(Test DVD) Gare aux loups 2 de Vladimir Nikolaev

Depuis la sortie de The Snow queen en 2012, on n’arrête plus la production intensive de longs-métrages du côté du studio d’animation russe Wizart Animation. Après quatre opus de l’héroïne scandinave, l’équipe en charge du studio poursuit sa saga animalière avec la sortie de Gare aux loups 2 : Tous à table ! que l’éditeur ESC Distribution nous permet de découvrir en France. Véritables cartons en Russie, les films Wizart Animation ont rarement les honneurs d’une sortie sur grand écran en France (seuls les deux derniers opus de La Princesse des Glaces y ont eu droit).

Premier film en tant que réalisateur de Vladimir Nikolaev, après avoir écrit plusieurs opus de La Princesse des glaces, Gare aux loups 2 est une suite honorable qui poursuit, voire réitère, les éléments du premier opus sans en dévier. Si l’autre saga du studio n’a cessé de s’améliorer au fil des opus et de se réinventer, le constat est plus mesuré dans ce cas à cause d’un scénario vraiment réchauffé.

Synopsis : Gris et sa compagne Bianca vivent toujours heureux dans un village où loups et moutons coexistent en toute sérénité. Mais cette paisible existence est perturbée par l’arrivée de deux nouveaux habitants, un renard polaire et une charmante petite brebis. Ces arrivées, cependant, ne sont rien en regard de la menace que représente Gark, loup féroce.

(c) Wizart Animation

On prend les mêmes et on recommence, un dicton que l’équipe créative semble avoir appliqué sur cette suite réellement dispensable. Evidemment, ceux qui ont apprécié le premier film aimeront découvrir ce second volet malgré le statut quo sur lequel il se referme. Divertissement calibré pour un public ciblé, Gare aux loups 2 (tout comme son prédécesseur) n’est pas dénué d’intérêt mais aurait gagné à être plus travaillé pour pleinement exploiter son potentiel. Suite directe de la première confrontation entre les loups et les moutons, le long-métrage possède un scénario basé sur des scénettes comiques créant un rythme frénétique éloignant tout risque de voir poindre l’ennui. Alors que les séquences d’action se succèdent, les références pleuvent : le cheval de Troie en tête. A défaut de se montrer original, le film propose une aventure cohérente et dynamique.

Non, le plus dommageable dans cette entreprise animée, c’est probablement le scénario aux airs de déjà-vu qui ressasse des fils narratifs déjà utilisés lors du premier film. Une fois encore, la relation entre les loups et les moutons se corse à cause d’un loup vaguement autoritaire (difficile de le différencier de l’antagoniste précédent). Les personnages ont beau parler de la « meute des loups de l’ombre », la menace n’est qu’effleurée parce que les scénaristes ont jugé bon de régulièrement ridiculiser cette armée en question. Pourtant, on le sait : rien de tel qu’une menace d’envergure pour impliquer des spectateurs trop souvent tournés vers la dérision au détriment de l’émotion. C’est d’autant plus regrettable que le studio Wizart Animation a toujours flirté avec le registre épique aux détours de séquences enlevées qui se font rare dans ce deuxième opus.

(c) Wizart Animation

On se souvient que le premier film avait osé une séquence oniriques aux accents surréalistes et que la bataille entre les loups et les moutons s’était révélée inventive. Cette fois-ci, l’équipe créative nous abreuve de rares séquences en 2D à l’imagination débridée pour diversifier un univers graphique incertain. L’animation est d’ailleurs en dents de scie : certains moutons sont bâclés (Josie) alors que les loups sont soigneusement détaillés. Il en va de même pour les décors, entre réussites et approximations mal venues. De jour, la végétation quasi fluorescente frise l’indigestion. De nuit, les ambiances tamisées rendent le visionnage plus agréable : on pense notamment au soin apporté au camp de la meute de l’ombre. En optant pour la nuance, les animateurs effleurent le potentiel à approfondir lors des prochaines productions.

Quel dommage que les scénaristes n’aient pas fait le choix d’approfondir la psychologie des personnages déjà connus pour construire avec intelligence un propos pourtant charmant sur le libre-arbitre : en usant davantage de l’implicite (sur le plan narratif mais également sur le plan graphique), le studio Wizart Animation pourrait gagner en efficacité. En accumulant les effets trop appuyés, il peine encore à se démarquer et l’on ne saurait trop vous conseiller de privilégier le premier opus si vous souhaitez découvrir cet univers.

En somme, Gare aux loups 2 prolonge les qualités et les défauts de son premier opus. Un film à réserver à un public d’enfants qui appréciera sûrement les aventures comico-épiques des loups et des moutons du studio Wizart Animation. Reste à voir si ce deuxième opus augure une aussi longue saga que La Princesse des glaces qui en est déjà à son quatrième opus ! Si tel est le cas, il ne reste plus qu’à espérer que l’ambition des artistes à la barre du prochain sera décuplée pour proposer une véritable aventure riche en originalité.

EDITION VIDEO

L’éditeur ESC Distribution nous a fait parvenir une copie DVD du film (seule édition du film en France). Il sera d’ailleurs possible de se procurer un coffret regroupant les deux films de la saga dès le 8 octobre prochain à petit prix (l’occasion rêvée de découvrir le premier film !)

Image et son : une édition soignée avec une bonne qualité d’image qui a les défauts de ses qualités : les imperfections sont plus voyantes (à l’image des couleurs criardes qui resplendissent à l’écran). Quant au son, deux pistes sont proposées en version française 5.1 Dolby Digital ou 2.0. Le doublage français est assez cohérent, à défaut d’être épatant : les voix manquent de caractère (à l’image des personnages trop nombreux pour exister ?)

Interactivités : quelques bandes-annonces et un fourreau sont les seuls véritables bonus de cette édition assez pauvre en interactivités.

Article rédigé par Nathan

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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