durant laquelle les deux amants (Blanche-neige et Merlin) se contemplent sur un titre qu’Ed Sheeran ne renierait pas. Mal intégrée, la bande originale dessert trop souvent le propos sur les apparences du film et le charme des décors est relegué au second plan. Le film d’Hong Sung-Ho manque parfois de subtilité et les multiples recours aux zooms et dézooms réduisent parfois la beauté des éclairages soignés du film (la scène du combat contre les géants de bois est dotée d’une très belle mise en lumière par exemple). Quant à la voix française de Blanche-neige (imposée par le DVD qui ne comporte que la VF), elle questionne encore… L’engouement de Melha Bedia n’est pas remis en cause mais sa voix plutôt grave a du mal à investir la peau de la douce et téméraire Blanche-neige. 

Finalement, Blanche-neige, les souliers rouges et le sept nains est une agréable aventure, à condition de savoir où l’on met les pieds. Moins parodique que bons nombres de productions réinterprétant le conte des frères Grimm, le film n’en demeure pas moins bancal dans sa gestion de la mise en scène. Les enfants s’amuseront beaucoup tandis que les plus grands le regarderont avec un enthousiasme modéré. 

EDITION VIDEO

L’éditeur vidéo (ARP Sélection) nous a fait parvenir l’unique édition du film (en DVD) disponible sur le marché français. La copie a été visionnée sur un écran OLED 4K, comme de coutume pour nos tests.

Image & son : qui dit DVD, dit définition modérée et plus votre écran sera grand et bien défini, plus les défauts de l’image et les couleurs vous sembleront flagrants. Toutefois, l’image est plutôt de bonne facture et elle déploie un bel éventail de couleurs satisfaisant pour traduire l’univers coloré du film. Cependant, dès lors que les scènes sont plus mouvantes, la perte de définition est sans appel. Pour exemple, lorsque Merlin court dans un champ de pétales, il est alors difficile de distinguer chacune d’entre elles s’envoler. Malgré cela, l’édition permet d’apprécier à leur juste valeur les beaux éclairages du film à l’origine d’ambiances visuelles soignées.

Du côté du son, une unique piste en français Dolby 5.1est proposée sur le disque et la spatialisation est intéressante. A noter cependant que la musique prend souvent le pas sur les dialogues, ce qui peut pousser à jouer avec le volume du son tout au long du film.

Interactivités : une édition assez maigre, qui se concentre surtout sur l’apport de la version française au film : le doublage.

– Melha Bedia raconte le doublage : interview de l’actrice (4min) : la jeune actrice revient sur l’importance du réalisme physique de l’héroine (et l’originalité d’un tel choix scénaristique) mais également sur le vrai plaisir procuré par le travail de doublage (et ses difficultés) : un bonus bienvenue mais qui s’attarde sur l’un des gros points faibles du film… 

– Bande-annonce 

Au final, même si Blanche-neige, les souliers rouges et les sept nains ne restera clairement pas dans les annales du cinéma d’animation, il pourrait trouver son public et l’absence d’une édition haute-définition peut se comprendre tant la cible de la production prête peu d’attention à la définition sur l’écran.

(c) 2019 Locus Corporation

Article rédigé par Nathan

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

Laisser une réponse:

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Site Footer