(Sortie vidéo) Space Jam : une nouvelle ère de Malcolm D. Lee

Après tant d’années de développement (et de rumeurs folles), la suite de Space Jam est finalement sortie sur des écrans impactés par la pandémie. Loin d’être un chef d’oeuvre du 7ème art, la première aventure en forme de multivers des Looney Tunes avait pour elle son lot de personnages iconiques pour convaincre un public bienveillant. Revoir le film aujourd’hui avec des yeux d’adulte rend le jugement plus sévère, mais le film comporte toujours son lot de scènes mythiques dues à la force persuasive de la nostalgie. Vient alors Space Jam : une nouvelle ère, une entreprise cinématographique dans laquelle le sens du commerce prend le pas sur les intentions artistiques. En résulte alors un divertissement tout juste passable qui peinera à traverser les époques, à la différence de son aîné.

Résumé : Bienvenue au Jam ! Champion de la NBA et icône planétaire, LeBron James s’engage dans une aventure rocambolesque aux côtés de Bugs Bunny dans SPACE JAM – NOUVELLE ÈRE. LeBron et son jeune fils Dom sont retenus prisonniers dans un espace numérique par une intelligence artificielle malveillante. Le joueur de basket doit ramener son petit garçon sain et sauf chez lui, en faisant triompher Bugs, Lola Bunny et leurs camarades Looney Tunes face aux champions numérisés de l’intelligence artificielle : une équipe de stars de la NBA et de la WNBA gonflés à bloc comme on ne les a jamais vus !

(c) Warner Bros. All rights reserved.

A vrai dire, Space Jam : une nouvelle ère est un divertissement frénétique et foisonnant durant sa première partie. Ses innombrables clins d’oeil et autres plongées dans les licences du légendaire studio Warner Bros (Harry Potter, Game of Thrones, Matrix, Casablanca et tant d’autres encore) sont exaltantes malgré une animation 2D perfectible. Le character design n’est pas des plus inventifs et les mondes visités trop vides pour faire rêver le public, d’autant plus que de nombreux univers sont seulement survolés. Fort heureusement, la métamorphose des Looney Tunes en personnages de synthèse est plutôt charmante alors que l’on pouvait craindre le pire. L’ère du numérique sied bien aux loufoqueries de ces personnages imprévisibles. Auront-ils le droit, un beau jour, à une aventure exclusivement dédiée sur grand écran ? On l’espère de tout coeur.

Tout le projet cinématographique s’effondre littéralement dès lors que le match de basket est lancé. Un comble pour un film ayant pour argument principal cette partie sportive en question. Bien trop long sans parvenir à exploiter les compétences des personnages en jeu, le scénario s’enlise dans des one-shot anecdotiques (à l’image du rap faussement « in » de Porky Pig qui ennuie plus qu’autre chose). Graphiquement, Space Jam : une nouvelle ère est une production prolifère (les personnages et les univers sont démultipliés) mais il est regrettable que le scénario peine à créer ne serait-ce qu’une once d’émotion, là où le premier film pouvait toucher malgré ses innombrables faiblesses narratives. Et ce n’est pas l’antagoniste trop excentrique, incarné par Don Cheadle, qui permet d’hisser le film à un meilleur niveau. Les « aliens » du premier film étaient étrangement benêts, mais ils collaient à merveille à l’univers débridé des personnages de la Warner.

(c) Warner Bros. All rights reserved.

L’aventure peut donc se révéler agréable si vous savez où vous mettez les pieds. Space Jam : une nouvelle ère est une superproduction qui déborde de couleurs, de personnages cartoonesques et de figurants iconiques au détriment d’une histoire familiale très convenue qui peine à légitimer l’existence du film. On préfèrera revoir le classique film d’origine à l’animation 2D vieillie mais fleurant bon les 90’s que cette itération débordant de tout mais exempt d’idées scénaristiques.

EDITION VIDEO

L’éditeur Warner Bros France nous a fait parvenir l’édition ultra haute-définition (4K) du film (dans un boîtier steelbook aux couleurs chatoyantes représentant les marquages d’un terrain de basket). Mais le film est également disponible en DVD et Blu-ray. A noter qu’il existe deux autres steelbook du film sur le sol français, l’heure est donc venue de faire votre choix !

Comme de coutume, nous avons visionné le film sur un écran OLED 4K. 

Photo d’une des trois éditions steelbook proposées sur le sol français

Image & son : sans surprises, le disque 4K est une splendeur. Les couleurs sont d’une vivacité folle (à la limite de l’exubérance) lors du voyage dans le Land des Looney Tunes. Les détails sont innombrables et quand on sait l’incroyable casting de figurants iconiques présents dans le public, on ne peut que vouloir privilégier cette version ultra haute-définition du film (pour s’amuser, par exemple, à reconnaître tel ou tel personnage du catalogue Warner). Les noirs pourraient être encore plus profonds, mais le film déborde tellement d’éléments que l’on oublie rapidement ces tous petits défauts. La version HD est évidemment éloquente, mais elle flatte moins la rétine avec des couleurs moins éclatantes (le HDR ne passant pas par là) et des arrières-plans moins ciselés. A titre d’exemple, le public du Space Jam est moins distinguable.

Du côté du son, les deux disques proposent une piste VO en Dolby Atmos – 7.1 qui mettra évidemment à profit votre installation sonore. Puissante et bien spatialisée, cette piste Atmos est à privilégier puisque toutes les autres sont proposées en 5.1, dont la piste française. La différence est nette si vous alternez entre les deux pistes mais les pistes Dolby Audio permettent tout de même une découverte agréable du film.

(c) Warner Bros. All rights reserved.

Interactivités : les bonus sont présents sur le disque HD du film, comme de coutume. L’équipe à la barre des bonus a eu la bonne idée de décomposer le making-of en « quatre quart-temps » pour faire honneur à la composition d’un match traditionnel de basket.

  • Premier quart-temps : en jeu (7min36) : rencontres avec les acteurs physiques du film et leurs liens avec l’univers développé par le film (dont le film original). Quelques membres de l’équipe créative entrent aussi « en jeu » pour partager la genèse de certains personnages. Une featurette plus promotionnelle qu’approfondie.
  • Deuxième quart-temps : travail d’équipe (7min49) : plongée dans les étapes créatives du film, dont l’art du maquillage avec son lot de séquences dans les coulisses du film. Cet art est d’autant plus important qu’il a fallu « customiser » de nombreux figurants iconiques pour le match de basket de la décennie. La featurette s’intéresse aussi aux costumes du film.
  • Troisième quart-temps : d’un autre monde (8min09) : cette fois-ci, ce sont les effets spéciaux (à l’image de la motion capture) qui sont abordés par l’équipe créative du film. Un focus fort intéressant sur l’animation de Space Jam : une nouvelle ère.
  • Quatrième quart-temps : le plus fou (7min08) : dernière partie de ce making-of conséquent, cette dernière vidéo s’intéresse à la musique du film. Une partition anecdotique lors de la découverte du film qui gagne en intérêt lors des notes d’intentions orales des compositeurs à la barre.
  • Scènes coupées (7min38): Niveau suivant / A Cleveland / Temps mort / Tu es avec nous ? / Plus de secrets – cinq nouvelles scènes non présentées par le réalisateur (ce qui aurait permis d’entrer encore un peu plus dans la production du long-métrage). Certaines scènes contiennent des scènes story-boardées seulement puisqu’elles devaient inclure des Looney Tunes aux côtés des acteurs en prises de vue réelles.

Des années après un premier match stellaire, les Looney Tunes remettent donc le couvert dans une production malheureusement un peu vaine. On ne passe pas un mauvais moment durant la première moitié du film, tandis que l’on s’ennuie gentiment au fil de la seconde (à moins que l’on ne se prête au jeu de l’identification des figurants dans le public). Mais les fans du long-métrage seront ravis de pouvoir se procurer cette suite dans un beau steelbook (dont il existe deux variantes selon les enseignes) pour le redécouvrir dans sa meilleure version possible. Comme d’habitude, les équipes de Warner Bros ont concocté une édition de toute beauté !

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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