(Critique) Hopper et le hamster des ténèbres de Benjamin Mousquet & Ben Stassen

Amateurs d’aventure et d’intrigues anthropomorphiques, la nouvelle production nWave Pictures est faite pour vous ! Ben Stassen travaille une fois encore en équipe au poste de réalisateur puisque Benjamin Mousquet (artiste layout et animateur sur les précédentes productions du studio) l’accompagne dans ce récit initiatique aux influences nombreuses. Hopper et le hamster des ténèbres conte l’inépuisable quête de soi dans un Indiana Jones-like pour enfants. Une belle sortie en famille qui sort en plein coeur des vacances scolaires pour deux zones métropolitaines (le 16 février 2022) !

Résumé : Bienvenue au Royaume de Plumebarbe ! Le jeune Hopper Chickenson est le fils adoptif du Roi Arthur, un célèbre lapin aventurier. Mi poulet / mi lapin, notre jeune héros est lui-même obsédé par l’aventure, mais sa maladresse lui joue souvent des tours.Lorsque Harold, le frère du Roi Arthur, s’échappe de prison pour trouver le Sceptre du Hamster des Ténèbres et renverser son frère, Hopper décide de se lancer à sa poursuite.

(c) nWave Pictures / Sony Pictures

Dans la pure tradition du film pour enfants, le héros du film, Hopper, est différent des autres. Né avec des pattes de poulet et des plumes sur la tête, il doit composer avec quelques moqueries mais en grande partie avec une estime de soi vacillante. Intelligemment, le film fait alors de sa quête de l’artefact nommé le « hamster des ténèbres » une quête initiatique amenant le jeune lapin-poulet à s’accepter davantage. Une note d’intention traditionnelle pour un film d’animation tout public mais un objectif ô combien rempli. Hopper et le hamster des ténèbres est un film rondement mené qui ne perd jamais de vue le divertissement qu’il propose. Accompagné d’acolytes hétéroclites (Archie la tortue-valet cynique et Meg, la mouffette agile), Hopper apprend à exploiter ses capacités tant dissimulées pour sauver le royaume de son père et devenir l’aventurier qu’il rêve d’être.

Le savoir-faire des studios nWave Pictures s’affine de film en film et les premiers balbutiements joliment écologiques du Voyage extraordinaire de Samy sont loin. Avec leur neuvième film, les équipes créatives laissent enfin de côté la mise en scène axée sur les effets stéréoscopiques pour emprunter des chemins plus avisés (sans pour autant perdre la dimension fantaisiste du récit). Le film en met plein la vue par ses décors et ses graphismes maîtrisés plus que par des mouvements de caméra numériques exagérés : le résultat en est plus convaincant que jamais. Mieux encore, l’équipe à la barre du projet s’amuse des formes dans une séquence complètement loufoque au coeur d’une tribu de cochons fanatiques. Dans une sorte de Tetris rosée, les porcs menacent le trio héroïque et le poursuivent dans une forêt de bambous sur une musique tonitruante composée par Puggy (groupe belge, renforçant l’ancrage national du film).

(c) nWave Pictures / Sony Pictures

Sur le plan narratif, le long-métrage a beau conter une quête d’identité convenue, les surprises ne manquent pas pour faire rire ou vibrer un large public. Qu’il s’agisse des inévitables pièges menant à l’artefact recherché (on pense à Indiana Jones, Tomb Raider ou Uncharted au fil des séquences) ou les pouvoirs de l’objet convoité, l’aventure épique proposée est de très bonne facture. Les plus jeunes ne s’ennuieront jamais au fil de ce périple déjanté tandis que les plus grands apprécieront le défaitisme d’Archie et la voix parfaitement désabusée de Nicolas Maury. Si l’architecture du film répond à toutes les conventions du genre, de l’antagoniste familial aux trahisons fraternelles jusqu’à l’inévitable dénouement positif, il sait aussi les employer avec une efficacité redoutable. On ne peut s’empêcher de saluer le travail fourni sur l’arène au coeur du royaume de Plumebarbe, véritable mise en abyme du parcours initiatique du personnage principal. Le recours à cette même arène dans le climax du film n’est pas le choix le plus original qui soit mais il parvient à entériner la conscience efficace des enjeux filmiques.

Au final, Hopper et le hamster des ténèbres est peut-être le plus abouti des films nWave Pictures même s’il demeure profondément classique dans son écriture. Moins tape à l’œil que les œuvres précédentes du studio belge, le film distribué par Sony Pictures est la preuve que l’équipe créative ne cesse de progresser en laissant de côté son goût longtemps entretenu pour l’art du grand-huit cinématographique. Bigfoot Family était déjà un cran au-dessus, ce neuvième film enfonce le clou et nous rend enthousiaste à l’idée de découvrir leur prochain projet. 

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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