(Critique) Le Royaume des étoiles d’Ali Samadi Ahadi

Comme d’habitude, le distributeur KMBO ne loupe pas les fêtes de fin d’année pour nous proposer une production étrangère déployant monts et merveilles pour faire rêver le jeune public. Après Les Elfkins l’année dernière, c’est une coproduction allemande et autrichienne qui s’apprête à sortir sur nos écrans français par le biais de ce distributeur célébrant l’animation européenne. « Moonbound » en VO, le film est une belle aventure pleine de magie et de personnages hauts en couleurs qui saura toucher le public auquel il s’adresse. Leurs accompagnateurs regretteront sûrement la lecture quasi unilatérale de l’entreprise et ses défauts techniques mais ne s’ennuieront pas forcément devant ce spectacle généreux.

Résumé : Et si votre petite sœur disparaissait soudainement au beau milieu de la nuit ? Et si vous deviez partir sur la lune et la rechercher dans le royaume des étoiles ? C’est ce qui arrive à Peter, et le temps est compté pour la retrouver avant le lever du jour… À bord du traîneau magique du Marchand de sable, que la grande course commence !

(c) 2021 Little Dream Entertainment

Peter ne supporte plus la folie de sa sœur, caractéristique de l’enfance, et souhaite grandir avant l’heure : point de départ d’une incroyable aventure pour renouer avec son âme d’enfant. Ce n’est pas l’impulseur narratif le plus original qui soit mais il a le mérite de s’adresser aux fratries qui découvriront le film : malgré leurs âges, les frères et sœurs ne doivent pas perdre leur enthousiasme originel et trouver des points d’accroches pour s’entendre au quotidien. Pour étayer cette thèse filmique, le scénario et la réalisation ne lésinent pas sur les feux d’artifice merveilleux et les personnages secondaires inspirés des folklores européens. On ne peut s’empêcher de penser aux Cinq Légendes des studios DreamWorks Animation (même si la maestria de ce film n’est jamais atteinte) tant les êtres féériques et/ou divins rivalisent de modernité dans ce long-métrage. De belles idées parcourent le récit comme la métabolisation de la constellation de la grande ourse en ourse géant ! Il est indéniable que Peter et sa soeur en prennent plein les yeux au cours de leur voyage stellaire, comme les spectateurs !

C’est aussi par sa mise en scène endiablée et ses scènes d’action virevoltantes que le film risque de plaire à un large public : d’une course improbable dans les cieux entre êtres divins (parfois parasitée par un humour trop enfantin, à l’image du pet du seigneur des tempêtes…) jusqu’aux scènes de combats pour contrecarrer les plans de l’Homme de la Lune. Même si les antagonistes sont assez ridicules par rapport aux adjuvants, d’autant plus qu’ils sont épaulés par une meute de caniches lunaires (oui oui, vous avez bien lu), ils impulsent à merveille la quête initiatique du protagoniste et de ses acolytes délurés (un marchand de sable refusant son âge et un insecte vieillissant).

(c) 2021 Little Dream Entertainment

Sur le plan graphique, on ne peut que se réjouir du soin apporté aux multiples décors du film (à l’exception du repaire des antagonistes, visiblement délaissés par l’équipe créative à tous les niveaux) qui en mettent plein les yeux. On ne peut pas en dire autant des textures des personnages qui laissent à désirer (à titre d’exemple, la chevelure de la Fée de la nuit est des plus frustrantes puisqu’elle demeure bien trop figée) tout comme le character design des personnages qui demeure en retrait face à l’ingéniosité des grosses machines hollywoodiennes. Comme toujours, il faut aussi prendre en considération les budgets moindres alloués aux productions européennes. Néanmoins, le constat est guère plus encourageant sur l’unique séquence en 2D du film qui conte les premiers problèmes posés par l’Homme de la Lune en début de film.

(c) 2021 Little Dream Entertainment

Certes, Le royaume des étoiles est une production convenue en 3D numérique qui reprend d’innombrables schèmes propres au genre mais force est de constater que le divertissement est au rendez-vous pour le public qu’il cible ! En déployant toute la magie nécessaire à l’adhésion d’un public en quête d’enchantement durant le mois de décembre, cette mignonne production allemande/autrichienne s’en tire avec les honneurs ! Reste à voir si elle saura faire sa place face au mastodonte qu’est Le Chat Potté 2 qui sort le même jour en salles (le 7 décembre) !

Nourri aux univers animés depuis la découverte de "Kirikou et la sorcière" en 1998, Nathan porte son regard critique et analytique sur l'univers des longs-métrages. Il est rédacteur sur Focus on Animation depuis 2012 et est l'auteur d'un ouvrage somme sur la carrière de Michel Ocelot (chez Third Editions).

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