(Sortie vidéo) Hola Frida d’André Kadi & Karine Vézina

Célébrer l’art d’une grande figure du XXème siècle en recourant aux merveilleuses possibilités de l’animation, voilà un beau projet concrétisé dans le long-métrage Hola Frida de André Kadi & Karine Vézina qui vient de rejoindre les bacs dans une édition DVD assez sommaire cette semaine. Et même si le film s’adresse avant tout à un jeune public, d’autant plus que la galette vidéo ne comporte pas de bonus, il offre de beaux instants et un bel hommage à l’intrigante et prolifique Frida Kahlo à l’honneur dans le film.

Résumé : C’est l’histoire d’une petite fille différente. Son monde, c’est Coyoacan au Mexique. Pétillante, vibrante, tout l’intéresse. Et lorsque les épreuves se présentent, elle leur fait face grâce à un imaginaire débordant. Cette petite fille s’appelle Frida Kahlo !

Le long-métrage animé Hola Frida, qui s’adresse manifestement à un jeune public en priorité en se focalisant sur les jeunes années de l’artiste, semble vouloir rendre hommage à cette icône mexicaine rendue célèbre par son existence torturée et ses oeuvres exprimant des blessures intimes, mais le résultat laisse un goût d’inachevé. Le film, visuellement efficace (tout en restant modéré dans son ambition graphique 2D) mais émotionnellement distant, peine à capturer la passion et la douleur qui ont façonné la vie de l’artiste. En traitant frontalement ses obstacles physiques dans son enfance, à l’image d’un handicap sur l’une de ses jambes, le long-métrage s’attarde peut-être davantage sur son rapport aux autres enfants et à sa famille qu’à son art (encore balbutiant, c’est évident).

On a l’impression d’assister à une reconstitution sage et scolaire, plutôt qu’à une véritable plongée dans l’univers tourmenté de l’artiste, cela se comprenant par le public visé par l’entreprise cinématographique. Néanmoins, de beaux clins d’oeil à ses toiles et à ses intentions artistiques parsèment le métrage et invitent les plus grands spectateurs à plonger dans une histoire à hauteur d’enfants. Côté mise en scène, quelques jolis plans tentent de rappeler l’imaginaire pictural de l’artiste, mais cela reste souvent décoratif, sans lien organique avec le récit. C’est aussi dans son recours à la personnification de la mort, personnage poursuivant la future artiste dans sa jeunesse, que le long-métrage surprend davantage. Quand il assume la dimension tragique de la vie de cette artiste martyrisée par la vie, Hola Frida trouve son ton et s’éloigne des simples considérations enfantines sur le monde.

En somme, Hola Frida n’est pas un mauvais film, mais il manque cruellement du souffle singulier qui fait des oeuvres de Kahlo des oeuvres singulières. Le film est un biopic qui se contente d’offrir une enfance comme une autre, sans jamais provoquer d’émotion forte ni révéler quoi que ce soit de nouveau sur son sujet. Pour un film consacré à une femme aussi vibrante, on aurait espéré un peu plus de folie, notamment dans l’esthétique du projet qui reste bien sage. Les plus jeunes passeront un agréable moment tandis que les plus grands s’ennuieront un peu devant ce divertissement poli.

Le DVD du film (seule version disponible sur le marché français) est arrivé cette semaine dans toutes les enseignes habituelles via Blaq Out.