(Test DVD) Charming de Ross Venokur

Ce mardi 2 juillet, ESC Distribution nous permet enfin d’accéder au long-métrage animé Charming, du studio Vanguard qui s’est déjà illustré par le passé sur la franchise des Chimpanzés de l’espace notamment. Jusqu’alors réservé aux marchés étrangers mais également à des diffusions télévisées (vous avez peut-être pu le voir sur Gulli le mois dernier…), le film est désormais disponible en vidéo. L’occasion de le découvrir par le biais de son édition DVD.

La société Vanguard continue son bout de chemin, sans éclats. Charming, sorti par la petite porte du direct-to-dvd sur nos terres hexagonales, prouve pourtant qu’avec de l’envie, le studio est capable de faire mieux. Evidemment, l’originalité est aux abonnés absents mais la qualité de l’animation est en progrès et le casting vocal soigné (du moins en version originale) : la promesse de passer un bon moment, à défaut de voir le monde de l’animation être révolutionné par une énième production parodique.

Synopsis : À sa naissance, le prince Philippe/Charming a été ensorcelé : toutes les femmes tombent amoureuses de lui. Devant tant de prétendantes, le prince a bien du mal à trouver celle qui fera chavirer son cœur. Il doit pourtant, avant le jour de ses 21 ans, choisir sa future épouse. Trois princesses se disputent ses faveurs : Cendrillon, Blanche-Neige et la Belle au bois dormant. Jusqu’au jour où le destin met sur sa route la jolie Lenny.

(c) Vanguard Animation

Le postulat de départ avait le mérite d’être instructif : souvent appelé « Le Prince Charmant » dans tous les contes, le sauveur des princesses pourrait-il être la même personne ? Quelle princesse choisirait-il alors pour contracter son mariage ? Maudit par une sorcière revancharde, Charmant est adulé par toute la gente féminine, dans la production dont il est question ici. En découle une revisite des éléments traditionnels des contes, dans la droite lignée du ton résolument parodique initié par les studios DreamWorks au début du XXIème siècle. On y retrouve, entre autres, une fée masculine, une marraine travestie, des princesses remises au goût du jour, etc. Malheureusement, l’équipe de réalisation ne se contente pas de réinventer ces personnages connus de tous, elle les modernise avec des chansons pop parfois inadaptées (qui justifient pourtant le casting vocal quatre étoiles du film – Demi Lovato, Sia, Avril Lavigne, etc.) A l’écoute, ces titres sont soignés mais ils ne collent pas vraiment avec l’apparat médiéval du film, à l’exception d’une belle séquence à la mise en scène inventive en milieu de métrage. Envoutée par la voix d’une Sia inspirée, le personnage principal féminin (Léonore) reconsidère son attitude.

D’ailleurs, à côté du cahier des charges de toute parodie qui se respecte, le long-métrage nous présente un duo de personnages principaux intéressant. A ce titre, Léonore vole la vedette au prince charmant en affirmant son indépendance (dans la droite lignée des élans féministes de notre époque). Il est, du coup, regrettable que les princesses des contes de notre enfance soient, quant à elles, reléguées à des rôles superficiels qui les rendent antipathiques. Quant à l’animation, elle est en dents de scie. Si les progrès sont indéniables depuis les premières productions de la société Vanguard, l’animation 3D demeure pourtant décevante en termes de précision. Les décors se réduisent souvent à peu de choses et manquent de netteté alors que le travail sur les personnages et les éclairages est plus conséquent. Le métrage nous offre de belles scènes où la mise en scène fait la part belle aux personnages, à l’image de la scène du restaurant dans le dernier quart du film. Mais entre des scènes joliment éclairées et des plans d’ensemble sur un château trop sommaire, l’écart est malheureusement décevant. Du chemin reste à faire pour que les équipes créatives de Vanguard puissent enfin exploiter leur plein potentiel pour nous conter des histoires bien apprêtées.

En somme, s’il s’agit d’un film animé parodiquement intéressant (surtout par rapport à ce que l’on connait du studio Vanguard jusque-là), il n’en demeure pas moins trop balisé pour pleinement convaincre un public auquel on rabâche des parodies de féeries depuis la sortie de Shrek en 2001. Cela fait presque vingt ans que les studios d’animation réinvestissent inlassablement ce modèle sans oser prendre leur envol. Espérons que la société de production saura gagner en ambition et qu’elle se lancera enfin dans une oeuvre digne de ce nom pour dépasser le simple statut de divertissement agréable.

(c) Vanguard Animation

EDITION VIDEO

Le distributeur ESC Distribution nous a fait parvenir une copie DVD du film, copie qui a été visionnée sur un écran OLED 4K. Il est dommage que le film n’ait pas eu le droit à une sortie haute-définition, qui aurait pu permettre une meilleure appréciation du rendu graphique voulu par les équipes du film.

Image et son : Des arrières plans un peu flous mais on évite les couleurs criardes de certaines productions animées sortant en direct-to-dvd. Le manque de précisions à l’image aurait pu être travaillée avec une édition Bluray plus adaptée à une sortie animée. Pourtant, dans l’ensemble, c’est une copie soignée et une belle façon de découvrir le film.

Sur le plan des pistes sonores, le film propose de découvrir le film en VF (5.1 ou 2.0) avec des chansons traduites pour convenir au public ciblé par le film : les enfants. Mais il est intéressant d’accéder également à la version originale du film en 5.1 sous-titrée. Nous avons découvert le film par ce biais pour apprécier au mieux les chansons composées pour le long-métrage. A conseiller !

Interactivités : Quelques bandes-annonces des futures sorties vidéos du distributeur et c’est tout ! Un contenu bien maigre, que vient seulement compenser un fourreau sur l’édition DVD. Sur ce plan, peut mieux faire !

Article rédigé par Nathan.

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

1 comments On (Test DVD) Charming de Ross Venokur

  • Gentille critique pour ce film entierement developper a Montreal chez Cinesite ( leur premier Long d’animation) dans des conditions abracadabrantes.
    il a ete produit essentiellement par 3qu, se cachant derriere Vanguard https://www.3qumedia.com/about

    Il est sorti de nulle part et je suis content qu’il puisse finalement etre distribue (il est fini depuis 3 ans…), ca recompense la centaine de gens qui ont eu la joie ou la peine de travailler dessus ;)

    merci pour la critique

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