(Sortie vidéo) Fievel et le nouveau monde de Don Bluth

Est-il nécessaire de présenter Don Bluth ? Animateur ayant pris son envol après son départ des studios Disney avec un premier long-métrage mémorable (Brisby et le secret de Nimh qui attend encore un master HD digne de ce nom pour enfin resplendir sur nos écrans… l’édition sortie à ce jour étant très perfectible), il s’associa avec Steven Spielberg pour créer l’émouvant Fievel et le nouveau monde. Récit d’immigration aux parallèles historiques et réalistes évidents, de la Russie à l’Amérique grandissante, le long-métrage fut un véritable succès lors de sa sortie en salles en 1986 mais il a encore de quoi charmer tous les publics du 21ème siècle. La ressortie en haute-définition du film est l’occasion de le redécouvrir ! 

Résumé : Persécuté par les chats en Russie, Fievel embarque avec sa famille pour le Nouveau Monde : l’Amérique. Au cours du voyage en bateau, Fievel tombe à l’eau pendant une terrible tempête et échoue dans le port de New-York. Désormais seule, la jeune souris, aidée par de nouveaux amis, va braver tous les dangers pour retrouver sa famille…

(c) Splendor Films

Aux antipodes des univers un brin aseptisés (mais c’est aussi cela qu’on aime) des productions Disney, l’imaginaire de Don Bluth est teinté de désespoir et de réalisme social (des personnages torturés par la vie – orphelins, migrants, enfants exploités – divaguent dans des décors sombres, entre égouts et muséums abandonnés) En contant la quête d’un jeune souriceau séparé de ses parents par une tempête lors d’une migration vers l’Amérique, le film américain porte un regard sincère sur les classes sociales et les violences entre races. Les plus jeunes y découvrent un récit initiatique plein de charme tandis que les plus grands relèveront avec un réel plaisir les innombrables clins d’oeil à l’Histoire que l’on connaît, des pogroms russes envers les juifs jusqu’à la construction de la statue de la Liberté en face d’Ellis Island. Dès la séquence introductive, mêlant habilement l’Histoire de la Russie et les mésaventures des rongeurs, le ton est donné. Transformés en véritables monstres par la magie de l’animation, les chats « cosaques » attaquent avec violence les familles en fuite et précèdent l’agitation d’un océan brutalement personnifié pour terrifier les personnages principaux (et les spectateurs). 

Avec fougue et sincérité, Fievel et le nouveau monde dépeind un monde réaliste, son lot de misères en prime. Son propos résolument populiste et solidaire prône l’union des catégories sociales pour repousser un ennemi de taille : les « pauvres » américains et leurs compatriotes argentés s’unissent pour battre les chats tandis que le jeune Fievel cherche à rejoindre sa famille. Petit héros dans une tenue trop grande, le souriceau émeut souvent parce qu’il doit faire face à d’innombrables obstacles parfois révoltants. Ironique, la réalisation enfonce le clou en le faisant croiser, au sein même du champ de l’écran, sa famille sans qu’il s’en rende compte jusqu’aux retrouvailles finales. Magnifiée par des compositions musicales de James Horner, la production finit de convaincre et de traverser les âges avec son récit non manichéen (tous les chats n’y sont pas vils) à l’émotion vive. 

Fievel et le nouveau monde n’atteint pas les sommets mystiques et mâtures de Brisby et le secret de Nimh mais il s’impose encore aujourd’hui comme l’une des plus belles propositions animées made in America. A la limite de l’expressionnisme, le second long-métrage de Don Bluth mérite amplement de traverser les générations !

(c) Splendor Films

EDITION VIDEO

Des années qu’on l’attendait, mais l’éditeur vidéo Rimini Editions nous offre enfin l’opportunité de découvrir Fievel et le nouveau monde en haute-définition sur le sol français. La copie a été visionnée sur un écran OLED 4K, comme de coutume pour nos tests. 

Image & Son : une belle restauration avec des traits globalement précis et des couleurs fidèlement retranscrites ainsi que des scènes sombres magnifiques (et elles sont nombreuses !) Cependant, quelques scènes accusent parfois un flou dommageable (à l’image des plans moyens sur les musiciens lors de la montée sur le navire au début du film) à cause d’un matériau originel vieillissant. Impression renforcée par le surgissement (appréciable et modéré) de grain sur l’image. A ce jour, il s’agit de la plus belle copie qu’il nous ait été donné de voir pour Fievel et ses amis !

Du côté du son, le film est proposé en langue française ou en version originale sous-titrée : DTS-HD Master Audio 5.1 ou Dolby Stéréo 2.0 pour chacune d’elles sur le blu-ray. Quant au DVD, il comprend également quatre pistes audios mais les pistes HD laissent place à deux pistes en Dolby Audio 5. Chansons, dialogues et autres envolées lyriques signées James Horner flattent les oreilles et nous plongent pleinement dans l’odyssée d’un souriceau courageux.

Interactivités : une belle édition digipack insérée dans un fourreau beige reprenant l’affiche originale du film (voir photo ci-dessus). Le coffret contient, en plus du film en blu-ray et en DVD, 5 cartes postales à l’effigie du long-métrage. 

Du côté des bonus, vous retrouverez une présentation du film par l’analyste Xavier Kawa-Topor (que l’on ne présente plus!) d’une trentaine de minutes ainsi que la bande-annonce originale du film. 

Présentation du film : Xavier Kawa-Topor revient sur la carrière de Don Bluth (par le biais de son passage par les studios Disney), sur sa rencontre productive avec Steven Spielberg, sur les prémisses du film, la première expérience de Spielberg sur un film d’animation, le retentissement critique et public du film mais également sur le propos social de Fievel et le nouveau monde avant de parachever son analyse en se focalisant sur la séquence de la tempête et sa dimension expressionniste. Un bonus très instructif qui s’adresse à tous les férus d’animation ! 

Après plusieurs années de disponibilité sur d’autres marchés mondiaux, Fievel et le nouveau monde (An americain tail à l’origine) arrive enfin dans les bacs français grâce à l’éditeur Rimini dans une belle édition digipack soignée. Les collectionneurs et autres fans d’animation seront ravis d’enfin compter les aventures américaines du petit Fievel Souriskewitz dans leurs bluraythèques. A l’heure où le marché physique est à la traîne, on ne peut que saluer l’investissement d’éditeurs compétents ! 

Article rédigé par Nathan (Instagram)

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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