(Critique) Enzo le croco de Will Speck & Josh Gordon

Privés de film musical estampillé Disney en cette fin d’année (Avalonia sera seulement diffusé sur Disney + à une date indéterminée et ne sera pas une comédie musicale), Sony Pictures nous offre notre dose de rythmes endiablées avec Enzo le croco (Lyle, Lyle, Crocodile en VO) ! Adapté d’une série de romans à succès écrits par Bernard Waber, ce long-métrage mêle prises de vue réelles et incrustations numériques pour donner vie à un crocodile humanisé en quête d’une famille. Si l’on ajoute à cela l’implication vocale et musicale du chanteur phénomène Shawn Mendes, on obtient une production calibrée pour ravir un public familial en cette fin d’année !

Résumé : Quand la famille Primm déménage à New York, leur jeune fils Josh peine à s’adapter à sa nouvelle école et à ses nouveaux camarades. Tout cela change quand il découvre Enzo – un crocodile chanteur qui aime les bains et le caviar – et qui vit dans le grenier de sa nouvelle maison. Enzo et Josh deviennent rapidement amis, mais lorsque l’existence de l’insolite crocodile est menacée par leur diabolique voisin, M. Grumps, les Primm s’allient avec Hector P. Valenti, le propriétaire d’Enzo, afin de prouver au monde qu’une famille peut toujours s’improviser, et qu’il n’y a aucun mal à intégrer un grand reptile mélomane, doté d’une personnalité haute en couleur et d’une incroyable voix.


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On connaît l’histoire : un animal en CGI rencontre un jeune personnage solitaire et l’aide à s’ouvrir au monde au gré d’une aventure sur grand écran. Enzo le croco ne déroge pas à la règle tout en parvenant à provoquer l’émotion si essentielle à l’attachement aux personnages. Dès son entrée en scène, le crocodile numérique se révèle émouvant (et comment ne pas craquer devant ce design numérique ?) dans son incapacité à formuler ses pensées. Il rencontre alors un magicien opportuniste (campé par un Javier Bardem plus excentrique que jamais) et embarque pour une quête de « gloire » tuée dans l’oeuf par la timidité de l’animal. Surgissent alors Josh, un jeune collégien solitaire, et sa famille recomposée autour d’une belle-mère soucieuse de bien faire.

Film de famille pour les familles, Enzo le croco atteint sa cible en donnant de l’espace à ses personnages humains au contact du reptile. Loin des projecteurs, l’animal de « compagnie » de Josh s’épanouit et justifie à lui seul l’existence de ce film. Les animaux chanteurs peuplent le grand écran depuis plusieurs années (n’est-ce pas Tous en scène ?) mais l’accent est mis sur l’émotion dans le film de Will Speck & Josh Gordon, sans que l’humour soit oubliée en cours de route. On rit des réactions cartoonesques des membres de la famille découvrant successivement le crocodile, on s’amuse des échappées nocturnes de la chatte excentrique (Loretta) du voisin et on s’esclaffe devant les erreurs touchantes d’Enzo (les enfants dans ma salle étaient hilares lors de la scène de cuisine partagée avec une Constance Wu visiblement ravie de participer au projet !)

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Musicalement, le film ne déçoit pas, en en faisant même l’un de ses principaux arguments marketing. Les partitions originales du duo derrière les airs fédérateurs de The Greatest Showman sont finalement peu nombreuses (l’une d’entre elles revenant inlassablement au fil du récit) mais ne manquent pas d’intensité (les chansons sont traduites en version française et le doubleur du crocodile s’en tire avec les honneurs !) Importantes parce qu’elles incarnent l’intériorité du personnage principal qui ne s’exprime qu’en chanson, elles auraient néanmoins mérité une plus grande diversité instrumentale pour surprendre un public plus expérimenté et la maestria musicale du film sur Phineas Taylor Barnum n’est pas réitérée. Le jeune public s’éprendra évidemment de ce reptile chanteur tandis que les plus grands regretteront le chemin quelque peu balisé jusqu’à un climax rapidement envisagé.

En somme, Enzo le croco est le divertissement calibré auquel on s’attendait, ni plus ni moins. Autour d’une intrigue cousue de fil blanc qui fait la part belle à la chaleur humaine d’un foyer, les compositions calibrées de Benj Pasek & Justin Paul déploient tout le capital sympathie du long-métrage. On rit, on danse sur son fauteuil et on s’émeut de la relation amicale qui naît entre Josh et Enzo… 

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Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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