(Critique) Vanille de Guillaume Lorin (et autres courts)

En attendant de nouveaux projets au long cours, les studios Folimage nous proposent un programme de courts-métrages pour toute la famille. Gebeka Films distribue en ce 2 février une compilation de trois films aux esthétiques diverses pour questionner notre rapport aux autres. Kiko et les animaux de Yawen Zheng, Ton français est parfait de Julie Daravan Chea et Vanille de Guillaume Lorin composent ces 45 minutes de plaisir animé. On ne pouvait passer à côté de l’opportunité de vous en parler !

Résumé : Précédé des courts-métrages : « Kiko et les animaux » et « Ton français est parfait »
Petite parisienne fraîchement débarquée pour les vacances en Guadeloupe, île d’origine de sa maman, Vanille plonge dans une aventure teintée de mystère, à la rencontre de personnages pittoresques et d’une fleur magique. Voilà des vacances qui promettent d’être riches en rebondissements ! 

(c) Gebeka Films

Kiko et les animaux est une jolie fable de sept minutes sur ce qui oppose, mais aussi rassemble, les humains et les animaux. Tandis qu’un jeune garçon maltraite les animaux d’une ferme, une animation aux couleurs prononcées charme la rétine et ravive le goût de toute la famille pour une esthétique crayonnée trop rarement usitée sur grand écran. Dans une entraide inévitable, les animaux légitiment leur existence aux yeux du jeune garçon dans un récit prévisible mais riche d’enseignement pour les jeunes spectateurs. Une belle entrée en matière !

(c) Gebeka Films

Ton français est parfait est un court-métrage de 5 minutes qui prend à bras le corps une thématique sociale contemporaine (mais malheureusement intemporelle) : la vie d’un être « étranger » en France. Une jeune vietnamienne subit les moqueries de ses camarades, moqueries renforcées depuis l’apparition du virus que l’on ne présente plus, ayant débuté sa course en Asie. L’esthétique plus froide et saccadée que le court-métrage précédent sied bien à l’austérité du propos (les personnages extérieurs à l’intrigue sont notamment dépourvus de couleurs et demeurent à l’état de rushs) et le lot de stéréotypes véhiculés que la réalisatrice retourne avec plaisir dans une situation finale bien sentie. Histoire de langues et d’origines, Ton français est parfait est une belle fable sur le vivre-ensemble.

(c) Gebeka Films

Enfin, le programme propose la pièce maîtresse de la séance : Vanille, l’histoire d’une petite fille pleine de caractère qui débarque dans en Guadeloupe, terre de ses origines, sans enthousiasme. Véritable conte fantastique célébrant le territoire d’outre-mer et ses habitants, le film de Guillaume Lorin est réalisé avec fougue et magie. Auréolé d’une esthétique décomplexée et des décors naturels parfaitement intégrés, le récit use de ressorts métaphoriques pour conter une acceptation d’identité touchante. En reniant ses cheveux typés, la jeune fille refuse ses origines : peu étonnant alors que l’antagoniste de la quête de Vanille se révèle être tourné contre les chevelures des guadeloupéennes. La dose de fantastique permet au film de se forger une identité tout en narrant, dans une tradition désormais bien ancrée du film d’animation, l’opposition entre la ville et la nature. Citadine invétérée, Vanille apprend finalement à cohabiter et à collaborer avec la nature qu’elle embrasse pleinement. Une belle réussite que l’on attendait beaucoup depuis sa présentation à Annecy en 2020 à distance !

Qui dit mois de février, dit abondance de films pour toute la famille pour remplir les salles obscures, mais le programme distribué par Gebeka Films en a sous le pied pour rivaliser avec les plus grosses machines animées. Vanille (et autres courts) est une belle et courte séance qui ravira les plus jeunes sans jamais ennuyer les plus grands ! Plus que jamais, les salles obscures et les équipes de création françaises ont besoin de nous !

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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