(Sortie vidéo) Dounia et le grand pays blanc d’André Kadi

Après son départ de la Syrie dans un premier film profondément touchant, et qui ne cherchait pas à mentir sur la cruelle réalité des enfants vivant dans un pays en guerre, la jeune Dounia s’acclimate peu à peu au Québec, sa terre de refuge, dans un second film bref (moins de soixante minutes). Avec sa sortie en vidéo le 16 juillet prochain via l’éditeur Blaq Out, l’heure est venue pour nous de revenir sur ce conte d’exil aux couleurs de l’espoir. 

Résumé : Après Dounia et la Princesse d’Alep, les aventures de Dounia, petite fille aux éclats d’étoiles dans les cheveux, se poursuivent dans son pays d’adoption : le Canada. Entourée de ses grands-parents et de son amie Rosalie, elle affronte de nouveaux défis : le froid mordant de l’hiver et une nouvelle culture jusqu’alors inconnue. Plus que jamais, Dounia est convaincue que les battements de son cœur guideront le retour de son père jusqu’à elle…

(c) Haut et court

Dans Dounia et le grand pays blanc, l’animation sert de passerelle délicate entre douleur et douceur, exil et accueil, mémoire et transmission. À travers les yeux d’une fillette syrienne débarquant au Québec avec ses grands-parents (devant, eux aussi, composer avec les difficultés posées par l’expatriation à l’image d’une nouvelle langue à appréhender), le film nous livre un récit tout en finesse sur la migration, l’intégration et la quête d’identité. Une voix off accompagne l’arrivée de Dounia, filant la métaphore du voyage intérieur aussi bien que géographique. Venue de Syrie, elle atterrit dans un univers inconnu, enneigé et multiculturel, où les repères doivent se reconstruire : nouvelle langue, nouveaux visages, nouveaux codes. Malgré ces difficultés, le film choisit de ne pas s’enliser dans le drame. Les embûches sont peu nombreuses, ce qui peut sembler naïf, mais cela correspond à la cible : un jeune public, pour qui le film — d’à peine une heure — reste parfaitement accessible.

A vrai dire, ce qui fait la richesse du récit, c’est la rencontre : Dounia découvre d’autres cultures, notamment celle des premiers peuples de ce qui est aujourd’hui l’Amérique, en la personne de Meguizou et de sa grand-mère. Cette dernière, figure sage et bienveillante, a connu la guerre dans sa propre enfance. Elle transmet à Dounia un message fort : les « cœurs » peuvent rassembler les êtres, au-delà des frontières, des conflits et des traumatismes. Dans une scène centrale, Dounia chante un message à son père resté en Syrie, sur fond de paysages dévastés. C’est simple, peut-être un peu kitsch dans le choix musical, mais profondément touchant. L’animation, modeste mais expressive, rappelle le style de Hola Frida : des traits naïfs et des couleurs tendres qui servent à merveille la portée poétique du film.

(c) Haut et court

« Dounia », qui signifie « monde », incarne cette volonté d’ouverture et de dialogue inter-culturel. Le film est un conte moderne, sans prétention, mais avec une belle humanité. Il ne cherche pas à tout dire, ni à tout montrer de la violence du déracinement, mais il offre aux enfants une première approche du sujet, avec douceur et espoir. On en ressort le coeur empli d’optimisme quant à l’avenir…

Dounia et le grand pays blanc est un film d’une tendresse évidente qui réchauffe les coeurs grâce à ses valeurs universelles. Parfaitement adapté au jeune public qu’il entend rassurer sur le multiculturalisme, il offre une suite lumineuse qui mise sur la diversité culturelle, le partage, la nature et la magie de l’hiver. Empli d’espoir et d’apaisement, le film est un brin naïf sur l’état de notre monde mais il préfère voir la richesse dans ce que les médias nous présentent comme une faiblesse. 

Du côté des bonus, les enfants pourront prolonger leur découverte du folklore québécois, à l’honneur dans le film, au fil de trois contes racontés par Marya Zarif, face caméra. Au programme, « Nanuk, le grand ours blanc », « La première sirène du monde » et « L’histoire du coeur et du tambour ». Une belle idée de complément sur le disque, qui résonne parfaitement bien avec les légendes contées dans le film d’André Zadi.

Rendez-vous le 16 juillet dans toutes les enseignes habituelles pour vous procurer le DVD du film !

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

Laisser une réponse:

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Site Footer