(Critique) Vaillante de Laurent Zeitoun & Théodore Ty

Quand on rassemble un animateur rodé à l’exercice (Théodore Ty qui a tout de même travaillé pour les plus grands studios d’animation américains) et un scénariste de comédie (Laurent Zeitoun, déjà à l’écriture pour le film Ballerina sorti en 2016) on ne peut qu’espérer découvrir une belle aventure animée. Vaillante, film produit par la société Main Journey basée entre Paris, Montréal et Londres, est un long-métrage d’animation rayonnant qui a de quoi plaire à toute la famille grâce à son récit aussi dynamique que touchant. Gorgé de sincérité et de surprises, le long-métrage d’animation qui ouvre le bal des sorties de février devrait aisément trouver son public !

Résumé : Depuis qu’elle est enfant, Georgia Nolan n’a qu’une seule ambition : devenir pompier comme son père ! Hélas, à Nex York en 1932, les femmes n’ont pas le droit d’exercer cette profession. Quand les pompiers de la ville disparaissent un-à-un dans de mystérieux incendies dans des théâtres de Broadway, Georgia y voit une occasion en or : elle se déguise en homme et intègre l’équipe de pompiers débutants chargés d’arrêter le pyromane ! C’est le début d’une aventure aussi désopilante qu’à couper le souffle !

(c) Main Journey / SND – M6 Films

On pouvait craindre un récit trop balisé reposant sur des mécaniques bien huilées pour conter l’émancipation d’une jeune fille dans un monde stéréotypé (l’univers des pompiers) : il n’en est rien. Vaillante est une aventure aux portes du surnaturel qui prend à bras le corps ses thématiques d’exclusion et de solidarité pour s’adresser à toute la famille. Sans jamais perdre de vue sa réflexion sur les liens unissant la jeune Georgia à son père, le scénario propose des séquences d’action endiablées au coeur d’une New-York nostalgique. Plongée dans les années 20, l’histoire du film aborde inévitablement les stéréotypes de genre tandis que la jeune héroïne se voit contrainte de se travestir pour endosser l’uniforme de pompier dont elle rêve tant. Pleine de détermination et d’ambition, Georgia est un vrai modèle pour les jeunes spectateurs et sa relation touchante avec son père en touchera plus d’un, y compris les plus grands des spectateurs.

Si les affaires de travestissement pour casser les codes ne sont pas nouvelles tout comme les histoires de deuil à surmonter sont légions dans le monde de l’animation, le film sait surprendre par ses révélations bien senties qui jalonnent le dernier acte du film (même les plus grands ne verront pas venir l’une des surprises émouvantes du scénario). De plus, ce dernier acte déploie pleinement les graphismes numériques et chatoyants du film. L’animation de grande qualité met en valeur l’originale dimension fantastique des séquences en présence de l’antagoniste. Un antagoniste de taille qui ne révèle son véritable visage qu’en fin de métrage après avoir emprunté un apparat embrumé tout au long de l’histoire. Certaines composantes sont perfectibles, à l’image des passants dans les rues qui adoptent une démarche un brin mécanique, mais le film est d’une générosité qu’on ne peut que louer. Les environnements citadins sont toujours foisonnants, à l’inverse de nombreuses productions animées qui font le choix de décors désespérément vides, et les couleurs chaudes du film mettent en exergue le doux parfum nostalgique du récit.

(c) Main Journey / SND – M6 Films

Comptez aussi sur une bande originale jazzy parfaitement adaptée et un casting vocal français cinq étoiles qui s’amuse (Vincent Cassel se charge du père de Georgia tandis que Valérie Lemercier incarne une employée de théâtre) et vous obtenez un divertissement qui n’ennuie jamais et qui embarque toute la famille dans une quête d’accomplissement personnel avec comme mot d’ordre l’altruisme. Tous les ingrédients propres à constituer une réussite familiale sont réunis : dynamisme du récit, esthétique maîtrisée (même si l’originalité dans la modélisation des personnages n’est pas la première qualité de la production) et émotions vives dans un dernier acte pétri d’humanité. On ne voit pas le temps passer tout en pensant avec émotion à tous ces hommes et femmes qui risquent leurs vies pour nous aider au quotidien. Vaillante est une lettre d’amour adressée aux pompiers tout comme aux coeurs blessés par la vie.

Au final, Vaillante est un film d’animation à l’efficacité redoutable qui peut se targuer, en plus, de plaire à toute la famille grâce à un récit savamment construit. En partageant de belles valeurs dans un film à l’esthétique soignée, les créateurs du film s’assurent d’un beau succès en salles (du moins, c’est tout ce qu’on leur souhaite).

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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