(Critique) D’Artagnan et les trois mousquetaires, de Toni Garcia

L’histoire, on la connaît : un jeune homme épris de justice et d’ambition cherche à rejoindre les protecteurs du roi, les fameux mousquetaires, pour servir son pays et son souverain. Mais cette fois-ci, les Hommes laissent leur place à des chiens ! D’Artagnan et les trois mousquetaires de Toni Garcia est à la fois une réécriture modeste du roman d’Alexandre Dumas qui plaira sans aucun doute au public auquel il s’adresse sans démériter dans son soucis de rendre hommage à la matière littéraire qu’il célèbre mais aussi un revival d’une série des années 80. Sans jamais dépasser son statut honorable de sympathique divertissement, D’Artagnan et les trois mousquetaires est l’occasion rêvée d’initier les plus jeunes à l’un des plus grands classiques de la littérature français.

Résumé : Le jeune D’Artagnan quitte sa Gascogne natale afin de se rendre à Paris pour devenir un mousquetaire du Roi. Ne refusant aucun duel, il arrive à la capitale après de nombreuses aventures. Afin d’éviter un scandale, il doit bientôt se diriger vers l’Angleterre pour retrouver le collier de la Reine. Accompagné par les trois mousquetaires, D’Artagnan devra notamment faire face à ceux qui veulent la chute du Roi… Adaptation en long-métrage de la série animée des années 1980, tirée du roman d’Alexandre Dumas père.

(c) Apolo Films

S’il s’agit bien d’une adaptation du roman français, le long-métrage de Toni Garcia est aussi une réinterprétation de la série d’animation Les Trois mousquetaires, créée par Claudio Biern Boyd dans les années 80. Exit la 2D traditionnelle, à l’exception de deux séquences rêvées charmantes (et kitsch ?), la relecture contemporaine du récit produite par Starinvest Films France est en 3D. En dents de scie, l’esthétique nouvelle génération de cet univers classique accuse une modélisation bien sommaire des personnages aux textures figées heureusement contrebalancée par des décors plutôt chatoyants. La première chevauchée du jeune D’Artagnan est par exemple sublimée par des arrières-plans de toute beauté. Mais l’univers graphique de cette production hispanique demeure à la traîne au regard d’autres productions européennes, les dernières prouesses françaises en tête (Pil ou Le Tour du monde en 80 jours pour ne citer qu’eux).

Fort heureusement, bien que les jeunes spectateurs puissent aussi être exigeants sur le plan graphique, ils préféreront profiter des innombrables scènes d’action et autres conventions jalonnant le scénario et reprenant les grandes lignes de l’aventure dix-septièmiste composée par le romancier que l’on ne présente plus. Au programme : des complots, des duels à l’épée, une poursuite en mer et quelques trahisons, de quoi maintenir en haleine nos chères têtes blondes à défaut d’impliquer les plus grands qui auront probablement déjà vu ou lu cette histoire maintes fois contée (à moins que la nostalgie s’invite à la fête et que les grands enfants d’aujourd’hui soient émus à l’idée de repenser à la série d’animation de leur enfance que le générique de fin célèbre avec un morceau musical aussi kitsch que célèbre). Cependant, le respect avec lequel le matériau littéraire est traité est à souligner et jamais l’équipe créative ne cherche à « moderniser » à outrance le récit pour plaire à un public contemporain. D’Artagnan et les trois mousquetaires est l’exact opposé du plus ambitieux Tour du monde en 80 jours sorti en début du mois qui réinventait avec plus de courage le roman de Jules Verne.

(c) Apolo Films

Ajoutez à cette entreprise honorable un casting vocal fort adapté et une attention particulière prêtée aux éclairages (notamment dans le bureau du cardinal de Richelieu, antagoniste savoureux) et vous obtenez un petit plaisir estival dont il serait dommage de priver le public ciblé. Milady, Porthos, Aramis et tous les autres sont au rendez-vous pour une réécriture animalière véhiculant sont lot de valeurs essentielles : le courage, l’honneur et la vérité !

Finalement, D’Artagnan et les trois mousquetaires n’est pas le film d’animation du siècle, ni celui de l’année, mais il fait de sa fidélité générale au texte d’origine une force en le recréant avec justesse, humour et déférence. Le jeune public devrait adorer suivre les aventures du jeune mousquetaire en devenir tandis que les plus grands privilégieront des adaptations plus ambitieuses que cette sympathique réinterprétation animalière. La prochaine itération devrait d’ailleurs rapidement pointer le bout de son nez car Martin Bourboulon vient d’entamer le tournage d’un dyptique made in France en prises de vue réelles qui devrait sortir l’année prochaine !

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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