(Critique) Tad l’explorateur et la table d’émeraude

Tad l’explorateur est désormais une saga cinématographique bien établie pour laquelle j’ai un attachement tout particulier puisque j’ai découvert la première aventure de Tad Stones lors de ma première participation au festival d’animation d’Annecy en 2012. Dix ans après, l’archéologue par intérim repart à l’aventure avec Sara, sa petite amie aux faux airs de Lara Croft, ses fidèles compagnons animaliers et son meilleur ami qui n’est autre qu’une momie inca. L’aventure est au rendez-vous, comme toujours dans l’univers pensé par Enrique Gato, mais l’on ne peut s’empêcher de constater que la formule n’a guère évolué depuis le premier film sorti il y a dix ans maintenant…

Résumé : Le rêve de Tad Stones est d’être reconnu comme un grand archéologue mais toutes ses tentatives pour se faire accepter par Ryan, le brillant chef d’expédition et ses collègues tournent au fiasco. En ouvrant un sarcophage, il déclenche une malédiction qui va mettre la vie de ses amis en danger. Pour mettre fin à cette malédiction et sauver Momie, Jeff et Bernardo, Tad et Sara se lancent dans de nouvelles aventures qui les conduiront du Mexique à Chicago et de Paris à l’Égypte. Ce périlleux voyage amènera Tad à croiser la route de l’Agent Ramirez et de Victoria Moon, une experte en sciences occultes.

(c) Paramount Pictures France

Tad l’explorateur et le secret du roi Midas était déjà forgé dans le même moule que le premier film en quête de la cité d’or d’Eldorado, il en va de même avec cette troisième aventure. Toujours aussi maladroit, Tad Stones s’engage dans une quête pavée d’obstacles pour découvrir un artefact magique intelligemment dissimulé par un ancien explorateur (dont le parcours est retracé dans une séquence 2D charmante). Les mêmes mécaniques construisent le film, qu’il s’agisse de l’usage (important) de sidekicks comiques (au premier rang desquels on retrouve Momie, le mort inca, et Bernardo, l’oiseau muet) ou des fonctions mouvantes de certains personnages. Tour à tour adjuvants ou antagonistes, ils dynamisent le récit tout en reprenant les gimmicks d’une série dans laquelle les amis ne le restent pas toujours et les ennemis peuvent finalement venir en aide aux protagonistes.

Sur le plan graphique, on reste dans la même idée d’une constance inhérente à la saga puisque le character design demeure perfectible tandis que les limites du budget alloué au projet (moins grandiloquent que les grosses productions américaines) se voient vite. Le film a tout de même pour lui une diversité d’environnements réjouissante puisque Tad et son équipe passent par Chicago, Paris ou l’Egypte pour dénicher la table d’émeraude. Notre capitale comporte d’ailleurs la séquence d’action la plus inventive du métrage lors d’une course-poursuite en baignoire au beau milieu de la Seine. C’est cartoonesque à souhait et plus surprenant que l’enchaînement de péripéties quelque peu balisé du récit. Le jeune public suivra avec plaisir ces rebondissements artificiels mais leurs accompagnateurs se riront de la grande facilité avec laquelle les héros parviennent à leurs fins (et nous ne parlons pas de l’absence flagrante de vidéosurveillance dans les musées visités par Tad dont le Louvre !)

(c) Paramount Pictures France

Quant au doublage, Paramount Pictures France mise sur le star-system (comme la majeure partie des derniers films animés sortis en salles) avec un succès mesuré. Christophe Beaugrand s’en sort avec les honneurs dans la peau d’un archéologue consciencieux tandis qu’Elodie Gossuin peine à rendre vraisemblable sa prêtresse de l’ésotérisme. Le fossé est grand lorsque de véritables doubleurs apparaissent pour donner du corps à des personnages qui paraissent inévitablement plus intéressants, à l’image de Céline Monsarrat qui campe avec fougue une momie égyptienne autoritaire. D’ailleurs, les références mythologiques peuplent le film et ravivent l’attention du public même si certains aspects sont tournés en ridicule par la dimension parodique du projet. Dimension humoristique qui fait sourire mais qui n’apporte rien de nouveau sous le soleil, d’autant plus que les personnages principaux n’évoluent pas cette fois-ci : tandis que les deux premiers films approfondissaient la relation sentimentale entre Tad et Sara, ce troisième opus assène plutôt une réflexion (pas inintéressante) sur l’univers ultra-connecté dans lequel nous vivons par le biais de l’obsession des selfies de Momie.

Vous l’aurez compris, Tad l’explorateur et la table d’émeraude est le digne successeur des deux précédents opus. En traçant sa route dans le sillon des précédents films, ce troisième opus s’assure de faire rire et vibrer son jeune public tout en peinant à rameuter l’enthousiasme d’un public plus âgé à cause d’un propos un brin répétitif. Une belle séance estivale, en somme, qui aurait néanmoins brillé par une ambition et une esthétique plus affirmées.

(c) Paramount Pictures France

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

Laisser une réponse:

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Site Footer