(Critique) Le Chat Potté 2 : la dernière quête de Joël Crawford & Januel P. Mercado

On ne pensait jamais voir se concrétiser la suite annoncée du Chat Potté sorti en 2011 mais c’était sans compter la nouvelle dynamique des studios DreamWorks Animation ! Fort différent de son aîné tout en le poursuivant avec un enthousiasme indéfectible, ce nouvel opus profite d’un apparat nouveau mais aussi d’un ton renouvelé pour renouer sans s’en cacher avec l’univers de Shrek dont il est dérivé. Coloré, dynamique et parodique, Le Chat Potté 2 : la dernière quête est le parfait héritier de la quadrilogie de l’ogre vert.

Résumé : Le Chat Potté découvre que sa passion pour l’aventure et son mépris du danger ont fini par lui coûter cher : il a épuisé huit de ses neuf vies, et en a perdu le compte au passage. Afin de retomber sur ses pattes notre héros velu se lance littéralement dans la quête de sa vie. Il s’embarque dans une aventure épique aux confins de la Forêt Sombre afin de dénicher la mythique Etoile à vœu, seule susceptible de lui rendre ses vies perdues. Mais quand il ne vous en reste qu’une, il faut savoir faire profil bas, se montrer prudent et demander de l’aide… Ainsi surgissent de nouveaux ennemis et une ancienne amie chère !

(c) Universal Pictures France

Onze après sa première aventure en solo, Potté est élevé au rang de héros par les habitants de cette Espagne fantasmée. Au sommet de sa gloire, le chat le plus célèbre du septième art doit faire face à l’inévitable : l’approche de sa fin alors qu’il ne lui reste plus qu’une « vie ». S’engage alors une trame scénaristique et des choix de scénographie qui ne cessent de rappeler la dynamique d’un jeu vidéo. En quête d’une étoile magique capable d’exaucer un vœu (en l’occurence, le retour de ses neuf vies originelles), l’animal parcoure une forêt sombre qui se métamorphose au gré des personnalités entrant en possession de la carte, permettant ainsi aux artistes à la barre du projet de pétrir inlassablement l’univers diégétique. C’est simple, une heure durant les personnages sont au coeur d’un monde qui n’a pas de limites, avec pour seul guide une carte qui évoque les mondes ouverts de l’univers vidéoludique.

Cette liberté de cadre géographique permet toutes les excentricités à l’équipe créative qui déploie une palette graphique resplendissante. En s’éloignant de la quête de réalisme de la 3D numérique du premier film (qui vieillit pourtant avec splendeur !), les animateurs privilégient une 3D impressionniste (une mode bien entérinée depuis Spider-Man : Into the Spiderverse), comme cela était déjà le cas dans Les Bad Guys en début d’année. La séquence d’introduction et le climax tirent pleinement partie de ces choix d’animation, d’autant plus que la mise en scène est d’une intelligence à tomber (les combats à l’épée/serpe contre l’antagoniste principal sont brillamment agencés). On croirait presque voir des peintures s’animer devant nos yeux ébahis et ces graphismes aux couleurs multiples entrent parfaitement en cohésion avec la ré-interprétation des contes proposée par le scénario.

(c) Universal Pictures France

Sur le plan narratif, difficile de passer après un personnage aussi complexe et original que l’oeuf Humpty Dumpty qui tenait la dragée haute à notre matou préféré dans le premier film. Pourtant, cette seconde incursion dans le monde hispanique de Potté ne lésine pas sur les seconds rôles pour toucher sa cible. Forgés dans les livres de contes que la saga Shrek s’amusait déjà à parodier, les antagonistes du récit ont une importance capitale dans l’intrigue. Qu’il s’agisse de Bouton d’or et de sa famille (qui constituent probablement le point faible le plus féroce de l’histoire à cause de caractérisations irritantes et de dialogues bien trop enfantins) ou de Little Jack, les clins d’oeil aux contes de nos enfances sont légions.

Trimballant le sac de Mary Poppins avec lui, le grand entrepreneur déploie une armada d’objets et/ou d’outils appartenant à d’autres histoires enfantines : Alice au pays des merveilles, Cendrillon, Blanche-Neige et les sept nains, Pinocchio (le criquet est un des éléments les plus drôles du scénario) et les exemples sont encore nombreux ! Là où Le Chat Potté s’éloignait modestement des contes pour enfants (si ce n’est dans sa ré-interprétation du mythe de la Poule aux œufs d’or), sa suite déborde de références, y compris à la saga dont elle est dérivée : après tout, on aperçoit Ti’Biscuit ou même Pinocchio au détour de séquences flashbacks. Si le développement des personnages, à l’exception de celui de Potté, n’est pas toujours ciselé, le film peut compter sur sa générosité thématique pour nous emballer ! Et je ne parle pas du loup, véritable allégorie animalière de la mort, qui impose sa stature à chaque apparition.

(c) Universal Pictures France

Au final, Le Chat Potté 2 : la dernière quête est l’incroyable mise en image de la remise en question d’un héros pétri de vanité. Même s’il souffre parfois d’un ton plus enfantin que son aîné à cause de personnages secondaires moins vifs (le chien Perro notamment), le long-métrage n’en demeure pas moins gorgé de références au Shrek-verse mais aussi à l’univers foisonnant des contes pour enfants. Bourré d’action, de sentiments et de personnages excentriques, la seconde aventure du chat animé est une réussite !

Alors que la saga shrekienne lui a donné la possibilité d’exister seul en scène après une entrée remarquée dans Shrek 2, Potté semble désormais tout placé pour remettre son ami d’hier sur le devant de la scène !

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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