(Critique) Mystère sur la colline aux gâteaux de Will Ashurst

L’univers de la Colline aux gâteaux s’étend après un premier long-métrage (un brin anecdotique) sorti en 2019 et réalisé par Lise Osvoll. Mais cette fois-ci, Clara, vache citadine devenue rurale en quittant le domicile maternel pour la ferme paternelle, prend la casquette d’enquêtrice dans Mystère sur la colline aux gâteaux. Un second film divertissant à souhait qui se révèle être une amusante parodie des romans d’Agatha Christie auréolée d’une conscience écologique bienvenue. Un divertissement calibré qui a le mérite de pouvoir être apprécié par l’ensemble de la famille, entre son enquête émouvante et ses clins d’oeil savoureux. 

Résumé : La ferme de la Colline aux Gâteaux est en crise, aucune récolte ne pousse… Heureusement, Albert, célèbre inventeur de la région, a mis au point une nano-graine révolutionnaire qui peut résoudre le problème. Au cours du voyage de présentation de son invention à bord de son train-laboratoire high-tech, son inestimable graine est volée. Le voleur est parmi eux ! Clara et Gavin uniront leurs forces à celles de la célèbre détective Agatha Christensen pour démasquer le coupable et assurer l’avenir de La Colline aux Gâteaux.

Copyright Qvisten Animation AS

Tandis que le père bovin de Clara se désespère des mauvaises récoltes dans ses champs, les promesses technologiques d’un inventeur porcin font miroiter un espoir aux agriculteurs démunis. La science peut-elle sauver l’esprit réfractaire d’une planète abimée ? Super Graine X, l’association de la nanotechnologie et de la génétique est la promesse de faire germer à peu près n’importe quoi dans un sol infertile. Entre Clara et son père, le désaccord est net : faut-il accueillir la nouveauté à bras ouverts ou la rejeter ? Deux conceptions du monde s’opposent, et le mystère surgit lorsque la fameuse graine révolutionnaire disparaît ! 

Commence alors l’enquête à hauteur d’enfants – mais jamais infantilisante – du Mystère sur la colline aux gâteaux. La lapine Agatha Christi(n)e est appelée en renfort – le pastiche des romans de la célèbre auteur anglaise est ouvertement assumé – et les indices s’amoncèlent. Même si le film de Will Ashurst s’amuse des poncifs du genre du whodunit (remis sur le devant de la scène par le succès des films « A couteaux tirés » de Rian Johnson), il sait prendre au sérieux son histoire autour de personnages bien définis et d’émotions efficaces. Tout y passe : les fausses pistes, les retournements de situation et les flash-backs explicatifs pour révéler les coulisses du plan de l’antagoniste. Un plan teinté d’émotion, reliant les thématiques du film aux motivations du personnage agissant dans l’ombre. On suit avec plaisir l’enquête de Carla, Gautier et Agatha, y compris dans un court numéro musical qu’ils partagent pour entamer leur enquête avec entrain. 

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Mieux encore, l’animation 3D plutôt soignée et la variété des décors ainsi que des éclairages entretiennent constamment l’attention des spectateurs, d’autant plus que la brève durée du film (moins de 70 minutes) est une qualité : point de scènes inutiles à bord du train technologique. Et même si les rebondissements scénaristiques sont parfois un peu simples et attendus par un public averti, les beaux messages portés par cette histoire animalière en font une fable de qualité. Porteur d’espoir sur l’avenir de l’agriculture et de la planète, Mystère sur la colline aux gâteaux est une oeuvre qui rend justice à ses personnages et ses messages y compris dans son étude de la célébrité. A trop idéaliser certaines personnes, on en oublie leur part de mystère, mais nous n’en dirons pas plus !

Au final, le film de Will Ashurst est une agréable surprise à mi-chemin entre le récit d’apprentissage et le whodunit. Doté d’un propos contemporain sur l’usage (raisonné ou non) des nouvelles technologies, Mystère sur la colline aux gâteaux embarque l’ensemble du public à son bord pour un voyage fait de rires, démotion et de clins d’oeil astucieux.

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En salles le 22 mai via Alba Films

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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