(Critique) Vivo, de Kirk De Micco & Brandon Jeffords

Quand l’incroyable Lin-Manuel Miranda (et je pèse mes mots) s’allie aux talents animés du studio Sony Pictures Animation, cela donne Vivo que l’on découvre malheureusement sur petit écran à cause d’une pandémie qui n’en finit plus de faire des victimes (coucou Le dragon-génie de Chris Appelhans sorti plus tôt cette année sur Netflix aussi). L’ampleur musicale du projet avait pourtant tous les atouts pour s’aventurer dans les salles obscures mais l’heure est venue de revenir sur cette aventure emplie de sentiments et de partitions enivrantes. A défaut d’être aussi abouti qu’il aurait pu l’être, le nouveau long-métrage des studios américains est un plaisir qui touchera toute la famille en cet été 2021.

Résumé : Un kinkajou mélomane s’embarque pour une aventure palpitante entre La Havane et Miami pour remettre une chanson d’amour au nom d’un vieil ami et accomplir sa destinée.

(c) Sony Pictures Animation / Netflix

Entre La Havane ancrée dans un passé chatoyant et une Miami flamboyante, l’aventure sentimentale du singe Vivo et de son « maître » guitariste en met plein les yeux et les oreilles. Tout au long de ses quatre-vingt dix minutes, la nouvelle production Sony Pictures Animation est un régal sensoriel grâce à une palette graphique vivifiante et un character design cartoonesque qui sied bien à l’aventure irréelle des personnages. Suivant la quête d’un singe et d’une jeune fille pour célébrer la mémoire d’un être épris de musique, la narration prend des chemins surprenants en concentrant son récit sur le périple du duo improbable.

La force principale du film réside évidemment dans les compositions musicales de Lin-Manuel Miranda, entre rythmes cubains et morceaux plus urbains, dans la droite lignée ce qu’il propose depuis quelques années sur scène ou en salles (le prochain projet sur la liste étant Encanto, la nouvelle production Walt Disney Studios en novembre prochain). Rares sont les morceaux plus faibles car la diversification des rythmes emballe constamment les oreilles des spectateurs. De l’entraînant « Keep the beat » ayant fait la promotion du film jusqu’à l’émotion vive du titre « Inside your heart » chanté par Gloria Estefan, Vivo est un délice musical qui participe à la caractérisation des personnages. Une fois encore, le talent du compositeur américain n’est plus à prouver. Comment ne pas succomber au morceau choral entonné par tous les personnages lors du climax filmique (« Running out of time ») ? Même le chauffeur de bus s’y met !

(c) Sony Pictures Animation / Netflix

Plein de sentiments parce qu’il aborde des thématiques universelles telles que l’amour et les chemins empruntés au cours d’une vie, le long-métrage se révèle pourtant moins éloquent en son sein après un premier acte à l’émotion vive et un final endiablé. Accusant un ventre mou paradoxalement chargé en action, le scénario concocté par Kirk De Micco et Quiara Alegria Hudes subit la présence d’antagonistes accessoires qui n’apportent que peu de choses sur le plan thématique, qu’il s’agisse d’une bande de fillettes scouts irritantes ou d’un serpent gigantesque à l’originalité réduite. Autre problème : le caractère extravertie de la jeune fille (Gabi) accompagnant Vivo plaira assurément aux plus jeunes mais lassera leurs parents. Sans vraiment épouser la double-lecture fluide de certaines productions Pixar, Vivo vacille entre la maturité du propos sur le passage du temps et la candeur d’un monde vu par les yeux d’une enfant (trop) enjouée. Dès lors que Gabi arrive, l’intensité émotionnelle du film en prend un coup au profit d’une mise en scène plus agitée.

Au final, la nouvelle production Sony Pictures Animation est un bonbon estival qu’il saurait dommage de louper. Bien que le récit peine parfois à justifier la présence de personnages peu inspirés (doit-on parler des oiseaux amoureux ?), l’ambition musicale et l’enthousiasme créatif ne peuvent qu’attiser l’amour du public. A découvrir au plus vite sur Netflix et à écouter et réécouter sur toutes les plateformes habituelles !

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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