(Critique) Chien Pourri, la vie à Paris de Davy Durand

Voici venir l’heure de Chien Pourri sur grand écran par le biais d’un programme d’animation compilant cinq épisodes de la série télévisée diffusée depuis cet été sur France 3 : Chien Pourri et ses amis, Les puces de Chien Pourri, Chien Pourri à la mer, Chien Pourri en Amérique et L’étoile de Chien Pourri. A l’image des programmes de courts-métrages pour le jeune public qui apparaissent souvent dans les line-up des salles obscures, Chien Pourri, La Vie à Paris propose de divertir durant une soixantaine de minutes les plus jeunes grâce à des personnages drôles et un graphisme léché. Retour sur cette belle sortie animée chapeautée par Davy Durand en collaboration avec Vincent Patar et Stéphane Aubier (les créateurs de l’hilarante saga en stop-motion, Panique au village).

Résumé : Il était une fois un chien parisien, naïf et passionné appelé Chien Pourri. Avec Chaplapla, son fidèle compagnon de gouttière, Chien Pourri arpente les rues de Paris la truffe au vent. Peu importe les catastrophes qu’il provoque, Chien Pourri retombe toujours sur ses pattes ! Tant et si bien que les autres chiens commencent à trouver ça louche. La folle aventure de Chien Pourri et ses amis pour faire découvrir la poésie de Paris aux tout-petits !

© Chien Pourri – 2020 – Folivari / Dandelooo / Panique / Pikkukala / Shelterprod / Corporació Catalana de Mitjans Audiovisuals, SA / RTBF (télévision belge)

Qui dit programme compilatoire dit intrigues distinctes, mais l’équipe créative a veillé à proposer l’expérience la plus liée possible en choisissant comme épisode inaugural la première rencontre entre Chien Pourri et son meilleur ami, Chaplapla pour introduire les non-initiés à l’univers de ce chien si naïf. De plus, les cinq épisodes sont reliés par de courtes scénettes quasiment abstraites réduisant les deux amis à des formes géométriques se poursuivant sur un fond beige. Le lien est ténu mais il a le mérite d’exister. Les cinq récits sont assez différents mais ils sont tous inaugurés par la naïveté désarmante du protagoniste principal : un rien l’enthousiasme (notamment lorsqu’il croit voyager à New York alors qu’il se trouve toujours à Paris ou lorsqu’il confond des flocons de neige avec des étoiles) pour le plus grand bonheur des jeunes spectateurs qui apprendront à apprécier leur environnement quotidien. Ne serait-il pas préférable que nous parvenions à nous émerveiller d’un rien ? 

Plus réfléchi (ou terre à terre?), Chaplapla incarne souvent l’exact opposé de son ami insatiable. Le décalage entre les personnages amorce l’humour propre à la série : tandis que Chien Pourri accuse le chat d’avoir trop d’imagination, le spectateur ne peut que se rire de la véritable situation faisant du chien-serpillière le plus imaginatif des deux. Gorgée d’humour, la série de Folivari peut compter sur une palette de personnages récurrents pour faire rire les jeunes spectateurs, à l’image des deux « ennemis » de Chien Pourri, cherchant continuellement à déceler la source de son pouvoir qui n’est autre que sa naïveté. Prosaïquement, Chien Pourri entend des « voix » dans la seconde aventure de ce programme, ce que Chaplapla prend évidemment pour sa conscience alors qu’il s’agit de puces ayant élu domicile sur la tête de l’animal. 

© Chien Pourri – 2020 – Folivari / Dandelooo / Panique / Pikkukala / Shelterprod / Corporació Catalana de Mitjans Audiovisuals, SA / RTBF (télévision belge)

Sans jamais dépasser son statut de divertissement pour un public cible, Chien Pourri, La Vie à Paris n’en demeure pas moins charmant parce qu’il profite de personnages au fort capital sympathie mais également d’une esthétique griffonnée fort à propos. Donnant au chien l’allure d’une serpillière, l’animation 2D est savoureuse toutes proportions gardées car nous sommes face à une série pensée pour une diffusion télévisée. Auréolée d’une ambiance visuelle et musicale typiquement parisienne (d’ailleurs, l’un des personnages, Bernard, porte un béret : on ne pouvait pas faire plus stéréotypé), la production finit de convaincre. Alors, qu’attendez-vous pour y emmener vos enfants ?

En somme, Chien Pourri, La Vie à Paris plaira assurément au public qu’il prétend conquérir en l’invitant à poursuivre les aventures de ce chien si naïf par le biais de la série télévisée. Drôle, charmant et dynamique, le programme compilatoire fera passer une heure réjouissante à ses spectateurs, d’où les honneurs d’une sortie en salles.

Et parce que nous avons eu un véritable coup de coeur pour cette série made in France, nous vous réservons de futurs articles au sujet de ce chien naïf ! Restez connectés :)

Critique rédigée par Nathan

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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