(Sortie Blu-ray) Les contes merveilleux de Ray Harryhausen

On ne présente plus le maître des effets spéciaux d’un temps passé : Ray Harryhausen, qui a dernièrement été mis à l’honneur dans un ouvrage de Xavier Kawa-Topor sur la stop-motion (notre article sur l’ouvrage en question est à retrouver ici). En ces temps de fêtes familiales (quelque peu perturbées par la pandémie qui n’en finit plus), l’éditeur vidéo Carlotta Films nous propose de redécouvrir les réinterprétations en stop-motion de contes ancestraux par Ray Harryhausen. Si cinq contes sont mis à l’honneur et remasterisés (depuis leurs ressorties en salles en novembre 2018), d’autres films du maître artisan jalonnent aussi cette belle édition que tout amateur d’animation artisanale se doit de posséder !

Grâce à un partenariat entre Carlotta Films et la Fondation Ray & Diana Harryhausen, les contes et fables de Ray Harryhausen sont visibles au cinéma pour la première fois en France. Découvrez cette œuvre majeure dans l’histoire de l’animation, réalisée par une légende du 7e Art qui inspirera Star Wars, Le Seigneur des Anneaux, Harry Potter, Pirates des Caraïbes et Avatar.

(c) 2004 Ray Harryhausen. Tous droits réservés.

Nostalgiques de films d’antan, Les contes merveilleux n’attendent que vous ! Le petit chaperon rouge, Hansel et Gretel, Raiponce, Le roi Midas et Le lièvre et la tortue touchent encore autant qu’à leurs sorties tant ces fables s’adressent à l’enfant en chacun de nous (et en réactivant des souvenirs parfois bien enfouis). Fait surprenant, l’édition vidéo concoctée par Carlotta Films ne comprend qu’une seule piste anglaise (sous-titrée ou non) ce qui risque de laisser de côté de jeunes spectateurs. Ils pourront heureusement compter sur leurs connaissances des contes ici narrés (rares sont les enfants ne connaissant pas le destin du petit chaperon rouge).

Ce détail technique évoqué, on peut se laisser porter par l’aura nostalgique d’une stop-motion imparfaitement surannée qui touche au cœur. Animés à la main, ces récits si célèbres fascinent toujours autant même si notre époque tant à privilégier la course au perfectionnement technique. On se surprend même à constater que les mouvements des personnages sont particulièrement fluides, malgré l’époque de réalisation. Les innombrables vues en plongée donnent à voir le parcours atypique de personnages fort expressifs (la terreur de la grand-mère du petit chaperon rouge lorsqu’elle rencontre le loup en est un bon exemple parmi tant d’autres). Entre remaniements enfantins (l’histoire du petit chaperon rouge est grandement édulcorée lors de son dénouement) et conservations essentielles (la sorcière de Raiponce n’hésite pas à crever les yeux du prétendant de sa captive), les réinterprétations d’Harryhausen s’inscrivent explicitement dans la tradition du conte en tant que genre propice aux réécritures multiples.
D’ailleurs, la présentation chronologique des contes a tout son intérêt : au fil des histoires orales, on distingue les progrès technologiques de l’équipe créative à l’image des mouvements des protagonistes qui se font de plus en plus fluides. Apogée de cette évolution, Le lièvre et la tortue met tout son art au service de la narration, à l’image des variations musicales caractérisant les deux personnages principaux.

EDITION VIDEO

L’éditeur vidéo (Carlotta Films) nous a fait parvenir l’édition haute-définition du remaster. Sublimement réhaussé d’un fourreau à l’illustration magnifique, le boitier amaray noir est un bel ouvrage. La copie a été visionnée sur un écran OLED 4K, comme de coutume pour nos tests.

Image & son : les courts films ont de nombreuses années, et cela se voit ! L’image comporte beaucoup de grain mais les couleurs sont globalement fidèles (la robe de Gretel est d’un rose pâle et la salopette d’Hansel est d’un bleu sobre, à titre d’exemples). Parfois, l’image se révèle moins éclatante que prévue et les couleurs manquent de profondeur (tout dépend des contes mais il suffit de voir le jardin pâle du roi Midas pour s’en convaincre). Plus récent, « Le lièvre et la tortue » est forcément plus évocateur sur le plan visuel. A vrai dire, l’image perd clairement en netteté lorsque les gros plans laissent place aux plans d’ensemble. A noter également que le format 1/33 est respecté.

Sur le plan sonore, l’édition propose une piste unique Anglais DTS-HD Master Audio 2.0 (sous titres intégrés ou non) : une piste imparfaite mais nostalgique (la voix off du réalisateur rythme à elle seule le déroulé narratif et conserve la patte orale du récit originel). L’absence d’une piste française est surprenante (mais existe-t-elle seulement ?) quand on prend en considération le public d’une telle production (les enfants) mais les amoureux de la stop-motion ajouteront avec plaisir ce bel objet physique dans leurs collections. 

(c) 2004 Ray Harryhausen. Tous droits réservés.

Interactivités : une vraie édition digne de ce nom attend les acquéreurs de cet amaray soigné ! 

– Et si Ray Harryhausen m’était conté (18min) : retour analytique et rétrospectif sur l’histoire du réalisateur et son amour pour la stop-motion, réalise par Alexandre Poncet. Une belle manière de prolonger la (re)découverte des contes d’Harryhausen tout en portant un regard plus approfondi sur les évolutions technologiques régissant le parcours de ces cinq contes animés.

– Les contes de ma mère l’Oye (11min) : une véritable mise en abyme de l’acte cinématographique car la conteuse animée démarre un projecteur délivrant les 4 récits sur un livre de contes. Nous découvrons alors quatre récits non remasterisés et muets (avec panneaux de dialogues). Petits trésors nostalgiques, ils dévoilent les premiers pas du réalisateur au coeur du conte en stop-motion.

– Les premiers films  (21min) : bonus de vingt minutes sur les premières expérimentations du réalisateur (dont son amour pour les dinosaures) à travers, notamment, des productions militaires. Une façon d’approfondir notre connaissance du réalisateur.

– Bande-annonce de la ressortie en 2018


Aficionados de contes ancestraux à l’apparat désuet, cette ressortie dans une édition très soignée est faite pour vous. Rien de surprenant de la part de Carlotta Films, un éditeur confirmé que l’on ne présente plus.

Article rédigé par Nathan

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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