(Critique) Krypto et les Super-animaux de Jared Stern & Sam Levine

Cet été, l’écurie DC fait confiance à ses super-animaux, sidekicks des super-héros, pour conquérir les cœurs des familles. De la même façon que cette équipe d’animaux aux super-pouvoirs fait ses premiers pas à Metropolis, les réalisateurs, Jared Stern et Sam Levine, portent pour la première fois un projet de long-métrage (après avoir fait leurs armes sur des productions courtes). Krypto et les Super-animaux est exactement ce à quoi on pouvait s’attendre : un déluge d’action et d’humour célébrant les vertus de la solidarité, comme la Justice League en son temps, face à une antagoniste 100% maléfique qui ne lésine pas sur les coups d’éclat machiavéliques pour parvenir à ses fins.

Résumé : Krypto, le super-chien de Superman, se trouve face à un défi immense : sauver son maître, enlevé par Lex Luthor et son maléfique cochon d’inde Lulu. Pour cela, il devra faire équipe avec une bande d’animaux au grand cœur mais plutôt maladroits.

(c) Warner Bros Entertainment Inc.

Entre The Batman en mars dernier et Black Adam en octobre prochain, Warner Bros Pictures nous offre une surprenante aventure héroïque en animation (numérique) mettant au premier plan le super-chien de Superman, Krypto, et d’inattendus animaux abandonnés dotés de pouvoirs magiques. Ce pitch de départ, un brin convenu (surtout qu’on nous ressert encore une fois l’implosion de Kryption et le départ de bébé Superman), permet aux scénaristes d’aborder d’innombrables thématiques universelles. A travers le parcours de Krypto, le fidèle compagnon du héros de Metropolis, le film évoque la fidélité et la possession au sein des relations tout comme il entreprend une émouvante réflexion sur la maltraitance animale par le biais des autres protagonistes. Cette fois-ci, les animaux sont au premier plan tandis que les héros que l’on connaît bien (Batman, Superman, Wonder Woman, Flash, etc.) font de la figuration et requièrent l’aide de leurs pendants animaliers.

Par ailleurs, que serait un film super-héroïque sans antagoniste majeur ? Peu de choses. Et c’est là que la vilaine Lulu entre en scène. Ancien cochon d’Inde expérimental torturé pour la science, elle souffre d’un syndrome de Stockholm féroce (fanatique de Lex Luthor, elle en oublie qu’il est à l’origine de ses malheurs) et fait planer une menace d’envergure sur la ville et ses habitants. Pour la version française, c’est Muriel Robin qui donne de la voix avec démesure pour incarner ce personnage malveillant et dramatique au possible. Une tâche relevée avec brio, ce qui n’est pas le cas de Denis Brogniart (qui incarne le magnat de Metropolis), seulement convoqué pour le star-system qui fait des ravages dans la production animée (faut-il reparler de Buzz l’Eclair?)

(c) Warner Bros Entertainment Inc.

Même si le scénario n’invente rien – on nous délivre encore une fois un team-up d’êtres dépareillés pour sauver une ville menacée – il le fait bien en installant avec affection sa palette de personnages à quatre pattes. On s’émeut de l’abandon d’Ace qui retrace son parcours dans l’inévitable flash-back du film, on rit de l’association improbable de deux cochons d’Inde mutants (l’un de glace, l’autre de feu), on apprécie les répliques sarcastiques de la tortue myope Merton et l’on se prend d’affection pour la quête identitaire de PB la truie éprise d’héroïsme. Krypto et les Super-animaux n’est jamais surprenant mais il remplit le cahier des charges du divertissement familial avec attention dans cette origin-story académique. Avec 100 minutes au compteur, le film peut se permettre de faire exister tous ses personnages et c’est réussi !

A vrai dire, c’est sur le plan graphique que le film atteint ses limites. Même si la 3D numérique est convaincante et virevoltante, d’autant plus que la mise en scène propose de belles séquences d’action (pensons au plan séquence de Krypto affrontant des cochons d’Inde mutants ou même le climax gargantuesque en plan circulaire aux côtés des membres de la Justice League), elle n’en demeure pas moins trop lisse. Avare en textures et en effets réalistes, notamment sur les poils des animaux qui constituent les personnages principaux, le long-métrage de Jared Stern et Sam Levine aurait mérité plus de vivacité technique pour définitivement briller. C’est aussi dans son manque de diversité géographique, et donc graphique, que le film peine à surprendre mais n’exagérons rien : Krypto et les Super-animaux reste un film de bonne facture !

(c) Warner Bros Entertainment Inc.

Vous l’aurez compris, Krypto et les Super-animaux est un divertissement calibré pour divertir les familles adeptes d’aventures super-héroïques, et c’est loin d’être une mauvaise chose ! Nous sommes en terrain connu car l’humour alterne entre blagues adressées au jeune public et clins d’oeil référencés pour les fans de la firme DC, mais le récit a le mérite d’aller au bout des choses en brassant des thèmes universels. Une chose est sûre : on retrouverait avec plaisir cette équipe loufoque dans une seconde aventure sur grand écran !

Et comme le veut la coutume désormais bien installée du film super-héroïque, on ne peut que vous conseiller de rester dans la salle pour le générique de fin…

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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