(Test DVD) Terra Willy d’Eric Tosti

Il y a des studios d’animation qui requièrent toute notre attention. TAT Productions est de ceux-là. TAT ou l’excellence graphique à la française au service d’un récit ô combien traditionnel pour leur deuxième long-métrage clairement attendu. Quand les ambitions d’un studio ultra-créatif se frottent au récit d’apprentissage un brin convenu. Charmant mais déjà-vu. Après une sortie un peu confidentielle en début d’année dans les salles obscures (environ 120 000 entrées contre plus de 650 000 pour leur précédente production), le film d’Eric Tosti arrive enfin en vidéo dans une édition DVD quelque peu frustrante qui peut pourtant permettre de réparer l’échec du film en salles. Cas d’école, notre film à la française a été mangé par une production américaine (Le Parc des merveilles en avril dernier).

Synopsis : Suite à la destruction de leur vaisseau, le jeune Willy est séparé de ses parents avec lesquels il voyageait dans l’espace. Sa capsule de secours atterrit sur une planète sauvage et inexplorée. Avec l’aide de Buck, un robot de survie, il va devoir tenir jusqu’à l’arrivée d’une mission de sauvetage. En attendant, Willy, Buck et Flash, une créature extra-terrestre avec laquelle ils se sont liés d’amitié, partent à la découverte de la planète, de sa faune, sa flore… mais aussi de ses dangers.

(c) TAT Productions

Après une très belle immersion des As de la jungle sur grand écran en 2017, les studios TAT Productions nous dévoilent avec Terra Willy leur première aventure totalement originale, non reliée à une base pré-existante. Récit d’apprentissage allié à une aventure intergalactique, ce long-métrage est de toute beauté. En matière d’animation 3D, l’équipe toulousaine reste maître en la matière sur le sol français et l’apparat graphique du film n’a rien à envier à bons nombres de productions internationales. Les décors décors sont aussi chatoyants que sur leur premier film : l’équipe d’Eric Tosti ne déçoit pas sur le plan esthétique, au contraire. Avec son bestiaire inventif et coloré, la « planète » de William saura ravir les plus jeunes des spectateurs (tout comme les plus grands qui y verront des références à l’univers coloré d’Avatar de James Cameron).

Oeuvre tournée vers l’émerveillement, Terra Willy manque pourtant d’une seconde lecture plus adulte (le cœur du récit réside dans le sauvetage du jeune protagoniste mais également dans sa relation avec ses nouveaux amis : Buck le robot et Flash l’extra-terrestre mignon). C’est d’autant plus dommage que les références disséminées au fil du scénario sont destinées aux plus cinéphiles d’entre nous (à l’image de la séquence Rambo-esque dans le dernier tiers du film). En faisant le choix d’une histoire convenue reprenant les codes habituels de l’initiation enfantine, l’équipe créative s’empêche d’atteindre des sommets de réussite. L’originalité que l’on savourait tant sur Les As de la jungle n’est plus aussi féroce qu’auparavant….

(c) TAT Productions

Même si tout est cousu de fil blanc sur Terra Willy, on apprécie le sens de la mise en scène épique que l’on goûtait déjà avec plaisir sur les précédentes productions des studios. Les scènes d’action sont parfaitement réalisées et rythment un scénario à la dramaturgie anémique tourné vers l’émotion. On se laisse prendre au jeu de la relation touchante entre William et ses nouveaux amis : Buck le robot au cœur gros ou Flash, un ami extra-ordinaire au charme fou. Profondément humain, le long-métrage de TAT Productions conte son récit avec sentimentalisme à défaut de se révéler aussi singulier qu’espéré.

En somme, Terra Willy est une aventure touchante au graphisme irréprochable à proposer au jeune public. Même si l’ensemble demeure trop inoffensif et balisé pour réellement plaire à un autre public, le film est une belle aventure qui comblera à coup sûr sa cible sans l’abrutir. N’est-ce pas le plus important ?

EDITION VIDEO

Le distributeur M6 Video nous a fait parvenir l’édition DVD du film (seule option possible sur le marché français pour (re)découvrir le film chez soi), copie qui a été visionnée sur un écran OLED 4K.

Image et son : L’image manque souvent de précision (notamment sur les arrières plans) et les couleurs sont parfois un peu ternes : un comble lorsque l’on sait que l’esthétique du film est sa force première et que les jeux sur la perspective s’amoncèlent au fil du métrage. Comme toujours, ces défauts sont à imputer à une édition basse définition frustrante qui ne permet pas d’exploiter pleinement les qualités des studios TAT Productions. La popularité des As de la jungle lui avait permis d’obtenir une édition haute-définition…

Sur le plan sonore, c’est parfait. Les musiques, les dialogues et les bruitages sont parfaitement mêlés dans deux pistes Dolby intéressantes (2.0 ou 5.1).

Interactivités : une édition un peu brève qui cible prioritairement les enfants (comme le film, finalement)

  • Un making-of mené par Buck, le robot au cœur du film. Une forme originale et interactive qui revient sur les étapes de création d’un film. Une dizaine de minutes (un peu rapide) très pédagogiques. L’occasion de voir des dessins préparatoires, le doublage, l’écriture du scénario, etc. Et de rendre les étapes de création d’un film accessibles au public ciblé.
  • La bande annonce du film : bonus fort dispensable.

Article rédigé par Nathan

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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