(Sortie vidéo) Bob l’éponge : éponge en eaux troubles de Tim Hill

Mine de rien, la petite éponge de mer si célèbre sur le petit écran en est déjà à sa troisième aventure en long-métrage (avant la prochaine ?) Privé d’une sortie en salles dans la plupart des pays du monde (dont la France), le film est sorti sans parader sur la plateforme vidéo Netflix. Fort heureusement, l’éditeur vidéo Paramount Pictures n’en reste pas là et propose aux amateurs d’éditions physiques (dont nous faisons partie) de se procurer le film en DVD ou Blu-ray depuis le mois de novembre 2021. Une belle manière de découvrir le film dans la meilleure qualité possible tout en prolongeant l’expérience marine avec des bonus loufoques, à l’image du film.

Résumé : Suite à l’escargotnapping de Gary, son compagnon de toujours, Bob entraîne Patrick dans une folle aventure vers la Cité Perdue d’Atlantic City afin de le retrouver. A travers cette mission sauvetage pleine de surprises, de merveilles et de dangers, Bob l’Éponge et ses acolytes vont réaliser que rien n’est plus fort que le pouvoir de l’amitié.

(c) Netflix / Paramount Pictures

Fans d’humour absurde et d’animation débridée, Bob l’éponge : une éponge en eaux troubles est fait pour vous ! Sans jamais égaler la finesse d’écriture de la série mère, la troisième aventure au long cours de l’éponge accompagnée d’une étoile de mer est un divertissement enthousiasmant. Reprenant les principaux éléments du show (l’idiotie euphorisante du duo principal, l’avarice du patron en restauration ou bien les plans machiavéliques – mais pas si pratiques – d’un plancton jaloux), le scénario prolonge les thématiques de la série sans vraiment oser innover. L’histoire se suit sans déplaisir mais elle se révèle un brin redondante après tant d’années d’existence sur les écrans, d’autant plus qu’elle ne semble pas vraiment exploiter tous les ressorts possibles de ses décors et de ses personnages haut en couleurs (comme le souverain d’Atlantic City).

Véritable cartoon en 3D, le film de Tim Hill rivalise d’ingéniosité et d’audace sur la forme avec des gags qui font mouche auprès de toute la famille. Graphiquement impeccable, l’aventure est un plaisir à suivre malgré les défauts narratifs entravant parfois l’attachement aux personnages et aux situations. Certaines promesses narratives ne sont pas tenues, à l’image de la folie de la cité d’Atlantic finalement réduite ou du « bad trip » festif de Bob et Patrick, mais l’imagerie du film ne cesse de nous ravir. Par ailleurs, le long-métrage prend aussi des allures d’origin story pour les personnages principaux : alors, comment ne pas succomber au flash-back dans le camp Corail aux côtés des personnages rajeunis ? N’oublions pas que le film avait pour nécessité d’introduire le show animé (Kamp Koral : Bob la petite éponge) désormais démarré sur Nickelodeon et Paramount +.

(c) Netflix / Paramount Pictures

Comme de coutume, l’univers déjanté de Bob l’éponge est riche en guests (Keanu Reeves, Snoop Dogg ou Danny Trejo sont notamment de la partie), la narration peine parfois à se conduire avec intelligence sans perdre le fil de son histoire. Le scénario prend des détours injustifiés qui n’apportent rien au sauvetage de Gary : certaines séquences frisent même la parodie, comme cette séquence chorégraphiée que l’on croirait sortie d’un téléfilm Disney Channel. A cause d’ambitions multiples : conter une aventure à Atlantic City, introduire une série dérivée et caser des guests prestigieux. le film convainc à moitié.

Bob l’éponge : éponge en eaux troubles n’est pas le meilleur film de la franchise (la palme revenant au premier) ni le plus mauvais, mais cela n’en fait pas un film exceptionnel pour autant. Trop éparpillé, il ne fait qu’effleurer le potentiel de ce road-trip jusqu’à Atlantic City. A défaut de voir un grand film, on passe un bon moment en compagnie du duo iconique.

EDITION VIDEO

Nous avons reçu le disque blu-ray du film, vendu dans un boîtier amaray auréolé d’un fourreau aux couleurs du film. Le film est distribué par Paramount Pictures France et est évidemment proposé en DVD également.

Comme de coutume, nous avons testé l’édition sur une TV OLED 4K.

Image & son : le transfert vidéo propose une très belle image HD aux couleurs affinées (point de surexposition ou de perte de définition ici bas). Atlantic City et ses mille couleurs est un ravissement, malgré l’absence d’une édition ultra haute-définition. Le film profite d’une esthétique fascinante, éloignée de la 2D charmante du premier opus et de l’hybridation perfectible du second. Parfois, les arrières-plans sont moins éloquents, à l’image d’une traversée de désert bien floue en milieu de métrage lors d’une incursion dans le réel mais il s’agit là d’une habitude de la saga cinématographique et de la série télévisée. La qualité de l’animation étant au rendez-vous, cette édition blu-ray lui rend justice !

Du côté du son, l’éditeur vidéo nous propose de (re)découvrir le film en DTS-HD Master Audio 5.1 en version originale et en Dolby Digital 5.1 pour les autres pistes internationales, dont la française. Ce n’est pas surprenant, mais la piste originale est plus profonde et intense que ses comparses internationales. Elle se révèle, par exemple, bien spatialisée lors de l’arrivée fougueuse à Atlantic City.

Interactivités : une galette riche en featurettes intéressantes pour toute la famille. Une des raisons pour lesquelles les supports physiques demeurent essentiels !

  • Il ne faut pas vendre la peau de l’oursin (4min50) : un court-métrage au coeur du camp Corail. Le court film profite d’une animation en 3D un peu rudimentaire mais avec l’humour absurde qui sied bien à la série. Le binôme iconique est en quête d’un oursin, tandis que Carlos fait les frais des âneries de ses amis, comme toujours.
  • Chansons de feu de camp (10min43) : une succession de clips affiliés à l’univers de Bob et ses amis (Tainy et J. Balvin notamment ou même Snoop Dogg) et l’inévitable générique de la série.
  • Histoires de feu de camp (4min19) : deux séquences ajoutées au film en animatiques. Un petit détour sympathique par Bikini Bottom.
  • Copains de Camp Corail (7min29) : focus sur la création du film avec des interventions de Tim Hill (réalisateur), mais également des doubleurs, des monteurs, des animateurs, etc. Une belle manière de revenir sur les intentions du film même si la présence d’un making-of plus conséquent aurait été la bienvenue. Bob présente également, en voix off, un scrapbook sur ses jeunes années au camp Corail.
  • Artisanat du camp (17min28) : Perry Maple, un artiste ayant travaillé sur le film, nous propose des ateliers créatifs que tous les spectateurs apprécieront avec enthousiasme. On y apprend notamment à dessiner Bob l’éponge lorsqu’il était enfant, ou même son escargot de compagnie, Gary. Un bonus passionnant !
  • Mais attendez… Ce n’est pas tout ! (2min06) : les miracles de la Patty Mobile : une fausse promotion pour un véhicule burger dernier cri. Sympathique mais (très) dispensable !

Il ne nous reste alors plus qu’à saluer le choix de sortir un film en vidéo, malgré sa disponibilité sur un important service de vidéo. Bob l’éponge : une éponge en eaux troubles n’est pas la prouesse attendue mais saura faire passer un moment agréable en famille, d’autant plus que le plaisir peut être prolongé par des bonus adaptés. Un bien beau cadeau à déposer sous le sapin en cette fin d’année 2021 !

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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