(Sortie vidéo) Mon Ninja et moi 2 d’Anders Matthesen & Thorbjorn Christoffersen

Trois ans après la présentation du premier opus au festival d’animation d’Annecy, Mon Ninja et moi 2 débarque en vidéo sur le territoire français. Privée d’une sortie en salles après de multiples reports à mettre sur le compte de la pandémie, la production danoise a tout de même le droit à une édition haute-définition que l’éditeur Koba Films nous a fait parvenir. L’occasion rêvée de vous parler de ce film rempli d’action qui s’adresse aux fans du premier opus, même si les saveurs d’antan (en partie dues à la surprise de la découverte) ne sont plus…

Résumé : Thaïlande. Faute de preuve, l’impitoyable fabricant de jouets Phillip Eppermint est sur le point de sortir de prison. C’est à ce moment que l’étonnante poupée à carreaux réapparait dans la vie du jeune Alex. Toujours habitée par l’esprit vengeur du ninja Taïko Nakamura, elle veut que justice soit faite. Ensemble, ils se lancent dans une dangereuse mission qui les mènera au cœur de Bangkok à la poursuite d’Eppermint…

On prend les mêmes et on recommence ? Si la première aventure du ninja réincarné dans une poupée de chiffon s’était révélée être une bonne surprise malgré une animation perfectible, cette fois-ci, le scénario peine à légitimer l’existence du film au-delà d’arguments purement commerciaux (après tout, le premier opus a été un véritable succès au Danemark lors de sa sortie). Fait dans la foulée, le long-métrage ressemble beaucoup à son aîné à l’exception près que les protagonistes embarquent pour la Thaïlande et que les décors se révèlent plus variés (de l’euphorie nocturne de Bangkok aux plages de rêve thaïlandaises). Avec les mêmes enjeux (mettre un terme aux affaires de Phillip Eppermint qui revient dans l’échiquier), les mêmes propos sur notre société (les régimes sans gluten, les réseaux sociaux, pour n’en citer qu’une partie) et les mêmes faiblesses graphiques : Mon ninja et moi 2 est une œuvre formée dans le même moule mais elle parvient néanmoins à embarquer le public visé dans une aventure frénétique.

Dès l’introduction, on retrouve le goût de l’équipe créative pour le second degré avec une vue paradisiaque sur les plages asiatiques qui se révèlent n’être qu’un panneau d’affichage au beau milieu d’un espace aux couleurs ternes. Seule véritable nouveauté du long-métrage, le cadre spatio-temporel pallie l’absence de prise de risques sur le plan narratif. Si ce n’est le demi-frère d’Alex qui gagne en épaisseur en se rapprochant de son nouveau frère, les autres personnages s’enlisent dans les caractérisations d’hier. C’est d’autant plus frustrant que le récit nous inflige des sous-intrigues redondantes, comme celle de la relation amoureuse du personnage principal avec une jeune fille de son collège qui parasite le premier tiers du scénario. Il faut aussi compter sur des chansons urbaines sous-titrées en VF pour compléter ce récit un brin anecdotique.

Fort heureusement, comme dans le premier film, l’intrigue conserve un goût certain pour le réalisme de ses décors et intrigues. Au fil de la comédie d’action purement 90’s qu’est le film, la violence est toujours présente même si les réalisateurs la contournent avec ingéniosité : le ninja est notamment éventré puis démembré mais puisqu’il est composé de matières plastiques ou alimentaires, on en rit ! Le ninja constitue d’ailleurs l’attrait principal du film puisqu’il dynamise avec enthousiasme les séquences les plus inventives : il faut le voir déambuler dans les rues de Bangkok pour éveiller notre intérêt. On retrouvera sûrement NC dans une future aventure, le film se clôturant par une sentence sans équivoque : « J’attends tous nos futurs ennemis » dit-il alors qu’il arbore son nouveau costume flamboyant.

Vous l’aurez compris, Mon ninja et moi 2 vous plaira sans aucun doute si vous avez apprécié la première aventure d’Alex et NC. Toutefois, sachez que vous mettez les pieds dans un ersatz du premier qui en reprend les principaux éléments pour étirer une recette (qui perdurera ?) Plutôt drôle, rythmé et dépaysant, le long-métrage danois est parfaitement adapté à une sortie en direct-to-video (sur le sol français).

EDITION VIDEO

Nous remercions Koba Films pour l’envoi de l’édition haute-définition du film qui a été visionnée sur un écran OLED 4K de 65 pouces.

Image & son : une belle image soignée aux éclairages contrastés : l’imagerie d’origine n’étant pas la plus éloquente qui soit à cause d’une animation un brin lissée sur les personnages, le transfert vidéo ne peut faire des miracles. Mais on découvre avec plaisir le film et l’on décèle, de ci de là des imperfections graphiques qui peinent à convaincre les amoureux d’animation ciselée que nous sommes. A vrai dire, l’image est plus convaincante dans l’obscurité avec une belle restitution des contrastes lors de la scène d’action finale dans une forêt thaïlandaise foisonnante.

Du côté du son, le disque propose du DTS-HD Master Audio 5.1 pour la piste française mais également pour la piste originale sous-titrée. Peu de choses à dire sur ces pistes qui se valent et apportent une densité indéniable à la Thaïlande parcourue par les personnages. Qu’il s’agisse des scènes d’action ou des pérégrinations au coeur de rues animées, les basses sont mises à profit pour restituer avec réalisme l’univers diégétique.

Interactivités : à part quelques bandes-annonces d’autres productions distribuées par Koba Films, le disque est bien pauvre en contenu pour poursuivre la découverte du film.

Le constat est donc simple : si vous avez apprécié la première aventure d’Alex et NC, vous ne serez pas dépaysé par cette seconde intrigue d’autant plus qu’elle reprend les grandes lignes de son aînée. Le film étant privé d’une sortie en salles, vous devrez évidemment passer par la case vidéo bien que l’édition se révèle un brin avare sur le contenu interactif… Il aurait été de bon ton de retrouver ne serait-ce qu’une interview des réalisateurs du projet pour entrer un peu plus dans le processus créatif.

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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