[Critique cinéma] Les Schtroumpfs 2.

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La nouvelle mouture ultra modernisée des petits hommes bleus avait divisé la critique lors de sa première incursion sur les grands écrans en 2011. Pourtant, Les Schtroumpfs premier du nom était une relecture attirante et dynamique sachant réinventer les codes de la BD pour embarquer les spectateurs (parents et enfants) dans une aventure surprenante ! Si le film n’avait rien d’une extraordinaire réussite, son pouvoir divertissant était intact grâce à des idées originales telle que l’arrivée tonitruante des schtroumpfs au sein du monde réel. Notre curiosité de découvrir le second cru de ces êtres magiques en CGI était donc assez vive, d’autant plus que les petits êtres chanteurs allaient s’installer le temps d’une rescousse au cœur de notre ville lumière : Paris.

Et pourtant… Là ou l’originalité et la folie douce du premier opus faisaient mouche, la réutilisation des mêmes ressorts dans cette seconde aventure lasse. Une nouvelle fois, une bande de schtroumpfs doit aller à la rescousse d’un des leurs (en l’occurrence la schtroumpfette qui découvre le pouvoir obscur de la force) et fait appel au secours d’un couple, désormais parents, d’humains étonnamment déconnectés du monde réel. On connaissait Neil Patrick Harris inspiré, nous le connaissons désormais désabusé tant les répliques qu’il prononce semble l’ennuyer au plus haut point : et nous par la même occasion ! Les enfants passeront probablement un bon moment, mais si vous avez quitté les bancs de l’école primaire vous risquez de ne trouver guère de satisfactions dans cette accumulation de scènes pathétiques. Par ailleurs, le film aurait pu être appelé Gargamelmania que les spectateurs n’auraient pas été surpris tant le show d’Hank Azaria est au centre du scénario, rivalisant de grimaces et de pitreries plus ridicules les unes que les autres. Évidemment, ce personnage hors du commun était drôle dans le premier film mais à trop vouloir user la corde, on se retrouve avec un Azrael possesseur d’une page Facebook… c’est dire ! Ne comptez pas non plus sur les deux nouveaux personnages de la franchise, Vexy et Hakus pour apporter une touche d’originalité, qui sont cernés dès leur première apparition et font office de faux méchants, souvent vulgaires qui plus est dans le cas d’Hakus l’heureux imbécile dont on cherche encore la raison d’être.

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Vouloir intéresser la jeune génération évoluant dans une technologie de pointe n’est pas une mauvaise idée, mais il ne suffit pas d’accumuler tablettes et schtroumpfs spécialistes des réseaux sociaux pour réaliser un film moderne et efficace. Heureusement, si l’écriture est ratée le film s’en sort mieux au niveau de l’animation. L’intégration des petits êtres bleus à notre univers réaliste est parfaite et les scènes d’actions mettent en valeur le patrimoine de la ville lumière, on pense notamment à l’agréable course en cigogne entre les structures de Notre-Dame de Paris, ou même les expressions humanisées du chat Azrael !  De plus, si le film n’a rien de mémorable (on ne parle même pas des scènes entre les acteurs en prises de vues réelles qui repoussent sans cesse les limites du ridicule, frôlant parfois le direct-to-dvd), il parvient à être assez rythmé pour tenir éveiller ses spectateurs grâce à une 3D relief réellement épatante qui saura ravir tous les inconditionnels des jaillissements qui sont légions : marque de fabrique du simple divertissement.  3D relief qui est aussi l’occasion d’offrir une charmante introduction (qui fait d’autant plus rager qu’elle annonce un film joliment mené qui n’arrivera jamais) sous forme de livre pop-up si apprécié des enfants. En somme, Les Schtroumpfs 2 sera vite oublié par les jeunes spectateurs qui ne s’ennuieront pas mais ne demanderont probablement pas de se le repasser inlassablement à la maison (vous êtes sauvés !).

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A l’image de cette grande roue de fête foraine qui se promène librement dans les rues de Paris avec un Gargamel affligé en son sein, Les Schtroumpfs 2 est un film qui marche en roue libre à cause d’un scénario trop similaire au premier film et à des protagonistes inexistants. Seule l’équipe en charge de l’animation, chez Sony Pictures Animation, est à féliciter. Dire que cinq scénaristes ont travaillé d’arrache-pied pour fournir ce divertissement basique… Hollywood, reprenez-vous !

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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