(Test Blu-ray) Le Parc des merveilles de Dylan Brown & David Feiss

Parfois, l’on juge trop rapidement un film. Lorsqu’il est sorti en avril dernier en France, Le Parc des merveilles semblait proposer un spectacle convenu et peu inspiré à en croire les bandes-annonces. Et pourtant, sans le savoir, nous passions à côté d’une belle œuvre animée au propos charmant. Le film des studios Ilion Animation (basés en Espagne) est une beauté visuelle dont il serait dommage de se priver ! Avec la sortie en vidéo du film (le 21 août prochain), il est désormais temps de l’apprécier à sa juste valeur et de constater que les studios espagnols ont désormais les capacités de rivaliser avec les plus grands (du moins sur le plan technique).

Synopsis : June et sa maman ont inventé un parc merveilleux, tenu par des animaux, où un grand singe est capable, grâce à un crayon magique, de dessiner et donner vie à n’importe quelle attraction. Cependant, la maman de June tombe gravement malade, quitte la maison et June laisse de côté son imagination. Un jour, le parc apparaît en ruine, à la merci de singes en peluche destructeurs et d’une étrange force maléfique planant dans le ciel. Aidée par les animaux, June va tout faire pour lui redonner vie.

(c) Paramount Animation

On s’en doutait, le long-métrage est un véritable appel à l’imaginaire débridé. La relation touchante liant June à sa mère est la porte ouverte à des attractions inventives qui jalonnent le Parc des merveilles dont il est question au fil du scénario. Parc imaginaire qui se matérialise sous un jour inquiétant lorsque June perd sa route existentielle. En quête de soutien après le départ de sa mère – autre force du film : sa maturité – la jeune fille s’embarque littéralement dans une aventure en quête d’elle-même. Ce genre de quête initiatique abonde au cœur du cinéma d’animation, et pour cause : aujourd’hui, les enfants sont soumis à d’innombrables épreuves qu’il leur faut affronter à leur façon. Pour June, c’est au Parc des merveilles.

Évidemment, cela fait plusieurs années que les studios d’animation cherchent à porter des sujets plus forts à l’écran (on se rappelle tous de l’introduction magnifiquement déchirante de Là-haut de Pete Docter) mais cela n’empêche pas d’apprécier une nouvelle itération émouvante, d’autant plus que l’idée d’un parc d’attractions se prête à merveille aux effusions créatives. Magnifié par une animation trois dimensions de toute beauté et une attention particulière accordée aux éclairages, le scénario très dynamique fait vivre de belles aventures à une bande de personnages délurés. L’humour est évidemment soutenu – on retient notamment les répliques ciselées de Steve le porc-épic, plus délicieuses que les dialogues un brin redondants des autres animaux.

(c) Paramount Animation

D’ailleurs, c’est peut-être du côté de sa palette de personnages que le film manque un peu d’audace. Les animaux que June rencontre sont sympathiques mais ils ne dépassent jamais vraiment le statut d’agréables sidekicks dont les films animés raffolent. À titre d’exemple, l’ours Boomer se cantonne à un seul trait de caractère pour être rapidement identifiable par de jeunes spectateurs : atteint de narcolepsie, le mammifère est souvent tourné en ridicule à cause de cette caractéristique. La prédominance d’angles de prises de vues atypiques (ce fameux « fish-eye » qui déforme presque les personnages) n’aide pas à l’approfondissement de personnages pourtant prometteurs, à l’image du singe Peanut auquel les réalisateurs accordent un temps d’écran trop minime pour qu’il puisse véritablement s’imposer (alors même que la figure de cet artiste inspiré par une muse humanoïde était riche en symboles à creuser). 

De péripéties en péripéties surréalistes – après tout, il s’agit de l’imaginaire d’une petite fille aux limites imperceptibles – Le Parc des merveilles divertit aisément ceux qui osent s’y plonger. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir la caméra accompagner les personnages pour être au plus près deux et vivre, à leurs côtés, une trépidante aventure pour contrecarrer les plans d’une bande de chimpanzés en peluches aussi mignons qu’effrayants. Une belle réussite qui ne fait qu’augmenter notre curiosité de découvrir les prochaines productions des studios à la barre du film.

Au final, si ce Parc des merveilles ne réinvente pas les codes de la traditionnelle quête initiatique d’un personnage principal enfantin, il le fait pourtant avec une grande efficacité qui ravira tous les publics. Visuellement brillant, le film de Dylan Brown et David Feiss est une belle découverte à côté de laquelle il serait dommage de passer.

EDITION VIDEO

Test de l’édition Blu-ray envoyée par Universal Pictures. Et quel bonheur de pouvoir profiter en haute-définition d’un film qui a pour qualité première son animation hors-pair. Un vrai plaisir auquel nous vous conseillons de succomber d’autant plus que l’édition vidéo est vraiment soignée.

Image et son : Une image magnifique qui rend justice à la maîtrise graphique du film ! Toutes les ambiances du scénario sont bien retranscrites malgré une image parfois surexposée (mais il s’agit là d’une intention créative que l’on appréciera… ou pas) qui baigne trop souvent les scènes d’une aura onirique qui sied bien au propos du film. Quant aux couleurs, elles resplendissent !
Quant au son, la galette haute-définition propose beaucoup de pistes 5.1 Dolby Digital (nombreuses langues au choix) et une belle piste 7.1 Dolby True HD en version originale. Un vrai plaisir ! Malheureusement, la VF n’est pas en haute-définition, c’est assez dommage lorsque l’on sait que le film sera majoritairement vu par des enfants.

Interactivités : une galette riche en bonus qui ravira surtout les plus grands qui sauront apprécier des bonus en version originale sous-titrée.
Une scène coupée : anecdotique mais finalisée (l’un des castors qui fait du yoddle)
Chimpanzé TV : très très anecdotique ! Un défilé de tenues un brin dispensable…
Chantez avec Pi : séquence karaoké en version originale seulement
Le guide de June pour le parc des merveilles : plongée dans les maquettes du parc (un making-of déguisé en voix off par June) – 2 minutes seulement
L’équipe d’accueil de June : un focus sur les mascottes du parc – retour sur chaque personnage qui accompagne June dans son aventure
Ébauches de personnages : comment dessiner trois personnages du film (des dessins très accessibles que les enfants prendront plaisir à reproduire).

Article rédigé par Nathan

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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