(Critique) La course au miel d’Anna Blaszczyk

Et soudain, un petit film d’animation polonais surgit sur nos écrans en contre-programmation de l’autre sortie animée de la semaine, Mars Express. Tandis que le film de Jérémie Périn s’adresse à un public adulte, La Course au miel convie les plus jeunes à suivre un jeune ours et son père dans une aventure solaire, à la recherche de pots de miel pour fêter un anniversaire. L’innocence narrative du récit s’allie à une animation modeste pour conquérir son public en cette fin d’année. Le premier long-métrage d’Anna Blaszczyk est dérivé d’une série de 52 épisodes intitulée Hug me, mais aussi d’un livre pour enfants, Fais-moi un câlin ! écrit par Przemyslaw Wechterowicz et Emilia Dziubak.

Résumé : Un papa ours et son ourson Teddy partent à la recherche de miel pour préparer un gâteau d’anniversaire. Ne trouvant rien aux alentours, Teddy convainc papa ours de partir à la recherche de l’Eldorado, un lieu magique qui abriterait une source inépuisable de miel.

(c) Eurozoom

On est en terrain connu : le métrage s’ouvre par une séquence musicale naïve contant le quotidien des animaux d’une forêt idéalisée. L’animation 2D, singeant des formes découpées, se révèle chaleureuse et parfaitement taillée pour toucher le jeune public qui s’entichera de la relation père-fils mise en scène dans le film. L’ambition des graphismes est modérée mais cela s’explique par la continuité voulue par l’équipe créative avec la série télévisée. Point de révolutions graphiques ou de plans qui surprennent outre mesure, mais une mise en images tout en douceur qui mettra du baume au coeur au public. Au coeur d’une forêt verdoyante et chatoyante, les gentils animaux s’amusent et vivent au rythme de leurs facéties. Mais c’était sans compter la disparition des réserves de miel !

La surprise est de taille lorsque le monde des humains fait son entrée et qu’une dimension plus caustique pointe le bout de son nez dans une histoire jusqu’alors balisée. Le jeune ourson téméraire prouve à son père craintif qu’il a toutes les armes pour s’occuper de lui-même et rivaliser avec les dangers du monde. Véritable récit d’apprentissage et d’émancipation, La Course au miel soulève même parfois des questions importantes et des conceptions du monde justement opposées. Lorsque Teddy demande à son père s’il a déjà vu la faim, il lui prouve que cela ne l’empêche pas d’exister. Par A+B, il le convainc de l’existence de l’Eldorado, terre promise recherchée par les deux animaux. Eldorado qui se révèle être un centre commercial humain regorgeant de miel (clin d’oeil satirique envers la surconsommation ?)

(c) Eurozoom

Vous l’aurez compris, La Course au miel est une aventure conviviale et efficace pour le public auquel elle s’adresse, faisant de la pédagogie à travers une histoire accessible. Il y est question des dangers de la vie naturelle mais aussi des apprentissages de vie permettant aux jeunes gens de prendre leur envol. Simple, mais efficace !

En salles françaises le 22 novembre via Eurozoom.

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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